Ce samedi 29 mars, les Embellies font la paire avec une seconde soirée à l’Antipode MJC qui présentera de beaux projets, sensibles et touchants, avec les venues de Chris Garneau, Tunng et Geysir. Présentation.

Les amateurs de mélodies à l’âme sensible auront le plaisir de retrouver Chris Garneau sur scène, grâce à l’opiniâtreté de l’équipe Patchrock, qui tous les ans relance son tourneur pour le faire venir à Rennes en ce début de printemps. Faute de sortie d’album jusque là, l’Américain n’avait pas pu être programmé aux Embellies. Mais voilà, cette année, sortie d’album (Winter Games le 4 avril en sortie physique) et dates du festival coïncident enfin. L’équipe des Embellies doit remercier l’alignement des astres car le garçon ne sort pas des albums tous les ans. Le dernier datait de 2009 (El Radio), le précédent et premier de 2006-2007 (Music For Tourists). Avec ces deux premières fournées, Chris Garneau avait délicatement posé les bases de sa folk essentiellement acoustique (piano, cordes, farsifa essentiellement sur le premier, guitare acoustique et claviers électriques en plus sur le second) aux arrangements riches et précieux. Sur El Radio, dédié à sa grand-mère disparue, on retrouvait même  des cuivres tellement bien inspirés (sur Raw and Awake, No more Pirates, Over and Over), s’entremêlant génialement avec les cordes (ou même seulement avec des cordes sur Dirty Night Clowns), qu’ils allaient jusqu’à nous rappeler les structures géniales et alambiquées d’un Sufjan Stevens. Avec son troisième long format, Chris Garneau quitte le tout acoustique et s’offre des instrumentations plus électriques (ou électroniques). Mais si on ne se retrouve pas sur l’erreur de casting Oh God, ce troisième album malade et introspectif se révèle aussi tordu que troublant. Sur Winter Games, Chris Garneau a en effet décidé de s’intéresser à l’hiver et aux souvenirs de ses proches liés à cette saison. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas des masses joyeux, puisqu’ inceste, rejet familial, négligence ou maltraitance s’y côtoient sur 10 pistes souvent sensibles et parfois même crève-cœur. Si le garçon et sa pop baroque se mettent pareillement à nu sur la scène de l’Antipode, on risque bien d’être remué. Jolie idée de ces Embellies printanières en tout cas, de nous proposer un retour aux frimas hivernaux.

La soirée promet décidément d’être belle puisqu’en plus de l’Américain francophile, on retrouvera les excellents Tunng. Ces derniers, venus plusieurs fois à Rennes (on se souvient de les avoir remarqués aux TransMusicales aux côtés de Buck 65 ou sur la scène de l’Ubu en 2010), font un retour aux Embellies. Ou en fait, non pas vraiment, puisqu’en réalité, ce n’est pas Tunng qui avait été programmé l’an dernier, mais le side-project d’un de ses membres, celui de Mike Lindsay, Cheek Mountain Thief pour un moment de ravissement partagé. Cette année en revanche, ce sont les Tunng au complet qui monteront sur scène. Ils viendront y défendre leur dernière sortie en date, Turbines (2013) qui mélange une nouvelle fois avec bonheur et sans esbrouffe folk luxuriante et électro délicate. Sur ce cinquième album (dont un live à la BBC), les Anglais continuent de creuser le sillon d’une folk sincère pleine de petites trouvailles sonores, qui aime partir de traviole tout en restant immensément confortable à l’écoute. Truffé d’arrangements malins et de voix aériennes, ce Turbines propose neuf vignettes de pop folk chatoyante, ouvragées une nouvelle fois avec classe. Quand on sait que les Anglais, sur scène, parviennent non seulement à restituer judicieusement les arrangements de leurs albums mais gagnent également en intensité, on gage que le moment devrait, cette fois encore, être enchanteur.

Pour parfaire cette belle programmation, le duo Geysir viendra compléter le line-up. On connaît Lionel Laquerrière et Marie-Céline Leguy pour NestorIsBianca, avides d’expérimentations entre electronica, post-rock et pop pour dire vite, et ce, depuis le début des années 2000. On avait également repéré Lionel Laquerrière aux côtés de Yann Tiersen et Thomas Poli pour le projet aux synthés analogiques kraut ESB. Les Embellies espéraient faire venir Geysir avec son ciné-concert Le Voyage Fantastique (Richard Fleischer, 1966) mais pour des raisons de calendrier, le duo viendra « seulement » présenter la version concert de son travail. Sans les images, la musique de Geysir ne perd pourtant rien de son pouvoir envoûtant et hypnotique, si l’on en croit la version 45 tours sortie sur l’essentiel Thoré Single Club. Au contraire. Voyage sonore mélodique aux guitares aériennes et aux synthés analogiques (pour l’essentiel), la musique de Geysir (finalement plus écoulement que jaillissement) est de celle qui vous emmène en douceur sur des rivages oniriques et profonds. On est, de fait, ravi de découvrir le projet en live.

Copyright photos : Chris Garneau – Mickaël Hart / Geysir – Jérôme Sevrette

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Samedi 29 mars
ANTIPODE MJC – 20H30 (2 rue André Trasbot, Rennes)
Tarif Sortir : 8 € – Tarif Membre Antipode/Ubu : 15 € – Tarif Plein : 17 € – Sur place : 19 €

Plus d’1fos : http://festival-lesembellies.com/artistes/chris-garneau/