En route vers la salle, je ne peux m’empêcher de me demander qui, en cet après-midi quasi estival, peut bien aller voir onze zozos autrichiens jouer de la carotte. Une fois sur place, force est de constater que le public est venu nombreux et qu’il est varié. Je me retrouve donc avec une jolie foule bigarrée composée bien sûr d’amateurs de bizarreries musicales mais aussi d’enfants et de gens du quartier qui avaient peut être assisté aux ateliers proposés par le groupe les deux samedis précédents.
Sur scène, tout est déjà en place. Avant de s’assoir, on zieute curieusement cet ahurissant florilège de légumes découpés et sculptés, en se demandant bien ce que vient faire ici cette perceuse et quel son ça fait des castagnettes en aubergine ou une trompette assemblée à partir d’une courgette et d’un poivron ?
Les onze musiciens prennent place en un arc de cercle sévère. Ils sont tous vêtus d’un noir austère contrastant fortement avec leurs iconoclastes instruments et ouvrent le bal en interprétant d’abord des morceaux de leur dernier album Onionoise. Le charme opère instantanément. Les sonorités sont aussi surprenantes que riches et les interprètes font preuve d’une rigueur et d’une technique à toute épreuve. Comme le tout est drapé d’un humour pince sans rire, tout à fait savoureux, le public adhère avec jubilation à ces malicieuses expérimentations.
Chaque morceau est consciencieusement annoncé dans un délicieux accent autrichien et avec une belle dose de calembours potagers. Plutôt que de donner simplement les titres, ce sont en fait les genres musicaux de chaque titre qui sont précisés avec là encore une maniaquerie réjouissante et drolatique. Le spectre musical couvert est plus que large : musique indonésienne envoutante, electro free-jazz aventureuse ou minimale qui file la bougeotte, krautrock ultra agressif, ambiances cinématographiques… sans oublier de savoureuses revisitations de Stravinsky (le massacre du printemps !) ou de Kraftwerk.
Pour préserver les surprises, je préfère taire ici les milles merveilleuses inventions qui peuplent un concert enthousiasmant de bout en bout mais je ne peux que vivement conseiller aux malchanceux qui ont préféré le soleil de guetter le retour de ces formidables frappadingues alliant audace et malice avec une grâce toute particulière.
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Plus qu’enthousiasmant, ce concert de légumes ! On a pareillement adoré, qu’il s’agisse des blagues potagères (le krautrock fait à partir de choux frisés, il fallait oser…) ou de la virtuosité technique et métronomique kraftwerkienne de certaines aubergines et courgettes. L’un des grands moments du concert restant sûrement lorsqu’une musicienne accorda sa carotte avec son couteau de cuisine !
Un bon soupe opéra en somme ?
(désolé ca me brulait de la faire celle là…)
Oh là ! ça avait vraiment l’air super ce concert. Et la dernière photo du Diaporama, c’est une tuerie gustative ! du chocolat aux légumes de chez Bouvier…arghhhh, j’y cours, j’y vole !
Le plus difficile dans ce génial concert était la brusque envie de soupe aux choux, à gérer en pleine après-midi…