Retour sur Danyèl Waro, grandiose, à l’Ubu

waro1Une nouvelle fois, le maloyér universel nous faisait le plaisir d’une visite, samedi soir, à l’Ubu à Rennes. Alternativement détendu, vindicatif, causant ou euphorique devant un public magnétisé et connaisseur, Danyèl et son groupe ont de nouveau conquis l’audience en main de maître, et en famille.

Ce qu’il y a de fascinant chez Danyèl Waro, c’est cette manière qu’il a d’introduire une certaine forme d’orthodoxie au sujet d’une musique qu’il a contribué à créer et dont il renouvelle constamment l’écriture. À chaque concert, les ingrédients sont peu ou prou les mêmes: une paire de kayambs, quelques percussions « malbars » et autre « bobre », des congas, des choeurs. Une géométrie presque immuable. Pourtant, à chaque concert, l’impression de nouveauté, la communion, l’énergie renouvelée dominent. Peut-être est-ce, comme il commence par l’expliquer, parce que, dans le choix de ces instruments, il y a la volonté de conserver « un petit quelque chose de sacré ». Danyèl, on le sait, fabrique lui-même une partie de ses instruments, et commence chaque concert par ces références aux cérémonies tamoules de l’île. Le concert de samedi n’échappe pas à cette règle, et devant un parterre bien fourni et conquis par avance, la cérémonie commence.waro2

La communauté réunionnaise de Rennes est au rendez-vous? Ou bien alors c’est le créole qui ressemble fort au gallo: une bonne partie de la salle n’attend pas le français pour comprendre les causeries. Les maloyas s’enchaînent, avec un panachage d’anciens titres des années 90 alternés aux plus récents: Kénya, L’aviyon, Banm Kalou Banm, Mandela… Sami Pageaux-Waro, le fils, enrichit l’ensemble de belles plages de mbira, le piano à pouces qu’il utilise aussi dans ses projets personnels. Le combo fait mouche, et, de causerie en maloya, le « kabar » atteint un paroxysme, que chacun attendait: Waro et consorts entonnent les deux hymnes « Adékalom » et « Batarsité ». JLB est invité sur scène, dûment remercié, et une danse s’improvise entre les deux complices.
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La relation de Waro à Rennes est plutôt contrastée: un long séjour du côté du Boulevard Jacques Cartier pour insoumission contraste avec deux beaux passages remarqués aux Transmusicales, dont l’un avec Titi Robin. Depuis, à chaque passage, on comprend mieux l’émotion, et l’attachement. Et puisqu’on en est aux remerciements, Waro conclue par un beau double hommage: celui à Christine, rennaise et réunionnaise qui annonce tous les concerts de séga et maloya depuis de nombreuses années, et celui à Philippe Conrath, manager acharné à qui l’on doit, selon Danyèl, la très belle prestation de samedi soir.

Photographies: Marco

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