Il est des voix qui, juste en fredonnant quelques notes, captent immédiatement l’attention. Sans puissance ni prouesse technique particulière à la Adèle, sans théâtralité à la Barbara, simplement parce qu’elles ont ce grain, ce phrasé, ce petit quelque chose en plus qui les rend séduisantes, comme on pourrait le dire de chanteuses telles que Sade, Beth Gibbons (Portishead), Lana Del Rey ou Camélia Jordana. Diane Sagnier pourrait bien venir grossir cette liste. Photographe à l’origine, on ne peut que se féliciter que deux membres de Tristesse Contemporaine l’aient convaincue de troquer pour quelques temps son appareil pour un micro afin de former Camp Claude.
Après quelques singles prometteurs, le groupe Franco-Americano-Anglo-Suédois (ce qui est déjà pas mal pour un trio) a sorti son premier album, intitulé Swimming lessons. Si quelques titres sont un peu moins inspirés que d’autres, l’ensemble est de bonne facture. Les fans de Tristesse Contemporaine ne seront pas vraiment dépaysés, on y retrouve ce même grand recyclage de la new wave : sons de guitare/basse cold wave typiques (dans la lignée de Joy Division, Siouxsie and the Banshees, The Sisters of Mercy) sur In the middle, New York city ou Trap, boîtes à rythme et synthétiseurs vintage sur Don’t hold back et Swimming lessons, ambience à la The Cure (époque Disintegration) sur All this space ou à la Breeders sur Golden Prize et Lost and found… avec, par rapport à la formation d’origine des compositeurs de Camp Claude, ce supplément significatif que représente la voix de Diane Sagnier. Principal regret concernant cet album : on se demandera juste ce qui a pu pousser le groupe à refaire le mixage du titre Hurricanes après un première sortie au sein d’un trois titres qui avait précédé l’album. La version qui ouvre Swimming Lessons y est en effet beaucoup plus creuse que celle d’origine, amputée de sa basse sur une bonne partie du morceau ainsi que de sa texture de guitare très « dream pop » (Cocteau Twins…) qui venait enrichir la fin du morceau. Étrange sabordage pour cette chanson qui, avec New York City, était pourtant (ou aurait pu être…) un des tout meilleurs titres de l’album.