Pour parler crûment, on a cogité sévère. Voir sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter des photos de ce que nous pensions être – au premier abord – des simulacres de pendaison nous a donné froid dans le dos. Notre imaginaire nous a même joué des tours et notre cerveau a vrillé. En boucle. Qui pouvait être l’auteur·e de cette mise en scène macabre ? Qui et surtout pourquoi ? Après des heures de réflexions et d’attente, nous avons fini par avoir le fin mot de l’histoire en ouvrant notre boite mail.
A l’initiative du Collectif Rennais d’Action Spectaculaire (CRASP), cette action consistant à accrocher des mannequins a été menée en différents lieux et quartiers de Rennes (Villejean, Maurepas, Blosne) quelques jours avant les 3 marches pour l’égalité+d1fos. Ce dispositif artistique ′coup de poing′ avait pour but de donner « une visibilité à celles et ceux qui ne peuvent en avoir : sans-papier ou dans des situations administratives plus que précaires, à la rue, en squat en hébergement solidaire, sans droit, pas même celui de travailler déclaré etc… » Rendre visible les invisibles, en somme.
Rien de joli, rien de rassurant, rien d’agréable dans cet happening à l’esthétique déroutante mais comme l’explique le CRASP dans leur communiqué, il fallait voir dans ces formes suspendues dans le vide, une cruelle métaphore de toutes ces vies humaines « dont le sort est suspendu à notre attention et aux lois que nos élu·e·s votent et que nos fonctionnaires appliquent. » L‘inscription apposée à coté ne pouvait pas être plus claire : « leurs vies ne tiennent qu’à un fil » .
Le collectif souhaite ainsi appuyer les revendications des organisations de terrain, qui militent et agissent pour l’accueil digne et humain des personnes étrangères dans notre pays. A travers cette intervention, l’opinion publique doit entendre l’urgence de certaines mesures réclamées depuis des mois, parfois des années comme, par exemple, l‘ouverture d’un centre d’accueil inconditionnel 24H/24. « Nos mises en scène, parfois macabres, ne sont qu’une alerte pour secouer une indifférence meurtrière » indique leur communiqué. Tout est dit.
PS : Le Collectif Rennais D’Action Spectaculaire s’est constitué autour des problématiques du sort réservé aux exilé·e·s par l’Etat et les services préfectoraux. Il s’est constitué spontanément d’habitant·e·s, d’artistes et de militant·e·s.