Placer le hip-hop Rennais sur une carte, donner la parole, petit à petit, à tous ses acteurs, rookies, vétérans, old timer ou jeunes pousses, qu’ils officient en tant que Djs, beatmakers, Mc’s, en groupes, comme beatboxers, réalisateurs, photographes ou clippeurs, et on en passe, qu’ils soient actifs aujourd’hui ou qu’ils l’aient été par le passé, tous contribuent à faire de la scène hip-hop rennaise un vivier foisonnant et bien souvent passionnant. Ce dossier, évolutif, leur est consacré.
(crédit visuel Marion Lépée)
Cette semaine c’est une exclusivité que nous avons pour la cartographie du hip-hop rennais ! Et c’est avec plaisir que nous recevons Ober et Doc Brrown qui viennent, en plus de répondre à nos questions habituelles, nous présenter leur prochain projet que nous avons eu le privilège d’écouter en avant première! Nous reviendrons avec eux sur la conception de cet album et sur l’aspect électronique de leur opus intitulé E.D.E. Pour ce premier entretien, c’est Ober qui vient échanger avec nous. Pour ceux qui ne connaissent pas le bonhomme, c’est un Dj et beatmakeur qui aime bien la musique qui tabasse! Allant de l’électronique à la dubstep et plus généralement la Bass-Music le monsieur sait faire bouger les têtes. C’est en club que l’on peut se rendre compte qu’Ober est une vraie machine de guerre toujours à jumper derrière ses platines et à haranguer la foule pour que le turn-up soit plus intense. Rencontre avec ce passionné de musique qui vient pour la première fois, et pour notre plus grand plaisir, s’entretenir avec Alter1fo.
Fiche de présentation
Origine : Rennes
Lieux de résidence: Montpellier
Blaze/pseudo/nom: Ober
Crew: Dogzout Reccord
Année d’activité: …
Genre musical: Hip-Hop / Trap
Nombre d’album ou projets: 2
Projets majeurs de ta carrière: EP « 4 seasons » / Album « E.D.E. » avec Doc Brrown
Alter1fo : Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Ober : Rennais expatrié à Montpellier depuis quelques mois, producteur, beatmaker , Scratcheur, Dj. J’habite à la frontière entre le Hip-Hop et la bass music, un lieu très sympa, très convivial et chaleureux.
Comment te sens tu avant la sortie du projet E.D.E ?
Je me sens soulagé! C’est un projet que l’on a commencé il y a deux ans, qui a subit pas mal de changement même dans les dernières semaines, donc ça fait du bien de savoir qu’il va enfin voir le jour.
Peux tu nous parler de la conception de l’album, ainsi que du moment où vous avez décidé, avec Doc Brrown de sortir un projet ?
Personnellement il y a un moment que je veux faire un album que je produit de A à Z avec des rappeurs, mais c’est compliqué de réunir tout ce petit monde, surtout des rappeurs !
Donc pour Doc on se connait depuis longtemps et on a vraiment les mêmes goûts en terme de musique. On se comprend facilement, d’autant plus qu’il y a des années que l’on s’échange des albums et des clips sur facebook en pv. On est vraiment sur la même longueur d’onde, que ce soit au niveau des rappeurs actuels ou des producteurs. Pour la collab, en fait, ça fait plusieurs fois que Doc me demande des prod’s, et puis moi je lui en envoyais assez régulièrement à coté de ça, donc tout naturellement on s’est motivé pour faire un vrai projet ensemble au lieu de quelques track’s par-ci par-là qui trainent.
Avez-vous conçu cet album en pensant à la scène et au potentiel show que vous pourriez peut-être livrer sur scène?
Clairement OUI ! déjà moi à la base quand je fais une prod je pense toujours au fait de pouvoir la jouer sur scène. Je veux que ça tabasse et que ça parte en pogo donc au niveau des prod oui, pour les lyrics Doc en parlera mieux que moi, mais il fait en sorte qu’il y ait des gimmick faciles à retenir pour jouer avec le public sur scène, car après tout c’est quand même ce qu’il y a de plus kiffant dans la musique.
On te connait avant tout en temps que dj et producteur électronique qu’est ce qui t’a amené à venir vers le hip-hop ?
A vrai dire moi j’ai commencé par le scratch sur du Boom bap à 90 Bpm. J’ai vite pris le virage électronique avec la grime londonienne, la dubstep etc mais au final les producteurs qui m’ont le plus influencé plus jeune c’est les Timbaland, Swizz Beatz, Bangladesh, The Neptunes etc. Ces dernières années il y a eu les gros producteurs de trap comme Carmack, Hucci, Stookie Sound ou Troy Boi, du coup ce projet c’est un juste milieu entre tout ce que j’aime et ce que que j’écoute. En fait quand tu fais des beat’s il te faut un bon rappeur dessus, sinon ton beat il dort dans les lymbes d’internet, donc tu apprends vite à électroniser ta musique pour que tu puisses la jouer en club. Tu peux pas jouer un beat en club, donc tu rajoutes des synthés des drops etc ce qui donne un coté électronique, mais à la base c’est hip hop, et là avec Doc j’ai trouvé le bon rappeur capable de rapper sur mes beats donc c’était parfait.
Tu es un Dj très technique! Tu scratch beaucoup sur scène et tu mets un point d’honneur au rythme de tes shows. Être un bon Dj c’est avant tout avoir un background solide et de la technique? Nous entendons par là les pass pass, le scratch et tous ces skills que beaucoup de “Dj” ne maîtrisent plus !
Je pense pas non ! Un bon Dj c’est quelqu’un qui a une playlist et un set cohérent, savoir quel track jouer et à quelle heure il fonctionnera le mieux, avoir la présence d’esprit de se dire ce track là il passera mieux au début de mon set et celui ci à la fin. C’est aussi savoir s’adapter à son public, parfois on prépare tout un set et les gens sont pas réceptifs donc faut improviser, tricoter autour de ce qu’on avait prévu à la base, c’est également savoir placer les bon BPM au bon moment si tu passes d’un track a 75 bpm à 110 les gens ils vont rien capter ils vont plus savoir comment danser… Déjà si tu as tout ça c’est vraiment une bonne base selon moi! La technique honnêtement c’est un plus mais les gens s’en foutent aujourd’hui, la plupart des publics que je rencontre ils veulent de la bass pour faire des pogos et les tubes qu’ils écoutent déjà chez eux, c’est dommage d’ailleurs… Tu joues un morceau qu’ils connaissent pas ils dansent pas tu joues un tube ils dansent, donc faut réussir à faire un savant mélange de tout ça, caler une nouveauté entre deux tubes, sratcher, faire des pass pass etc c’est bien c’est un plus, et surtout ça peux te permettre de sortir de situations délicates quand t’es en galère pour enchainer un disque, mais en dehors de ça je pense pas que c’est ce que les gens viennent voir en club, à part 2-3 puristes qui trainent par là.
Quels sont tes futurs projets solo et comment vois tu la suite pour E.D.E. ?
On bosse déjà sur un second projet avec Doc, un 6 titres, enfin normalement… ( à la base E.D.E c’était 5 titres… ) on a déjà les prod et Doc a déjà écrit sur quelques unes des prod, pour ma part je taf quelques track avec Prestige 90 anciennement twinztrack, on sortira un EP ensemble un de ces 4 et j’aimerais avoir le temps d’en sortir un solo aussi.
Quelle importance accordes-tu au visuel dans ton travail car depuis un certain temps les clips et l’image représentent 50% du travail pour avoir de la visibilité ?
Moi je suis pas trop calé là dedans, mais je suis conscient qu’aujourd’hui c’est le nerf de la guerre, si tu clip pas ton track il sera beaucoup moins écouté et moins mis en avant. Pour le projet pour le moment on a clippé Dark Venom avec Luc Chiefare. Je pense que certains privilégient les clips mais oublient la promo, un clip c’est pas une promo c’est juste un visuel. Nous on veut s’attacher à faire les deux, donc on va pas clipper le projet en entier, seulement quelques track et le reste on fera de la promo, radio, émission sur le net etc.
Est-ce difficile de percer quand on vient de Rennes et pas de Paris où la musique et les contacts sont principalement concentrés ?
Honnêtement, moi je bosse à coté, d’ailleurs je kif mon taf, donc percer ou pas c’est pas vraiment le nerf de la guerre. Le but c’est vraiment de faire des belles scènes et de kifer. Moi je fais de la musique car je suis un passionné et je peux pas m’empêcher de faire des prod, mais quand je fais une prod je me dis pas « là c’est bon je vais percer », je m’en cogne un peu. Mais pour répondre à ta question je pense que désormais, tu peux percer du trou du cul du monde avec internet, tant que tu as une connexion c’est bon, ça y est il y a plus de frontière, et puis on s’en fou d’où tu viens tant que ce que tu fais est bon.
Quelles sont tes attaches avec la ville de Rennes et comment trouves-tu l’évolution de la scène locale actuelle depuis tes débuts ?
J’ai vécu la bas 10 ans de 20 à 30 ans, et j’y retourne une fois par mois pour mixer. L’évolution c’est la même que partout en fait! C’est pas le rap Rennais qui a évolué c’est le rap tout court. J’apprécie qu’aujourd’hui les beatmaker sont beaucoup plus mis en avant qu’auparavant, j’apprécie que les rappeurs prennent des risques à choisir des prod moins faciles à rapper. J’apprécie que les sub et les synthés électroniques aient pris la place des pianos violons mous et chiants. Et puis honnêtement pour ce qui est de Rennes il y a jamais eu autant de soirées Hip-Hop, d’ailleurs si j’y retourne une fois par mois c’est pour notre résidence au 1988 Live Club avec Dj Hoodboyz que l’on appelle les Grillz Party, donc c’est vraiment cool car il y a un public à Rennes pour ça.
La question que tu aimerais que l’on te pose? et y répondre !
A quelle vitesse vont les postillons quand on éternue?
« Selon les individus et les circonstances, un éternuement pourrait atteindre jusqu’à 50 km/h et projeter des fluides et quelques microbes au passage à quelques 9 mètres de distance. » De-rien !
Le mot de la fin ?
Sucepute comme dirait un grand philosophe.
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