Brasserie : une comédie burlesque à découvrir

brasserie2Nous nous sommes rendus au Théâtre de La Paillette pour assister à la dernière création du Joli Collectif  ‘Brasserie’. « C’est un conte merveilleusement cruel » confie la metteur en scène Enora Boëlle au canard de la Paillette,  « Koffi Kwahulé est un de ces auteurs africains de la nouvelle génération qui ne mâchent pas leurs mots et dont la plume est parfois brutale, mais les sujets traités ne sont pas tendres non plus« .

Sur scène, le décor est planté ; la brasserie se présente devant nous, matérialisée par des cageots en plastique…
Arrive alors le duo burlesque : le Cap’taine-s’en-fout-la-mort, le chef, la tête pensante, et le Caporal Foufafou, le simplet… Ils resituent le contexte, qui ils sont ? Pourquoi sont-ils là ?

C’est en période de guerre, eux sont les guerriers, les victorieux ; ils racontent le combat : ‘une vraie boucherie’, se plaisent-ils à raconter. Ils ont tué, trucidé, machétéisé, violé, coupé, massacré, .. combattu les ningas rouges, et ont triomphé ! Et alors ils ont gagné la brasserie, ils vont pouvoir en prendre possession. Cette brasserie n’a pas été touchée par les combats violents qui ont eu lieu, elle demeure là, intacte. C’est donc pouvoir et argent qui s’offrent à eux lorsqu’ils prennent le contrôle de cette usine à fabriquer des bières… Car oui, ensuite ils pourront diriger le monde en vendant leurs bières !

Mais un obstacle se met en travers de leur chemin, ils ne savent pas comment mettre en marche la brasserie. L’ouvrier qu’ils ont capturé, et torturé ne leur livrera pas le secret, il préfère encore mourir. Mais Cap’taine-s’en-fout-la-mort, alias El comandanté se livre alors à un savant diagnostic et arrive à découvrir le signe astrologique de cet ouvrier et à trouver l’argument qui le fera céder ! Celui-ci avoue alors … ‘C’est une femme qui détient le secret de cette brasserie’ crie-t-il ! Et cette femme reviendra à la brasserie, cette Joséphine Becker bavaroise…

Le thème est lourd, lourd car il nous évoque des faits d’actualité, nous touche, nous interroge. Comme une critique de cette bêtise humaine, on pourrait même se demander si l’auteur ne reproche pas à l’homme d’exister, car quelle est sa raison d’être ? La Guerre et les morts pour la patrie ? Opposer les riches et les pauvres ? Les violences sexuelles ? Le pouvoir des dirigeants complètement aveuglés par la réalité qui les entoure, emprunté d’une folie à maîtriser les hommes, comme un jeu dont il serait le maître ?

Le texte malgré sa gravité est amené de manière drôle et émouvante. Au point qu’on puisse même se prendre d’affection pour les deux tortionnaires, qui sont à la fois horribles, mais drôles et comiques. Une interprétation très réussie par le Joli Collectif, avec une mise en scène d’Enora Boëlle très efficace dans le jeu des personnages et leur rapport, mais aussi dans l’ambiance créée sur scène. Une note toute particulière à Vincent Collet qui interprète avec beaucoup de talents le Cap’taine s’en-fout-la-mort.

brasserie3Infos pratiques :

Du 27 au 29 janvier 2011 (20h30) au Théâtre de Poche à Hédé
Tarifs : 12/ 8€
réservations 09 81 83 97 20
reservations@theatre-de-poche.com

A partir de 12 ans

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