Bars’n Rennes continue ce samedi. Si vous êtes amateurs de guitare sèche et de sons plutôt orientés vers la folk des 60’s et 70’s, vous pourrez aller écouter Ernesto Violin au Oans’ Pub ce samedi 18 juin. D’abord 60’s avec une guitare plus saturée sur un premier album aux accents rock sorti en 2006, Ernesto Violin a progressivement basculé vers un son plus épuré au fil de ses… 5 albums suivants ! (Le jeune homme est prolifique) Ses compositions convoquent aussi bien la richesse mélodique d’une pop héritée des sixties que l’aridité d’un blues plus ancestral et une orchestration folk dans l’âme. Les atmosphères de son dernier album en date, Gun Street, plongent l’auditeur dans des ambiances sombres, souvent torturées. On n’est donc pas étonné d’entendre Ernesto Violin citer Malcom Lowry ou Dostoïevski, comme points de départ des atmosphères de ses chansons. On le retrouve en interview pour en savoir plus.
Alter1fo : Si tu devais présenter ton projet en quelques mots ou quelques lignes, que dirais-tu ?
Ernesto Violin : C’est une musique qui vole à plusieurs étalages : les mélodies de la pop sixties, la narration de la country, la simplicité du blues et de la folk music, la symbolique religieuse… Le but étant de pervertir ces codes pour écrire de bonnes chansons. La chanson prime sur tout le reste.
Sur l’affiche de Bars’n Rennes, on parle d’Ernesto Violin, mais tes disques sont sortis sous le nom de « Viol », si j’ai tout compris. Comment faut-il t’appeler alors ?
A ses débuts, le groupe a dû se choisir un nom. Nous avions le choix entre The Beatles et Viol, mais le premier était déjà pris. L’autre cadrait bien avec nos ambitions adolescentes : produire des bandes magnétiques truffées de larsens, de bruits divers, pour assourdir toutes les oreilles de France et de Navarre, choquer à tout prix… Finalement, la révolution a tourné court, mais de l’époque « Viol » sont restées les premières chansons qui ont lancé la suite du projet. Pas un seul instant je n’ai cru que ma musique allait sortir de la cave où elle était enregistrée avec un nom pareil, mais nos contemporains ne sont pas faciles à choquer…On a commencé à parler de moi sur plusieurs sites, et l’appellation est restée.
Aujourd’hui, je ne me sers plus beaucoup du nom infâmant, mais il reste utilisé par les fans de la première heure, qui seraient prêts à me pendre haut et court si je l’abandonnais. Et vous savez que quinze fans ne peuvent avoir tort…
(Rires) Tu dis que tu as eu un vrai choc en découvrant les Byrds mais tu cites aussi bien Barbey D’aurevilly et Faulkner. Quelles sont les influences musicales et littéraires que tu revendiquerais ?
En dehors des classiques (Beatles, Stones, Kinks), c’est difficile de ne pas être influencé par l’aristocratie des songwriters : Dylan, Kris Kristofferson, Shane MacGowan, Richard Thompson, Townes Van Zandt, tant d’autres… Ils oeuvrent dans des catégories différentes, mais au sein d’un genre très codifié, leurs chansons se démarquent et vous accompagnent toute la vie. En ce qui concerne la littérature, elle influence surtout l’iconographie, l’atmosphère des chansons, plus que les textes eux-mêmes ; une chanson doit rester simple, frappante, visuelle, c’est un exercice différent du roman. Quand les Zombies adaptent Rose For Emily de Faulkner, ils condensent. J’essaie, à mon humble niveau, de faire la même chose en puisant chez mes écrivains préférés : Dostoïevski, Lowry, Bloy, Kierkegaard, Bernanos. Ils hantent les chansons tout simplement parce que leur imaginaire chrétien torturé se prolonge bien après la déflagration de la lecture.
Trois disques sans lesquels tu ne pourrais vivre ?
If I Should Fall From Grace, des Pogues, Exile On Main Street des Stones, Third/Sister Lovers de Big Star.
Si j’ai bien tout compris, tu as déjà sorti 6 albums et un ep ! Ton dernier enregistrement « Gun Street » est disponible depuis mars dernier. Quelles étaient tes envies avec ce nouveau disque ?
Epurer ! Mes premières productions étaient, par timidité peut-être, noyées sous des couches de guitares, orgues, cordes, etc. Avec Gun Street, je voulais me contenter de l’essentiel, produire un disque hypnotique, très sombre, plus personnel.
J’avais dans ce but écrit des chansons calmes, avec des modulations qui ne me sont pas du tout familières. Ensuite, il a fallu les faire sonner comme dans un rêve. Avant de l’enregistrer, j’avais en tête ces albums avec une production onirique, austère, qui vous enferment dans leur monde : Sister Lovers de Big Star, Truelove’s Gutter de Richard Hawley, Songs Of Love And Hate de Leonard Cohen.
Après, au moment de coucher les chansons sur bande, les références ne comptent plus : on veut les dépasser, expérimenter, faire aussi bien et même mieux mais différemment. C’est la phase la plus intéressante, celle où on peut cracher à la figure de ses héros le temps de quelques jours. Quand le voyage se termine, on n’en revient pas d’avoir été si arrogant, mais le respect est un piètre moteur…
Avec qui as-tu enregistré ? Seul ? En studio ou à la maison ?
Seul, à la maison, dans une sorte de laboratoire mis sur pieds pour l’occasion.
Comment est–ce que tu composes ?
Après six albums, je ne sais toujours pas. C’est un processus naturel, qui change selon l’humeur. Beaucoup de tentatives, de chansons jetées en attendant les bonnes… Qu’est-ce qui vient en premier, le texte, l’idée, la mélodie ? C’est différent pour chaque chanson. Il faut une accroche, il faut aussi les modifier sans arrêt, les réécrire, puis apprendre à les « lâcher » quand on ne peut plus rien changer.
Tu te produis dans le cadre de Bars’n Rennes ce vendredi. Pourrais-tu nous expliquer comment les organisateurs sont venus te contacter ?
Ils m’ont contacté sur MySpace. Ils ont d’abord dit qu’ils pensaient à moi pour jouer à l’édition de Saint Brieuc, puis l’expérience s’est prolongée à Josselin, et maintenant à Rennes. C’est une initiative très sympathique, ces festivals dans les bars. Je remercie vivement les organisateurs pour l’exposition qui en découle, en tout cas.
Sur scène, tu joues seul ?
Habituellement, je joue avec un autre guitariste, l’intrépide monsieur Hache, mais il ne pourra pas être présent samedi au Oan’s. Dans tous les cas, oui, les chansons sont plus épurées sur scène qu’elles ne le sont sur disque. Ce sont leurs squelettes que nous présentons au public.
Après ce concert pour Bars’ n Rennes, quels sont tes projets, tes actualités ?
Nous jouons à Rennes pour la Fête de la Musique, sur la Place des Lices, à 19h. Cet été, il est question d’une tournée dans les Caraïbes, si Dieu le veut.
Merci !!
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Bars’ n Rennes présente Ernesto Violin au Oan’s Pub le samedi 18 juin à 20h. Gratuit.
Myspace de Ernesto Violin : http://www.myspace.com/ernestoviolin
Pour en savoir plus : http://www.barsinrennes.com/