Le festival de Saint-Brieuc qui avait lieu ce week-end s’est déroulé sans accroc sous un soleil radieux. Les cinq jours de spectacles et concerts ont réuni plus de 70000 spectateurs, fidèles désormais au rendez-vous annuel de la programmation éclectique d’Art Rock. Des concerts resteront dans nos mémoires, notamment ceux de Pete Doherty, White Rabbits, Skip the Use ou encore Air & The Hot Rats. Petit bilan de cette édition…
Qu’il est agréable d’aller faire un tour dans les Côtes d’Armor en cette période de l’année, alter1fo y a posé ses affaires le temps d’un festival. On commence à prendre nos marques dans ce festival, la programmation ne nous est pas inconnue, plusieurs artistes sont déjà passés aux Transmusicales ou à Rennes. L’occasion pour nous de voir le chemin parcouru ou de leur donner une deuxième chance de nous séduire, comme ce fut le cas pour Miss Platnum ou White Rabbits.
Deux évènements que j’attendais avec impatience et qui se trouvait dans l’une des salles les plus agréables de l’ouest, à savoir le grand théâtre de la passerelle, il s’agissait de la création Art Rock avec Air et The Hot Rats (deux anciens de Supergrass) qui nous ont livré en live la B.O. magnifique de « Virgin Suicides » ; le deuxième spectacle étant celui de Dean and Britta (ex-Luna) qui ont composé une B.O. sur les Screen Tests de portraits muets de Warhol du milieu des années 60.
« Virgin Suicides » reste certainement l’un des plus beaux chefs-d’oeuvres musical que le cinéma de la fin des années 90 ait connu et l’occasion de voir cette prestation en live n’est pas l’idée la moins agréable que l’on pouvait me proposer. Malgré les critiques de ce spectacle, les moments forts de ce concert parviennent à faire oublier facilement la jeunesse de la collabaration et la réalité devient rêve sur cette musique à la puissante mélancolie.
Fan inconditionnel des Velvet Underground et du monde d’Andy Warhol, la prestation de Dean and Britta révèle pour moi le véritable héritage de l’époque de la Factory. C’est comme si le NY des années 60 nous était peint avec tous ses travers et ses tragédies, la musique nous transporte dans ce paysage euphorisant et planant qu’on ne voudrait plus quitter.
Notre article sur Dean and Britta ici
Parmi les têtes d’affiches, je ne retiendrais que le concert de Pete Doherty qui arrive à faire vibrer un public de festival juste avec un micro et une guitare, un charisme incroyable au service de la musique, le rock comme je l’aime, sans calcul ni artifices. A noter tout de même que je n’ai pas pu voir les concerts de Rachid Taha feat Mick Jones ainsi que Caravan Palace, Gaëtan Roussel et Olivia Ruiz (leur préférant la programmation de la passerelle à ce moment là), quatre concerts dont on m’a dit le plus grand bien, particulièrement Taha et Jones qui ont retourné la place de Poulain Corbion.
Déception pour Ghinzu et Dutronc, les belges débordant de superficialité et n’étant pas trop à mon goût, leur musique me faisant penser à du Muse pour ado je n’ai que peu apprécié leur prestation certes énergique mais moins attrayante que sur albums.
Quant à Dutronc, je ne suis pas un nostalgique et même si j’aime énormément ces vieux morceaux qui passaient dans l’autoradio de la voiture de mes parents quand nous partions en vacances, je ne tombe pas sous le charme de cette tournée du vieux Jacques dans sa version « J’aiimmeee le fric… » et sa cohorte de merchandising.
Dans les moins attendus, j’ai préféré l’orchestre de Kinsasha Konono n°1 qui malgré leur programmation un peu tôt en soirée a réussi à faire se déhancher le peu de public déjà présent.
Notre présentation de konono n°1 ici
Les Bewitched Hands me plaisent toujours autant après les avoir vu pour la quatrième fois, même si la symbiose avec le public de la Passerelle n’a pas eu lieu. On les a senti perplexes et désemparés.
La salle de la passerelle a largement préféré le rock des américains de White Rabbits et des lillois de Skip the Use qui passaient le samedi soir. Ces deux groupes ont fait monter la température du lieu sans difficultés apparentes. L’énergie rythmique batterie/percussions pour le premier groupe ayant rivalisé avec la fougue et les débordements endiablés du charismatique chanteur de Skip the Use.
Le dimanche soir aura été marqué par les performances de Selah Sue et sa superbe voix, l’énergie communicative des anglais de The Go! Team et sa chanteuse survoltée Ninja, puis plus tard en soirée pour moi à la Passerelle par le concert de Bibi Tanga et son afro-funk comme on l’aime c’est à dire dansant et rythmé…la classe!! Beaucoup d’attente pour expérimenter Novak 3D Disco, pour au final être un peu déçu, les écrans projetant les images 3D se révélant trop petits pour ce concept génial, je demande à voir sur un écran plus grand!
Plein de bonnes choses pour cette édition 2010 d’Art Rock donc, autant du côté musical que du côté des expos et spectacles ; La Cie Willi Dorner à ravi le coeur des Briochins avec son parcours de santé « Bodies in Urban Spaces » où l’on découvrait les postures surprenantes des performeurs dans le paysage urbain. L’expo de Troy Henriksen fut un grand succès également avec ces grandes toiles aux couleurs incroyables. Les oeuvres interactives du musée des arts numériques ont ravi les petits comme les grands qui ont pu s’amuser dans l’expo temporaire.
Et enfin la performance « Digit » de Julien Maire qui nous laisse perplexe, et on se demande encore comment il fait !
Excellent cru donc au niveau du programme, quelques ratés et retards cependant pour un festival de cet envergure : toujours pas de gobelets recyclables ni de toilettes sèches à Art Rock comme dans de nombreux festivals désormais. Et alors que le champagne coule à flot à l’espace partenaire/entreprise, la plèbe ne se voit offrir que de la Kro en pression! Ce ne sont pas les bonnes bières qui manquent en Bretagne et l’on aimerait pouvoir trouver de la Sainte Colombe ou de la Bonnet Rouge en second choix. Pareillement pour la nourriture, on aimerait trouver autre chose que de la junk food et des galettes jambon/fromage à six euros.