Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? Marre du ballon rond qui pue l’exploitation ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 5è calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-amis, bon pour nos papetiers-amis, bon pour nos neurones. Sans prétention aucune, des coups de cœur qu’on a envie de partager, pas forcément des nouveautés, pas forcément des trucs inouïs. Juste des morceaux de papier, souvent imprimés, en format origami, d’une épaisseur à glisser dans les poches ou de gros pavés pour caler le sapin, qui nous ont émus, interpellés, questionnés, emballés ou intrigués… Et qu’on a envie de vous faire (re) découvrir. Ouvrez donc les pages jour après jour…
On continue nos petites sélections de saison à glisser sous le sapin ou à consommer immédiatement et sans modération avec un polar particulièrement savoureux. On vous avait déjà écrit tout le bien qu’on pensait de l’excellent Mamie Luger de Benoît Philippon dans notre version 2018 de ce calendrier papivore. Voilà que le monsieur remet brillamment le couvert avec le tout ausis jubilatoire Petiote, de nouveau dans la collection Equinoxe chez Les Arènes.
Gus est un perdant. Attention, on est ici sur du loser de niveau mondial. Le genre qui foire tout avec une application, une inventivité et une constance dont on serait presque admiratif. Son couple est un naufrage qui ferait passer le Titanic pour une balade en pédalo. Sa fille Emilie le méprise avec une verve digne d’un croisement entre Cyrano et un pitbull. Professionnellement, Gus a bien tenté de filouter un monde de l’entreprise pour lequel il n’a aucune sympathie mais il est tombé sur plus roublard (et surtout plus méchant) que lui. Alors quand Gus perd la garde d’Emilie, « sa petiote », il n’a plus rien à perdre et tente le tout pour le tout. Son ultime plan dont ou vous laisse découvrir toute la magnifique bêtise va le mener fusil à la main dans un hôtel guère plus flamboyant que notre personnage principal. il va y croiser George le tenancier bonne âme, Boudu, un SDF sauvé des eaux, Fatou, une jeune sans papier méchamment enceinte, Gwen et Dany, des amants venus incognito vivre leur passion adultère, Hubert, le livreur Uber jamaïcain, Cerise, une prostituée à perruque mauve bien teigneuse et enfin Sergueï, un vrai méchant en mission lui aussi.
On connaissait déjà le sens du dialogue redoutable de Philippon et ,de nouveau, c’est un véritable festival de ce côté là. Répartis qui claquent, références qui font mouche ou qui tombent magistralement à côté de la plaque, répliques admirablement stupides mais aussi sens de l’émotion, c’est encore une fois un vrai régal. On retrouve avec autant de bonheur sa capacité à créer des personnages aussi décalés et irrévérencieux qu’attachants. En plus ce tout ça, il nous offre une brillante démonstration de son sens du rythme et de sa faculté à accumuler les péripéties avec une jubilation jouissive. Dans ce déferlement échevelés de rebondissements et de magnifiques catastrophes, vous apprendrez, entre autre, qu’une mauvaise action est parfois récompensée et qu’il faut se méfier des hommes au foyer et des maris jaloux.
On vous conseille donc très chaleureusement de vous plonger dans les épatantes (més)aventures de Gus. Il y a de fortes chances que vous n’arriviez plus à reposer le livre dès que vous l’aurez entamé et que vous le reposerez une fois terminé la banane aux lèvres et une petite larme à l’œil.
Petiote de Benoît Philippon
paru chez Les Arènes dans la collection Equinoxe
en mai 2022 – 375 pages – 19,90€
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