Second tour d’horizon d’autres propositions tout aussi excitantes qui nous font espérer être déjà Maintenant, entre assiette transformée en rampe de lancement pour petit pois, vortex sonore lumineux au cœur d’une vieille église ou cuillères-convoyeurs d’œufs. Et on en passe…
On vous l’a dit : c’est frémissant d’impatience qu’on attend la prochaine édition (du 7 au 16 octobre) du festival Maintenant mêlant arts, musiques, technologies et curiosité insatiable. Depuis le 6 septembre, la programmation complète est désormais connue. Seconde présentation sur nos pages -il y en aura encore d’autres- de nouvelles propositions tout aussi excitantes qui nous font espérer être déjà Maintenant.
Un festival ambitieux à taille humaine et aux propositions souvent atypiques
On vous l’a dit : l’association Electroni[k] a complètement réussi à nous alpaguer au fil des années avec ces propositions éclectiques, souvent décalées, à l’incongruité jouissive. A cause de cette bourricote d’équipe, on a dormi dans un dojo plein d’inconnus et écouté un concert en pyjama, on a entendu des légumes faire de la musique (mais on n’a pas mangé la soupe, faut pas exagérer!), on s’est caillé les miches dans la piscine St Georges pour une diffusion subaquatique qui nous a fait frissonner au sens propre et figuré, on a écouté un quatuor à vents en forme de cornes de brume. On a aussi regardé une tapisserie devenir vivante, fait des bulles en forme de montgolfières, et même allumé un nuage sur la place Hoche : bref, on a fait un paquet de trucs qu’on n’aurait jamais imaginé vivre.
En plus des offres plus classiques, Electroni[k] s’attache ainsi à constamment expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public : des lieux apparemment incongrus (une piscine, un dojo, une maison de retraite…), des formats étonnants (des concerts sous l’eau, des installations qui s’écoutent sur des lits suspendus, des performances qui se découvrent au cœur de dispositifs sonores englobants ou de visuels hallucinants, des concerts au casque…). Et surtout, une volonté de s’adresser à tous les publics. Alors oui, chaque année, on attend octobre comme Noël avant l’heure, persuadés que l’équipe d’Electroni[k] aura caché mille surprises dans sa programmation.
Et c’est le cas cet automne encore. On vous avait déjà parlé des premiers artistes dévoilés en juin dernier (Aurora Halal, Avalon Emerson, Ben Ufo, Julia Kent, Jackson, Le Comte, Lena Willikens, Pearson Sound, Yasuaki Onishi ainsi que Katie Scott, responsable de l’identité visuelle de cette édition du festival) avec déjà, une envie de se propulser jusqu’en octobre. L’intégralité de la programmation révélée le 6 septembre dernier vient désormais confirmer que sur le papier, l’édition 2016 risque bien d’être à la hauteur des précédentes. En voici quelques nouveaux exemples.
Expériences sensibles
Expérience, le concept
Dans la foisonnante programmation du festival Maintenant, vient se nicher un septuor de propositions particulièrement singulières. La série Expérience consacrée «à la découverte de formes expérimentales et vitrine des avant-gardes» vous emmènera ainsi dans de délicieuses explorations de territoires sonores atypiques, parfois déconcertants, mais toujours excitants pour les oreilles et le cerveau.
Masayoshi Fujita
Les plus attentifs connaissent peut-être le précédent projet du Japonais Masayoshi Fujita, El Fog qui mêlait sonorités électroniques et organiques sur les très agréables Reverate Slowly (2007) et Rebuilding Vibes (2009). Sur ce dernier, on retrouvait d’ailleurs un vibraphone, instrument grâce auquel le musicien est désormais reconnu aujourd’hui. Auparavant batteur dans un groupe de rock, le garçon a toujours apprécié le son de cet instrument sur les disques de jazz de son père. Avant d’enfin rencontrer quelqu’un qui pouvait lui apprendre à en jouer. Depuis, son amour et sa maîtrise de l’instrument n’ont cessé de grandir.
Même : par le biais de collaborations avec des artistes de musique expérimentale (entre autres Simon Harris, Derek Shirley, Jan Thoben, Kassian Troyer en live et pour l’album expérimental Tesseract – 2012) Masayoshi Fujita a cherché de nouvelles façons de jouer de son vibraphone. En plus des quatre baguettes percutant les lames de métal et le jeu de pédale pour étouffer les sons, le Japonais se sert également d’un archet notamment, frotté sur les lames pour contrôler le son de bout en bout, ou prépare son y vibraphone en posant divers objets -perles, feuilles d’aluminium- (comme un piano préparé).
Avec le musicien électronique Jan Jelinek (on se souvient de ses premières sorties sur ~scape, notamment son premier album à partir de samples de jazz mêlés à des sonorités électroniques tour à tour profondes, aériennes, tout en clic, cuts, glitchs, Loop-finding-jazz-records en 2001) Masayoshi Fujita a sorti plusieurs disques, deux albums et un ep (Do You Know Otahiti? – 2013), sur lesquels il continue d’expérimenter, là avec une pédale de boucles, là avec des effets par lesquels passe son instrument (Bird, Lake, Objets – Faitiche 2010). Leur dernière collaboration date d’ailleurs de cette année avec la sortie du très réussi Schaum toujours sur Faitiche. En solo, Masayoshi Fujita a réalisé deux albums, Stories en 2013 (Flau) tout en vibrations délicates et oniriques (avec parfois des contrepoints au violon ou violoncelle) puis Apologues sur Erased Tapes (2015), avec peut-être plus d’instruments autour de son vibraphone (violon, violoncelle, flûte, accordéon, percussion, cor, clarinette…).
Pour Maintenant, Masayoshi Fujita se produira d’ailleurs à deux occasions, l’une accompagnée de musiciens du Conservatoire de Rennes au Musée des Beaux-Arts (le 13 octobre de 19h à 20h), l’autre en solo aux Champs Libres le 12 octobre (de 17h30 à 18h30 dans la Salle Anita Conti), une belle manière d’explorer les différentes facettes de son travail (solo/groupe). Pour peu que vous vous laissiez prendre par la délicatesse des développements du musicien, on vous promet un moment bien envoûtant.
178°
Dans les projets encore relativement confidentiels de la scène rennaise, le formidable trio 178° mériterait encore davantage d’exposition. On a eu la chance de le croiser lors de concerts organisés par Tendresse et Passion ou par les tout aussi joyeux brindezingues de l’Alambik, on est donc plus que ravi de le retrouver dans cette programmation Expérience de Maintenant pour une Expérience 4 aux Champs Libres. Rassemblés autour de tables bardées de claviers, d’ordinateurs ou d’autres engins truffés de boutons (voire même d’une mystérieuse boite en bois hérissée de potards et de pinces crocodiles), les trois musiciens (on y a reconnu François Goujon des formidables Octet) s’avèrent capables de passer sans retenue d’une folk-pop décharnée, éthérée et cliquetante à une électro vrombissante toute 4/4 dehors, d’une pop lysergique et synthétique à des expérimentations vocales à la Animal Collective brouillé, et le tout avec une fluidité désarmante.
On pourrait, à tort, prendre ce goût pour l’éclectisme comme une propension à la dispersion. Mais c’est tout le contraire avec cette belle bande, qui navigue avec le même talent vers des rivages totalement différents. 178° sait d’ailleurs tout aussi bien écrire de beaux morceaux. Que les brouiller. Avec la même réussite.
Avec 178°, on apprécie également la place laissée aux voix. Qu’elles soient passées à la moulinette d’effets multiples, vocodérisées à outrance ou juste livrées dans leurs fragilités, elles apportent une touche mélancolique très agréable, qui alliée à l’esprit frondeur des accompagnements, achèvent de rendre le tout extrêmement convaincant. Ceux qui aiment la musique plurielle, celle qui brille de mille éclats plutôt que d’un seul feu. Ceux qui préfèrent les musiques de traverse, celles qui ne s’interdisent aucun territoire (de la pop à l’aciiid, des vrombissements au minimalisme). Tous pourraient bien se laisser déporter sur ces virages à 178° degrés qui ne laissent jamais les mélodies sur le bas-côté.
Tom Adams
Nous vous avions déjà parlé avec un enthousiasme euphorique de la venue de Julia Kent le 12 octobre. On sait désormais que ce sera dans le parfait écrin de l’Église Notre Dame en St Melaine (cela dit, conseil d’amis, prévoyez une petite laine). Et que la dame n’y sera pas la seule programmée, puisque le même soir, nous pourrons également y découvrir le jeune Britannique Tom Adams.
De formation classique, mais amateur de pop éthérée et aérienne, le garçon est déjà responsable d’une tripotée d’albums autoproduits (sous son nom et celui de TomA), parfois en solo, parfois en composant pour plusieurs musiciens (violon, violoncelle, trompette, trombone, tuba, piano), intégrant ci et là touches de productions électroniques et sensibilité ambient. Il a également composé la musique du film The Knife that killed me ou remixé Max Richter (Berlin by Overnight) pour Deutsche Grammophon (aux côtés d’Efdemin !). Son dernier ep en date, Voyages by starlight sorti cette année sur Kowloon Records se concentre essentiellement sur une alliance piano-voix, minimaliste dans son instrumentation, mais particulièrement lyrique dans son intention.
Arpèges répétés au piano et voix aérienne (souvent comparée à celle de Jeff Buckley ou Sigur Ros), la musique de Tom Adams se veut aussi intimiste qu’émouvante. C’est joli et ça devrait plaire à beaucoup. C’est en tout cas tout le mal qu’on lui/vous souhaite. Nous on attendra le live pour voir si le garçon trouble un peu les ondes lisses de ses développements avec quelques aspérités.
Klara Lewis
Questions références, la jeune Klara Lewis se pose là. Quand on est la fille d’un des membres des post-punk Wire et qu’on est signée chez les Autrichiens de Mego (Fennesz, Fenn’O Berg, Jim O’ Rourke ou Oneohtrix Point Never) on crée forcément de très hautes attentes. Mais voilà, la musicienne, si jeune qu’elle soit (si on a bien compté, on arrive à 23 ans), les surclasse haut la main. Avec déjà deux (excellents) albums derrière elle, Ett en 2014 et Too en 2016 (en plus du Msuic EP), la productrice suédoise creuse avec un réel talent le sillon d’une musique à la fois immédiatement accessible et tournée vers l’expérimentation. Boucles granuleuses, textures pleines d’épaisseur, nappes aériennes : l’univers de Klara Lewis est d’une densité folle, mais d’une densité qu’on peut appréhender.
En live, la jeune femme s’accompagne aussi de projections vidéos qu’elle réalise elle-même (parfois avec l’aide d’Hampus Högberg). Venue à la musique, raconte-t-elle, par le biais d’un film réalisé pour l’école dont elle a commencé à réaliser la bande sonore (« J’avais besoin d’une bande son et j’ai décidé de la faire moi-même. J’ai alors remarqué que j’avais filmé plusieurs plans parce qu’ils étaient intéressants visuellement mais aussi pour leurs sons. J’ai donc utilisé les sons des plans que j’avais filmés pour construire la bande son » The Quietus), Klara Lewis se montre hyper sensible aux sons et aux images qui l’entourent. Les deux participent d’un même mouvement, d’une même attention, précise-t-elle.
Constamment munie de son téléphone ou de son enregistreur, elle filme, enregistre les sons et les images autour d’elle, avant de les manipuler, les triturer, les éditer fortement. Elle les transforme, les travaille, les malaxe pour les mêler en d’innombrables couches, strates… La majeure partie des sons qu’elle utilise vient donc de field recordings (avec quelques samples et autres sons synthétiques), mais tout est tellement enchevêtré à l’extrême qu’on ne reconnaît pas la part organique dans ce tissage abstrait. Pourtant, ces textures gardent quelque chose d’intrinsèquement tangible, contiennent en elles une part de la puissance de l’organique. Pour le coup, on est ravi que la performance de la jeune femme soit programmée au Théâtre du Vieux St Etienne. Dans l’obscurité de la vieille église, les textures sonores de la jeune femme devraient se révéler totalement immersives. Vivement.
Des installations immersives, voire participatives
Parsec par Joris Strijbos et Daan Johan
On se souvient que l’an dernier l’installation de Nils Volker, Seventeen, suspendue aux voûtes du Vieux St Etienne avait noué un dialogue inattendu avec la performance sonore de Modern Eleven (voir là). Cette année, est ce que les paysages sonores de Klara Lewis trouveront aussi un écho surprenant avec Parsec, la nouvelle installation exposée ? Les deux créations partagent en tout cas la même nature immersive et hypnotique.
D’aucuns ont peut-être pu découvrir Parsec, créée par deux membres du collectif d’artistes néerlandais Macular (qui travaille sur l’art, la science, la technologie et la perception) lors de ses présentations à la Nuit Blanche parisienne ou à Scopitone l’an dernier. Une chose est d’ores et déjà sûre : l’œuvre de Joris Strijbos et Daan Johan s’y est révélée particulièrement marquante. Installation à la fois visuelle et sonore, Parsec est composée de seize bras cinétiques plongés dans l’obscurité. Chacun de ces bras est équipé de deux lampes et de hauts-parleurs. Cinétique, l’installation est mouvante et chacun des bras tourne frénétiquement autour d’un même axe. Chaque rotation produit un déplacement incessant de points lumineux, un ballet de pulsations éblouissantes et épileptiques.
Crédit Photo – Ed Jansen
En parallèle, chaque bras étant relié à un synthétiseur modulaire, les mouvements génèrent des bourdonnements sonores sourds, voire stridents, qui envahissent l’espace de représentation. On n’ose imaginer l’ampleur que risque de prendre cette spirale de sons et de lumières quasi infernale distordant nos sensations, sous les voûtes du Vieux St Étienne. L’ambiance sonore qui se dégage en devient quasi étouffante, nous plongeant dans un essaim de bourdonnements oppressants. Parfois, même, la vitesse de rotation et le son se désynchronisent, rendant l’expérience physique et synesthésique encore plus troublante
Avec ces mouvements hypnotiques, les bras mécaniques semblent suivre une chorégraphie complexe, comme s’ils réagissaient eux-mêmes en direct aux mouvements les uns des autres, se mouvant à l’unisson ou semblant partir dans des rotations toujours plus improbables. Parsec semble alors mû par une intelligence propre, questionnant toujours plus avant les liens entre organique et technologie (on pense parfois être au cœur d’un essaim d’insectes métalliques). Une réelle expérience physique.
Uluce par le Collectif Récif
Moins monumental et bien moins agressif, Uluce, objet sensible, sonore et lumineux a été inventé par le collectif Récif, qui a eu la bonne idée de remporter l’appel à projets enseignement supérieur Arts & Technologies lancé par Electroni[k] en 2016 et soutenu par Stereolux. Autrement dit trois jeunes artistes travaillant de concert sur une création qui sera présentée pendant toute la durée du festival Salle de la la Cité. On apprécie l’implication de l’équipe d’Electroni[k] (aka les organisateurs de Maintenant) dans le soutien de la toute jeune création et la chance donnée à des artistes certes à peine issus de formation, mais déjà bouillonnants d’idées et d’envies.
Récif, ce sont donc Lola Faraud (AGR – l’École de l’image, Nantes), Quentin Hemonet (Institut de Musicothérapie de Nantes) et Romain Ronflette (École de Design de Nantes Atlantique) à l’origine d’Uluce. Les trois comparses ont imaginé une structure participative, poétique et sensible, un objet à 13 faces sensibles, tendues de toiles, qui agissent comme des interrupteurs ou plutôt comme des capteurs. Autrement dit (si on a tout compris !), lorsque vous touchez la toile de l’une des faces, vous déclenchez un signal lumineux et un signal sonore. Mais ce qui est encore plus chouette, c’est que si un autre spectateur/utilisateur touche la toile en divers endroits de concert avec vous, vous commencez à créer une « symphonie sonore et lumineuse improvisée » ! Plutôt minimale dans sa forme, Uluce se veut donc tout aussi poétique que favorisant les échanges.
Point à Point par le Collectif Deuxcentdix
C’est aussi en remportant un appel à projet (mais cette fois-ci l’appel à projets étudiants Arts & Technologies lancé par l’association Electroni[k]) que le Collectif Deuxcentdix s’est retrouvé programmé dans cette édition de Maintenant. Point à Point sera ainsi présentée à quatre moments distincts pendant le festival : les 8 et 15 octobre pendant les Nuits Électroniques 1 & 3 à l’Antipode Mjc et les 15 et 16 octobre pour le Super Week-end ! au Cadran. Et on est très impatient de la découvrir en vrai. Créée par le collectif Deuxcentdix (le nom de la salle de cours où les jeunes femmes se sont rencontrées), tout autant ludique que collaborative, invitant chacun à interagir pour créer des images, l’installation vous permettra de devenir tour à tour pinceau ou guide pour peindre avec la lumière.
Vous connaissez tous les points à relier. Le but est de relier des numéros qui se suivent pour découvrir au final le dessin qui se dissimule sur la page blanche. Les cinq jeunes artistes du Collectif ont eu l’excellent idée de reprendre le concept mais de le passer à la moulinette des nouvelles technologies. Autrement dit, c’est désormais à deux que cela se passe. L’un des deux protagonistes est dans une pièce obscure avec un casque lumineux. Au dessus de lui, une caméra et un appareil photo chargés d’enregistrer les mouvements de la lumière du casque (à la manière du light painting1). Dans un espace séparé, un deuxième joueur se trouve quant à lui devant un écran et un micro. Sur l’écran, il voit son comparse et des points à relier. Le micro lui sert à communiquer avec le premier joueur pour le guider et l’amener, en se déplaçant, à relier les points numérotés sur l’écran. Quand tous les points sont reliés, la photo en light painting apparaît…
Et le dessin se découvre.
De chose et d’autres par Samuel St Aubin
On craque aussi complètement sur les installations du Québécois Samuel St Aubin, qu’on trouve en même temps drôles, poétiques, voire complètement siphonnées. Ce technicien en électronique investit en effet les objets de tous les jours pour leur donner une tache totalement nouvelle : cuillères, assiette, œufs, petit pois, feuilles de papier, tasses de thé ou muffins sont ainsi détournés et réutilisés à des fins inattendues. Associés à des mécanismes électroniques et électriques, dans des dispositifs à l’esthétique minimaliste (ce qui aide à les décontextualiser), les assiettes deviennent des lampes de lancement pour petit pois (sauf en cas de « légume à forme parfaite »), les cuillères à soupe des convoyeurs d’œufs de l’extrême et les muffins des engrenages qui ne se grippent jamais.
Bref, à la manière de Ponge, Samuel St Aubin prend le parti des choses et dote nos objets du quotidien d’une réalité nouvelle. Souvent drôles, ces mécanismes confinant à l’absurde et à l’expérimentation loufoque se révèlent d’une précision extrême mais restent vulnérables au grain de sable de la matière, qui a tout moment, menace l’équilibre. Funambule facétieux, Samuel St Aubin se balade avec l’œil du technicien obsédé par la loi de Murphy (la tartine tombe toujours du côté de la confiture) sur le fil « entre l’immuabilité mécanique de la machine et la malléabilité comportementale de la matière » (Hugo Perez). Pour Parcours défini par exemple, l’artiste explique avec un humour pince sans rire : « [c’]est un dispositif qui met en scène un plat et un objet. Le parcours de l’objet roulant est défini par la superficie du plat et son mouvement ondulatoire. Le cycle est répété. L’objet, le pois, de forme parfaite reste dans l’assiette, le pois informe la quitte. »
On gage donc que l’ironie subtile des installations de Samuel St Aubin jouant sur l’irruption du hasard dans la récurrence devrait sans peine ravir les curieux qui iront voir De chose et d’autres au Grand Cordel MJC.
Ork.1 Septuor pour corps en mouvement
Autre amateur d’installation participative, Alexandre Berthaud qu’on connaît comme membre fondateur de Mille au carré, l’association de création multimédia, présentera pour sa part Ork, Septuor pour corps en mouvement au Triangle. Autrement dit un instrument-robot en 7 morceaux qui attend que vous vous mettiez en mouvement pour jouer.
Si on a, là encore, tout compris, il s’agit d’une structure métallique avec plusieurs marteaux/mailloches qui frappent sept instruments de métal pour créer des sons. Pour actionner ces bras métalliques, le spectateur/musicien/danseur crée sa propre chorégraphie : chacun de ses propres mouvements engendre ceux du robot musicien.
Au cœur du dispositif : la relation entre homme et machine. Alexandre Berthaud souhaite en effet (de manière poétique et musicale) mettre au centre de son installation « l’interaction du «spectacteur» avec un robot qui semble prendre vie. » Et vous invite en même temps à devenir simultanément Béjart et Bethov’, autrement dit chorégraphe et compositeur dans un même mouvement.
Vous croyez que c’en est fini de l’éclectique et passionnante programmation de Maintenant ? Que nenni, on se retrouve très bientôt pour la présentation d’autres propositions tout aussi aguichantes, délicieuses et légèrement siphonnées.
Maintenant 2016 aura lieu du 7 au 16 octobre 2016. Plus d’1fos.