Coincées entre le foisonnement d’octobre et le grand raout des Trans en décembre, les vacances de la Toussaint ont de faux airs d’accalmie entre deux tempêtes. Image bien illusoire puisqu’on a en fait souvent eu l’occasion d’y prendre de monumentales claques. Cette année risque bien de ne pas faire exception avec de très belles dérouillées soniques concoctées par les indispensables Tendresse & Passion et Kfuel qui risquent bien d’être à nouveau mémorables. Première salve lundi 19 octobre au Terminus avec les intenses les chemins de la honte et surtout le retour des monstrueux norvégiens de MoE. Second round à l’Elabo jeudi 22 octobre avec Gerda, Xnoybis, Pord, et Clint, un quatuor de dynamiteurs noise italo-lozéro-picardo-rennais qui devrait tout simplement nous propulser en orbite.

Malgré sa météo grisâtre et ses humeurs funéraires, la Toussaint nous a laissé notre lot de chouettes souvenirs musicaux. On se souvient ainsi le sourire aux lèvres des prestations flamboyantes de Total Victory ou de celle vertigineuse de 2kilos &More. L’indispensable Tendresse & Passion nous invite lundi 19 octobre à partir de 20h pile au Terminus pour une soirée qui a toutes les chances d’entrer en bonne place dans notre galerie d’honneur.

Première bonne raison d’espérer une mémorable dérouillée : le trio d’Oslo MoE fera son grand retour au bar le Terminus. Composé de Guro Skumsnes Moe (basse/voix), Joakim Heibø Johansen (batterie) et d’Håvard Skaset (guitare), le combo peaufine depuis 2008 une aventureuse et volcanique synthèse entre noise rock, hardcore et musiques expérimentales. Leur musique farouchement indépendante et d’une intensité hors norme s’est nourrie avec un appétit féroce de leurs collaborations avec des groupes comme Okkyung Lee, John Hegre, The Observatory, Arabrot, Lasse Marhaug… et de de leurs multiples tournées en Europe, au Mexique, ou en Asie. Leur impressionnante prestation de l’an dernier était rentrée dans les annales des chanceux ayant pu y assister. La stupéfiante vidéo du camarade Appolosmouse visible ci-dessus avait achevé de nous coller des quintaux de regrets que nous comptons bien dissiper avec ce match retour.

Comble du bonheur l’autre formation complétant la soirée : Les chemins de la honte, fait aussi partie des combos dont nous attendions la venue dans nos contrées avec impatience. Le groupe est constitué de Liliane Chansard (basse et voix envoutantes), Stéphane Calin (guitare pas très tendre en fait), Olivier Lanthelm (seconde basse tout aussi enjôleuse) et enfin du multirécidiviste Seb Normal (batterie qui claque). Ce dernier a multiplié les collaborations dans une foule de groupes gravitant autour de la scène dite de la Triple Alliance Internationale de l’Est dont The Feeling of Love, 1400 Points de Suture ou encore les sombres et excellents Le Chômage. Les chemins de la honte a sorti en juin dernier un épatant premier album de post-punk glacial et racé, onze titres portés par une rythmique implacable, une abrasivité toute en électricité et des textes impitoyables qui claquent comme des coups de fouet. Autant dire que la perspective de pouvoir entendre cette combinaison prendre toute son ampleur en live nous enchante au plus haut point.

Avec un tel duo, la soirée semble bien partie pour entrer dans les annales. A ne louper sous aucun prétexte donc.

Lundi 19 octobre – Bar Le Terminus, 78 rue de Riaval, Rennes – 20h pétante – 5€

La tout aussi vaillante association Kfuel a également mis les petits plats dans les grands pour nous offrir jeudi 22 octobre une soirée à l’élabo qui s’annonce riche en riffs assassins, basse volcanique et autres larsens virulents.

On commence par un autre retour gagnant, celui des furieux lozériens de Pord. Le trio œuvre au noir depuis déjà 2004. Il s’est taillé une putain de réputation scénique de sa mère et il a impressionné avec son incandescent second album Valparaiso en 2011. Leur seconde galette sortie fin 2014, le bien-nommé Wild s’avère tout aussi redoutable. Elle a été enregistrée au Rec Studio de Genève, par Serge Morratel (Ventura, Tantrum, Knut, Basement…). L’ombre furibarde de Dazzling Killmen plane sur le disque, sans jamais pourtant l’écraser, ce qui n’est pas un mince exploit. Sur 7 morceaux aux titres parfois facétieux (My Bloody Galantine, What are tuesdays for?) le trio fait une démonstration de force impressionnante du premier au dernier larsen. L’album s’achève d’ailleurs en apothéose avec un monstrueux On The Couch de 11 minutes 25, magistral de ténacité et de tenue. Les lascars nous avait collé une inoubliable trempe sonique lors de la fastueuse célébration des 20 ans de l’écurie Kfuel et nous reprendrons volontiers une bonne dose de leur furie sauvage et communicative.

Autre formation experte en bruit et en fureur, les italiens de Gerda ne devraient eux non plus rien concéder en matière d’intensité scénique. Existant depuis une dizaine d’années et ayant à leur actif déjà trois albums de noise assez extrême dans le style, le quatuor de Jesi arrive précédé d’une réputation scénique tout aussi flatteusement dangereuse que leurs prédécesseurs. Numérotez soigneusement vos abattis, car visiblement on ne sort jamais totalement indemne de leurs concerts.

Cette soirée déjà bien chargée en émotions fortes sera en plus complétée par le duo guitare/batterie Xnoybis. Quand on choisit comme patronyme de s’inspirer d’un morceau sévèrement acéré de Godflesh, il faut savoir se montrer à la hauteur en matière d’agression sonore. D’après les oui-dire et les vidéos glanées sur la toile, nos deux picards ont l’air de largement se montrer à la hauteur mais aussi de savoir varier avec dextérité les ambiances, sans que leur noise-rock alambiqué ne perde en tension.

On termine avec une petite touche locale. On ne connait pas grand chose des rennais de Clint mais l’on sait tout de même qu’il s’agit du projet free-noise du batteur des excellents Wires. Vu la forme olympique qu’il tenait lors de leur très bonne prestation au Bar’Hic en septembre dernier, on lui fait confiance pour compléter de belle manière une soirée aussi explosive.

Jeudi 22 octobre – L’Elabo, 48 avenue Chardonnet, Rennes – 20h – 6€