Rencontre avec THE DECLINE! Entre punk, pintes et partage…

Fidèles lectrices et lecteurs d’alter1fo, vous ne serez pas surpris d’apprendre que le groupe The Decline! tient une place particulière dans nos p’tits cœurs de mélomanes… The Decline! est un mélange explosif de punk-rock, de folk, de bières, de tatouages et de sueur. C’est aussi et surtout une énergie folle sur scène et une franche camaraderie, une fois les amplis éteints et les flight-cases rangés à l’arrière du van. Leur sincérité pour la scène et les riffs aiguisés transpirent au-delà de leurs instruments et c’est sans doute cela qui, sans tomber dans des théories alambiquées ou fumeuses, voire de comptoir (quoique les troquets, on aime bien…) nous touche particulièrement.

Avouons-le, nous ne sommes pas habitués à chroniquer des disques, d’autres plumes altéristes le font beaucoup mieux que nous. Mais le prétexte était vite trouvé d’écrire une bafouille à l’occasion de la sortie de leur (déjà) troisième album pour pouvoir passer du temps avec les trois lascars que sont Kevin (chant), Goose (guitare, chœur) et Ced (basse, chœur). Un entretien rien que pour nous. Une occasion inratable. Rendez-vous fut donc pris dans un bistrot rennais, rue de la soif. Les garçons reviennent d’une mini-tournée, l’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur leurs ressentis et les premiers retours de leur public nombreux.

Kevin : « Comme le groupe avait beaucoup tourné avec le précédent album, nous étions impatients de défendre de nouveaux morceaux. Aujourd’hui, on a dû faire une dizaine de dates avec notre nouveau set. Du coup, c’est encore tout frais et on est très, très enthousiaste ! »

Goose : « Même si on a pu déjà expérimenter des trucs, modifier la setlist etc… le set commence a être bien rodé mais on aimerait intégrer encore plus de morceaux du dernier LP dans les prochains concerts. Comme ′Heroes On Empty Streets′ vient tout juste de sortir, on laisse un peu de temps au public pour se les approprier…  »

Avec une pochette signée par Patrice Poch, « Heroes On Empty Streets », sorti le 19 mai dernier, se situe dans le même état d’esprit que leur tout premier album « Broken Hymns For Beating Hearts ». Retour aux sources ou juste évolution après un second album plus risqué ? Allez savoir… En tout cas, les douze titres originaux sont d’une cohérence évidente. Aux premières écoutes, les mots efficacité et énergique viennent rapidement en tête si l’on devait s’amuser à qualifier cette galette. Difficile de ne pas résister à la furieuse envie d’headbanger sur des morceaux comme  « Someday Somehow », « Wake me up », « Limits » que l’on soit dans son salon ou au milieu d’une fosse électrique, renversant par la même occasion sa pinte sur son voisin⋅e au rythme des chœurs entêtants qui ponctuent bon nombre de chansons.

Goose « Sur cet album, on ne retrouve ni d’intro instrumentale, ni de morceau acoustique, comme dans les précédents. Pour celui-ci, nous avons composé dans une certaine urgence, sans trop prendre de recul pour des raisons de logistique : nous devions finir l’enregistrement début février 2017 afin de pouvoir le sortir en mai.  »

Ced « Goose avait déjà booké le studio avant même que l’on ait composé le moindre morceau. Tout s’est donc fait rapidement en deux grosses sessions de répétitions, d’un mois et demi chacune. Certains titres ont même été composés en un quart d’heure. C’était très spontané. On a pratiquement composé en flux tendu et, par la même occasion, passé quelques nuits blanches à psychoter dessus. »

Mention particulière pour le jeu de basse, toujours aussi affûté et tranchant comme on aime. Ced nous avouera même qu’il s’est efforcé à « ne pas trop en mettre » mais sa facilité déconcertante, presque insolente, à faire chanter son manche de basse comme une lead-guitare reste toujours un plaisir pour les oreilles. Les paroles ne sont pas en reste. Comme à son habitude, le frontman Kevin, à la casquette solidement vissée sur la tête, échafaude des histoires au goût amer, agrémentées parfois de second degré. « Généreux et croquant », comme dirait l’autre ! Derrière des images, des métaphores, les mots sont choisis pour viser juste. La critique d’une société capitaliste, d’un monde transformant chaque individu en potentiel consommateur impulsif dénué de toute compassion n’est jamais bien loin. Et ce n’est pas pour nous déplaire… Bien au contraire !

Kevin : « Même si quelques textes relèvent de la pure revendication, la plupart évoquent le monde qui m’entoure via des histoires, au travers de l’intime. J’y parle des rapports humains ou de politique sans évoquer frontalement des problèmes, j’utilise toujours quelques détours ou artifices pour le faire. Je ne sais pas si c’est par pudeur ou par envie de sublimer esthétiquement un constat parfois glauque mais c’est comme ça que ça vient. En tout cas, plus qu’une volonté de parler à tous en même temps, j’ai envie que mes chansons parlent à chacun et chacune individuellement. »



***

Il n’empêche. La meilleure manière de faire aimer cet album reste encore de l’écouter au moins une fois, sur une platine ou en live. Les garçons s’en vont justement sillonner les routes de France et de Navarre. (NDLR : En leur souhaitant moins de péripéties mécaniques que lors de leur dernière tournée).

Ced : « La tournée commence toujours par une sorte de discours solennel entre nous, du genre : ″Allez, on va essayer d’être sérieux au moins jusqu’à telle date!…″ Bon, ben, dès le premier soir, on fait une grosse fête et on se met direct une balle dans le pied pour la suite de la tournée. Envolées les belles promesses (rires…)! Après quelques jours de concerts, physiquement, cela devient très dur. Mais comme dirait Goose, ″un musicien,  il suffit juste qu’il soit en forme une fois sur scène. Après qu’il soit en vrac le reste du temps, c’est pas bien grave !″ »

Goose : « La journée type en tournée c’est : tu te lèves tôt, tu roules, tu te fais chier. Une fois la balance finie, tu vas manger et puis tu te fais chier. La soirée commence, tu regardes les groupes jouer avant toi sans trop picoler, forcément… et puis arrive ton tour. Là, tu joues et tu prends ton pied. C’est incroyable toute l’énergie que le public peut te renvoyer et que tu peux emmagasiner sur le moment. Du coup, une fois sorti de scène, tu ne penses qu’à faire la fête jusqu’à très tard… (rires)  »

A leurs côtés, « Punk is not dead », assurément ! Ces gars-là sont des passionnés et forcent le respect. A la fin de notre entretien, nous nous sommes finalement dégonflés. Nous ne leur avons pas posé la question la plus clichée à savoir si « Heroes On Empty Streets » était, selon eux, « l’album de la maturité »… Comme ça, juste pour se marrer. La prochaine fois, promis… ou pas !


A noter que le groupe se produira de nouveau sur les terres rennaises au Mondo Bizarro le 22 juin et bientôt sur la scène du HellFest à un horaire plutôt atypique (11h du matin!).

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photos © Guillaume/alter1fo

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