Sainte-Anne : future place pour CSP+ et attachés-case ?

© C.Didou Wikimedia Commons

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La place Sainte-Anne a toujours eu un fort statut populaire… populaire au sens «qui appartient au peuple». Ce n’est donc pas par hasard que la Maison du Peuple, actuellement salle de la Cité, ait été  construite à proximité. Elle fut le théâtre de nombreux rassemblements festifs mais aussi de mouvements sociaux (CPE, lutte chômeurs et précaires…). Rares sont les Rennais à ne pas avouer leur attachement à ce lieu qu’ils aiment investir.

« La place Sainte-Anne avec ses incohérences, ses ratés, ses inachèvements (Église St Aubin), ses immeubles en bois, en pierre, en métal, son vieux couvent, sa salle de la Cité, la proximité du Vieux Saint-Étienne, sa petite école de quartier, son métro, son manège, ses bouquinistes, son marché et tous ses caboulots générant une animation permanente, est un témoignage de ce qu’a été cette ville dans ce qu’elle a de plus vivant et de plus divers. C’est le visage riant et inattendue de la Capitale Bretonne! » (Association « Les amis du patrimoine rennais »)

Or depuis une dizaine d’années, la place Sainte-Anne se mue et se transforme. En 2006, on s’en inquiétait déjà et dans un excellent papier « Sainte-Anne, ne vois-tu rien venir », son auteur dressait un portait visionnaire et peu flatteur :

« Par ces mesures, on est loin de l’idée d’une place conviviale et populaire, mais plutôt d’un espace où l’on se croise mais où l’on ne se rassemble surtout pas, d’un espace réservé à ceux qui ne sortent pas des clous, classes aisées et touristes, d’un espace principalement marchand, d’un espace qui rejette les populations en marge (fêtards ou vagabonds). Bref, tout le contraire d’un espace public finalement(1) ! (Association « La Tondeuse à Roazhon »)

Huit années plus tard, les mêmes préoccupations sont là, accentuées par la présence des palissades de travaux, des engins de chantiers et du stationnement sauvage. Un collectif regroupant des riverains, habitants et usagers de la place s’est alors constitué sous un nom explicite : « Place à Défendre », héritage sans doute des luttes ZAD-istes  et autres refus des « GP2I » : les Grands Projets Inutiles et Imposés. Ce collectif invite qui veut à le rejoindre dans sa lutte contre la transformation du Couvent des Jacobins en centre des congrès d’affaires.

©Erwan Corre – From Wikimedia Commons

« Notre réaction au départ fut très instinctive : notre amour pour Rennes est lié à la place Sainte-Anne, nous aimons nous y réunir, souvent en terrasse des cafés, avec nos amis. Cette transformation brutale du quartier nous a fait prendre conscience que nous allions perdre cet affect. Le Centre des Congrès est la partie la plus visible, aux conséquences sociales et écologiques inacceptables et est l’élément déclencheur de notre mouvement » (Collectif « Place à défendre »)

Apolitique, le collectif s’est d’ailleurs illustré le 18 Novembre dernier lors de la réunion publique organisée par la ville sur le réaménagement de la place et n’a pas hésité à confronter sa critique avec les élus : gabegie financière, gaspillage écologique, risque de gentrification et mépris de l’intérêt des riverains.

(1) Gabegie financière.

Le collectif dénonce l’explosion financière du projet qui se monte à plus de 100 millions d’euros alors que le budget initial s’élevait à seulement 55 millions en 2008.  La commission d’enquête publique exprimait elle-même dans son rapport final de sérieux doutes quant au respect de l’enveloppe budgétaire.

En comparaison, Metz Métropole lance également la construction de son centre des congrès d’une surface équivalente (15.000 m2) pour un montant estimé à  70 millions d’euros, sachant que la capacité de l’auditorium messin sera supérieur à celui de Rennes.

« Il est de bon ton de dire que l’argent public est gaspillé et pompé par les assistés sociaux mais dans ce contexte-là, il faut noter qu’il est gaspillé par les intérêts dominants puisque le Centre des Congrès est dédié principalement aux entreprises privées : colloques, séminaires…  » (Collectif « Place à défendre »)

Une étude a d’ailleurs montré que 90 % des centres de congrès sont déficitaires en France et perçoivent une subvention de la commune ou de la collectivité. En évoquant le sujet, les élus du Front de gauche se questionnent également sur la pertinence d’un tel projet « dans un  contexte budgétaire difficile » rappelant  que « l’année prochaine,  le budget de Rennes Métropole se verra amputé de 12% de ses dotations annuelles par le gouvernement(2) ». Pourtant, la municipalité sait se montrer économe puisqu’elle n’a pas hésité à amputer le futur conservatoire du Blosne de 20 millions d’euros.

(2) Gaspillage écologique.

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  1. Ca gaz…à effet de serre ?

« L’idée de réhabiliter le couvent est au départ une idée très chouette, nous en sommes tous convaincus mais il nous apparaît clairement que le couvent des Jacobins n’était pas le lieu adapté à une telle construction.  La dimension écologique n’a jamais été intégrée dans ce projet : il n’y aucun panneau solaire, c’est mal isolé et il existe des problèmes pour la récupération des eaux de pluie… On a l’impression de suivre un projet archaïque dans la façon de pensée… » (Collectif « Place à défendre »)

Le bâtiment sera en effet chauffé grâce à trois grosses chaudières à gaz provoquant des émissions de gaz à effet de serres importants et contenant des polluants susceptibles d’affecter la qualité de l’air extérieur : oxydes d’azote assimilés au dioxyde d’azote (NO2), dioxyde de soufre (SO2). La commission d’enquête a d’ailleurs donné un avis favorable à ce projet sous réserve que soit complété le chapitre sur l’étude de l’impact relatif à la qualité de l’air et à la santé des riverains de l’air. Une école maternelle se trouve à 65 mètres et le collège Échange, à environ 100 mètres. Mitoyen, en somme.

« En effet, il [le centre des congrès] sera chauffé par trois chaudières à gaz, qui ont la particularité de rejeter des oxydes d’azote (NOx) en grande quantité. Ces particules, quand elles sont présentes dans l’atmosphère en trop grande quantité, provoquent des irritations des bronches, des infections pulmonaires et des crises d’asthme. Lors du Conseil de Rennes Métropole du 25 septembre, une étude faite par Airbreizh nous a été présentée, dans le cadre du Plan de Protection de l’Atmosphère, et révèle une quantité déjà trop importante de ces particules dans le ciel rennais… » (Yannick LE GARGASSON pour le groupe Parti de Gauche-Front de Gauche)

  1. Ça gaz…de pot d’échappement ?

Autre problématique soulevée par le collectif, celle de la place des engins motorisés dans le centre-ville de Rennes. Alors que la Métropole s’est engagée à baisser de 20 % ses émissions de CO2 par habitant à l’horizon 2020,  que Nathalie Appéré, poussée par les écologistes, a été élue avec la promesse forte de transformer 75% des rues de la ville en espaces apaisés, et sachant que deux stations seront construites sur la place Sainte-Anne, le collectif regrette la contradiction entre le développement des transports en commun et le maintien de la circulation des voitures, la création d’un immense parking souterrain et l’autorisation accordée aux cars de circuler sur l’espace central de la Place en cadencement, pour déposer les congressistes aux portes du centre.

«  Les images du site gallo-romain étaient assez splendides…et dire qu’on a saccagé tout ça pour en faire un parking !!! La place Sainte-Anne a une vocation piétonne.» (Collectif « Place à défendre »)

 Le problème est aussi technique, comme le souligne Matthieu Theurier (EELV)  :

« Nous ne pensons pas que la rue Saint-Malo soit appropriée pour le passage de cars. C’est clair. Le problème qui se pose et c’est une des raisons pour lesquelles nous n’étions pas favorables à une activité ‘centre des congrès’ au couvent est qu’à partir du moment où l’on construit un centre des congrès, il y a une obligation de fournir une desserte poids lourds… Ne serait-ce que pour amener du matériel. De ce fait, la rue Saint-Malo sera un axe de liaison. Là où nous pouvons envisager d’alléger la rue est de demander à ce que les cars stationnent au niveau de l’Hôtel-Dieu, par exemple… Mais en tant qu’écologiste, nous défendons toujours une piétonisation globale du centre ancien. Avec deux stations de métro, on peut espérer que le congressistes ne viennent pas qu’en car ou en voiture(Mathieu Theurier – EELV)

La future place Sainte-Anne, à Rennes, avec le centre de congrès au fond à gauche.  ©ilex-paysages

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(3) – Gentrification ou tourisme d’affaires ?

Dénoncer le futur Centre des Congrès permet aussi au collectif de dénoncer la logique globale de mutation de Sainte-Anne vers un « tourisme d’affaires ».

« Tout ce qui se passe autour de la place Sainte-Anne, avec le Centre des Congrès, avec la venue des franchises, la volonté de nettoyer la rue Saint-Michel, la construction d’un hôtel de luxe 4 étoiles, participe finalement à la création d’un espace pour des gens chics, pour les gens riches… Or, cela est incompatible avec une place Sainte-Anne festive et pleine de vie. Nous avons l’impression qu’il existe une réelle volonté de la part de la municipalité de faire table rase du passé… » (Collectif « Place à défendre »)

« Table rase du passé », le mot est lâché au vu des nombreux travaux qui vont se poursuivre jusqu’en 2020. Le spectre de voir la place Sainte-Anne perdre son âme d’autrefois est bien réel. Mais peut-être cela a-t-il déjà commencé avec l’enlèvement de ses bancs en 2006, peut-être avec l’arrivée du commissariat rue de Penhoët ou bien avec la mise en place de la vidéo-surveillance ?

Chose importante à propos de la place Sainte-Anne et comme nous le confirme l’association Les amis du patrimoine rennais, « seule la partie sud de la place est dans le secteur sauvegardé qui s’arrête au bout des rues Saint-Michel, Pont aux Foulons, Penhoët qui y arrivent. C’est bien pour cela que l’immeuble « Dubonnet » a pu être abattu et qu’il pourrait en être de même pour d’autres bâtiments. Le reste de la place Sainte-Anne n’est pas protégé, d’où la destitution du Mur Dubonnet et des immeubles n°20 et 21 …». Attention donc à ne pas détruire trop vite et sans réflexion préalable !

« Il faut se rendre compte que les riverains et commerçants vont subir trois ans de travaux à cause de la seconde ligne de métro et vont enchaîner avec les travaux liés à l’aménagement de la place Sainte-Anne, dès 2017. Nous sommes en droit de nous demander si la municipalité ne souhaite pas tout simplement faire partir les gens, fermer les commerces pour les remplacer …» (Collectif « Place à défendre »)

Début décembre, les commerçants de la rue de Saint-Malo se sont d’ailleurs plaints des conséquences liés aux travaux auprès des élus en exprimant leur ras-le-bol. Le chiffre d’affaires des commerçants de la rue de Saint-Malo est en baisse de 20 à 30 % et certaines échoppes disparaissent. « On est en train de mourir à petit feu… On sait que les travaux engagés auront des retombées positives dans quelques années. Mais, en attendant, on souffre de mille maux  », expliquent Patrice Croquet et Jean-Noël Rio, respectivement président et vice-président de l’association Les commerçants et amis de la rue Saint-Malo, à Rennes : pari audacieux pour la municipalité avec ce nouveau lifting à 6.7 millions d’euros.

« Le projet choisi parmi les 4 est celui qui sauvegarde le plus l’ambiance un peu « village » de la place. Les arbres seront conservés, d’autres replantés. Le manège et le bouquiniste seront préservés aussi. La place ne sera pas qu’une grande place mais sera finalement divisée en deux petits espaces » (Matthieu Theurier  EELV) 

« Avec sa deuxième station de métro la place Sainte-Anne va voir non seulement se renforcer sa vieille vocation de porte d’entrée populaire mais aussi, étant reliée en quelques minutes aux Campus de Villejean et de Beaulieu voir accentuer son aspect sympathique de ruche grouillante de jeunes qu’elle a à certaines heures ».(Gauthier AUBERT, dans « Place Publique N°5 Mai-Juin 2010) 

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Mais avec son centre des congrès, son hôtel de luxe, sa nouvelle ligne grande vitesse LGV mettant Paris à 1h27mn, avec son futur nouveau quartier d’affaire EuroRennes et ses 125.000 mètres carrés de bureaux, Rennes poursuit sa stratégie de développement du tourisme d’affaires. Nathalie Appéré se félicitait d’ailleurs, en évoquant le futur hôtel de luxe, qu’ « avec un centre des congrès opérationnel en 2018ce projet [soit] cohérent avec le schéma de développement touristique que nous avons décidé à Rennes Métropole ».  

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@CCI – L’économie du tourisme en haute-bretagne ille-et-vilaine 2010

En 2011, l’estimation des retombées économiques des congrès pour la France était de 1,6 milliard d’euros dont les ¾ proviennent des frais de séjour des congressistes et ¼ des frais liés à l’organisation. Le touriste d’affaires dépense 3 à 5 fois plus qu’un touriste d’agrément (soit 260,10 à 433,50 € par jour et par voyageur). Une rentabilité rare et enviée en temps de crise. D’ailleurs, une société publique locale « Destination Rennes » a été spécialement créée par Rennes métropole et Rennes  pour « vendre » la ville et son futur centre des congrès. Daniel Delaveau y a été élu Président directeur général.

«  La beauté de Rennes, et par la même son attractivité, ne doit pas être circonscrite au seul centre, et hyper centre, pour des desseins exclusivement touristiques. Notre ville a des atouts à faire valoir : la Vilaine et ses abords (le lavoir de Chézy, dernier témoin de l’existence des lavandières), les prairies Saint-Martin (un écrin vert en ville), son patrimoine ferroviaire (et la conservation de postes d’aiguillage, témoins du travail des derniers cheminots avant l’arrivée de la LGV), ses villas et manoirs (villa Crespel de l’architecte Chouinard, située rue d’Antrain, la Folie Guillemot, située avenue du Général Leclerc). » (Association « Les amis du patrimoine rennais »)

« Ce risque [de la gentrification] est malheureusement présent. Le projet « Euro-Rennes » est particulièrement symptomatique. Le quartier de la gare a vocation à devenir un quartier d’affaires et nous allons voir fleurir de nombreux bureaux […] C’est un choix politique déjà ancien mais qui s’accentue, nous ne pouvons qu’être en opposition avec celui-ci. La liste d’attente pour obtenir un logement social s’élève à 6.000 personnes pour Rennes, il y a 400 sans domicile fixe, les petits commerces sont en difficulté … Voilà des mètres carrés et du budget public qui pourraient être judicieusement  utilisés… » (Yannick LE GARGASSON pour le groupe Parti de Gauche-Front de Gauche)

(4) – Les Rennais parlent aux Rennais.

…« Judicieusement  utilisé », cette expression revient souvent dans la bouche du collectif :

  • meilleure utilisation de l’argent public,  la dette de la Ville est passée de 173 millions d’euros en 2008 à 212 millions d’euros en 2014.
  • meilleur choix dans l’utilisation du futur centre par les Rennais.

L’abandon du projet du « centre des congrès d’affaires » n’est qu’une première étape pour le collectif, avant l’organisation d’un référendum local permettant à la population de décider du devenir du couvent des Jacobins.

« Ce que nous demandons, c’est une pause pour ouvrir un moratoire, faire un référendum et réfléchir à de nouveaux usages pour le couvent. Le centre des congrès est financé par les habitants alors qu’il servira à un public privé. La population doit avoir son mot à dire. » (Collectif « Place à défendre » – 20minutes.fr)

Réunion à la Bernique hurlante du collectif « Place à défendre » © Ouest France

Une enquête publique a pourtant bien eu lieu de décembre 2012 à janvier 2013 afin de recueillir l’avis des Rennais. Seules 4 observations ont été déposées. Le collectif l’explique par le fait que les Rennais ne se sont jamais sentis véritablement associés à ce projet.

« Je me souviens très bien de comment étaient disposés les panneaux rue de Saint-Malo évoquant l’enquête publique : ils étaient illisibles… Rien n’a été fait pour donner envie aux gens d’y participer et pourtant toutes les personnes que nous rencontrons dans le cadre de notre mouvement ont des choses à dire sur la question. Il existe un réel attachement avec la place.» (Collectif « Place à défendre »)***

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Copie écran Blog perso Jeanmariegoater

Donner la parole aux Rennais, c’est pourtant bien le but de la Fabrique citoyenne lancée il y a quelques semaines par la nouvelle municipalité et chapeautée par Jean-Marie Goater (EELV). D’ailleurs, ce n’est pas un hasard de le retrouver à ce poste puisqu’il se plaignait déjà en 2008 de la non-concertation de l’ancienne municipalité avec les habitants rennais sur des sujets majeurs tels que celui des antennes-relais sur l’Eglise Saint-Melaine et du centre des congrès justement.

Est-ce à dire que le collectif utilisera cet outil entre la ville et les habitants ? La réponse est clairement négative.

« Le nouveau label de cette Fabrique citoyenne n’est pour nous que du marketing. Si l’on prend l’exemple de l’aménagement de la place Sainte-Anne, il n’y a eu aucune démocratie et la municipalité n’a prévu que des réunions d’informations sur ce qui a été voté au conseil municipal. Où est la démocratie locale là-dedans ? Nous ne voulons pas être une sorte d’alibi à cette Fabrique citoyenne !» (Collectif « Place à défendre »)

« Il est clair que les citoyens ne se sentent pas écoutés par la Mairie. La route est longue avant de pouvoir parler de démocratie participative à Rennes. Espérons que la charte qui sera la synthèse des propositions faites par les habitants durant ces trois derniers mois sera à la hauteur des revendications des Rennaises et des Rennais. » (Yannick LE GARGASSON pour le groupe Parti de Gauche-Front de Gauche)

« Il est clair que la Fabrique citoyenne n’est pas satisfaisante en l’état. Peut-être que l’on s’est fait déposséder du dossier par le parti socialiste qui a voulu le mener à sa manière […]. La plupart des projets sont quand même lancés et décidés, je ne sais pas dans quelle mesure les habitants pourront s’en saisir.  » (Valérie Faucheux – Canalb 27/11/2014- Front de Gauche)

Matthieu Theurier sur la Fabrique citoyenne…

Ce manque de concertation est aussi rapporté, suite à la réunion du 4 décembre qui s’est déroulée dans le cadre des ateliers de la Fabrique Citoyenne, au sujet du projet d’aménagement de la nouvelle Place Saint-Germain : certains se sont étonnés en cours de séance de voir que des choix ont déjà été faits, et que de cette consultation, voulue par les élus, il ne ressortira finalement que des changements « à la marge ».

(5) – Le futur du Collectif

Le collectif a bien conscience que sa lutte sera de longue haleine face aux énormes moyens déployés et des enjeux futurs. Pour l’instant, il occupe l’espace public à travers des rencontres au bistrot La Bernique hurlante, rue Saint-Malo, et tient une petite permanence au marché des Lices tous les samedis matins.

« Nous sommes confiants sur notre mouvement pour les mois à venir, le temps jouera pour nous. Nous avons face à nous une grosse machine aux pouvoirs financiers importants, nous en sommes conscients : la pétition, seule, ne fera pas plier Vinci. La difficulté ne sera pas pour nous mais bien pour la ville de Rennes qui devra assumer ce truc planté en plein milieu de Sainte-Anne… » (Collectif « Place à défendre »)

 

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 (1)Interview complète de l’association Les amis du patrimoine Rennais :

►Question 1 : Avec le Centre des Congrès, la deuxième ligne de métro, la place Sainte-Anne se transforme. Comment voyez-vous cette évolution ? impact des travaux sur les habitations alentours etc…
►Question 2 : Existe-t-il chez vous une certaine forme d’inquiétude sur la préservation du patrimoine rennais de l’hyper centre ville sous couvert de rayonnement de la ville (centre congrès, métro, hôtel de luxe en bas de la place des Lices… ). La disparition du mur Dubonnet en est-elle un symbole ?
►Question 3 : Sentez-vous que la municipalité (que ce soit sous Delaveau et maintenant Appéré) est/était à votre écoute ?
►Question 4 : Quels sont vos souhaits pour l’avenir de la sauvegarde du patrimoine ?

(2)Interview complète aux élus du Front de Gauche, Rennes :

► Question 1 : Vous avez relayé dernièrement un appel à un référendum sur votre blog à propos du Centre des Congrès (mise du lien de la pétition du collectif « place à défendre »), pouvez-vous nous expliquer les raisons et arguments ?
► Question 2 : Lors de la dernière réunion informelle sur le devenir de la place Sainte-Anne, ce même collectif a vivement critiqué le projet de réaménagement de la place Sainte-Anne. Êtes-vous en lien avec eux de près ou de loin ?
► Question 3 : Que pensez-vous d’une telle initiative de la part de citoyens ?  Pouvons-nous faire un parallèle avec d’autres actions collectives (nddl, lutte contre des implémentations d’hypercentres commerciaux, barrage de sivens etc….) Que cela vous inspire-t-il?
► Question 4 : La place Sainte Anne sera entourée d’un centre des congrès, du centre commercial La Visitation, d’un hôtel de luxe et de franchises de luxes (spa…) : n’existe-t-il pas un risque de gentrification de l’hyper centre-ville rennais selon vous ?
► Question 5 : Quel aurait été votre souhait concernant le réaménagement la place Sainte-Anne et de l’hyper centre de Rennes ?
► Question 6 : Que pensez-vous de l’initiative de la Fabrique citoyenne actuellement mise en place ? Donne-t-on réellement le « pouvoir de décision » aux citoyens à travers cette initiative, y croyez-vous vous même, sinon quid de la méthode ?

Malgré plusieurs sollicitations auprès de la mairie, nos questions sont restées sans réponses.

► Question 1 : Lors de la dernière réunion publique sur l’aménagement de la place Sainte-Anne, un collectif a vivement critiqué votre projet. Comment avez-vous accueilli leurs arguments ?
► Question 2 : La place Sainte-Anne sera  entourée d’un centre des congrès, du centre commercial La Visitation, d’un hôtel de luxe et de différentes franchises de luxes (dont un spa…)  : n’existe-il pas un risque de gentrification de l’hyper centre-ville rennais sachant que  les cadres et professions intellectuelles y sont déjà  très représentées ?
► Question 3 : Comment comptez-vous donner les moyens aux Rennais de prendre possession du Centre des Congrès et de les associer à son utilisation et non pas en tant que simples visiteurs du lieu ?
► Question 4 : Le rapport de l’enquête publique fait deux réserves importantes à la validation du projet, concernant notamment son impact sur la qualité de l’air : quelles ont été les corrections apportées ?
► Question 5 : Comment comprendre le passage autorisé des bus desservant le Centre des cCongrès et le maintien de la circulation des voitures comme actuellement : ne pouvions nous pas attendre une circulation plus restrictive de la voiture pour une place historique du vieux Rennes, comme un symbole fort ?

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Place à défendre : le collectif : leur facebook et leur pétition.

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9 commentaires sur “Sainte-Anne : future place pour CSP+ et attachés-case ?

  1. Filou

    L’emplacement du centre des congrès peut il est vrai surprendre mais à un moment donné, il faut arrêter d’avoir uniquement la vision populaire, socialo-étudiante, alcolo, punk à chiens, tags, trafic de stup, terrasses, kebab, pubs sauvages, bars et rue de la soif pour Rennes (je caricature à peine). Rennes grandit et change. Le tourisme d’affaire (et d’agrément d’ailleurs) doit participer au développement de Rennes avec les congrès, hôtels 4 étoiles, restaurants gastro, montée en gamme des commerces. Si la place Sainte-Anne est populaire, pourquoi ne pas aussi accepter les CSP+ ?

    Je caricature encore volontairement mais barricader les gens en fonction de leur statut social (étudiants bourrés à Sainte-Anne, cadres à la gare), c’est pas franchement digne d’une ville comme Rennes non ?? Lyon, Lille sont des villes d’affaire, touristiques et ça ne les empêche pas d’être populaire avec de nombreux quartiers et places sympathiques. Arrêtez votre conservatisme, c’est regrettable !!! La place ne sera pas réservée aux touristes et congressistes tout comme elle ne vous est pas réservée, une ville se partage avec tous !

    PS : je suis d’accord sur la préservation du patrimoine dans toute la ville, c’est très important mais intégrer le centre des congrès à l’endroit où Anne de Bretagne s’est fiancée, je trouve ça symbolique, surtout si les rennais peuvent le fréquenter régulièrement ! En revanche, le bâtiment remplaçant Dubonnet, ainsi que celui place St-Michel sont assez quelconques, je suis déçu ! Et je souhaite bon courage aux commerçants des secteurs touchés par les travaux, ça ira mieux (qu’avant les travaux) en 2020 (ligne B, congressistes), c’est certain !

  2. Bim

    C’est fou d’être figé à ce point… Totalement d’accord avec le commentaire précédent : au nom d’une prétendue convivialité, du respect de chacun à vivre ensemble, ce post ne reflète qu’un état d’esprit conservateur. C’est triste ! La ville change, changez avec, plutôt que de rester bloqué à ce fut Rennes, opposé à tout nouveau projet. Le « c’était mieux avant » c’est pathétique… Et certainement le meilleur moyen de tuer cette ville

  3. politistution

    Rien de figé bien au contraire!

    L’article expose un ensemble de problématiques autour de ces grands projets :
    ► questions de démocratie : Qui décide de quoi et pour qui ?
    ► Problématique écologique… ici, par ex. voitures, bus toujours en plein hyper-centre ? LGV à grand renfort de moyens financier alors que d’autres désespèrent de voir les réseaux TER se dégrader.

    Particulièrement, le collectif regrette/dénonce l’emploi du couvent à des fins privés et leur argument est de faire contribuer les rennais pour avoir leur avis. Cela ne semble pas avoir été le cas : 4 avis dans au cours de l’enquête publique, de nombreuses contestations sans prise en compte par l’ancienne municipalité.
    Maintenant que les travaux sont lancés – Peut on encore changer la donne surtout que la fabrique citoyenne est lancée ?

    Créer un EuroRennes en défigurant tout un quartier + via expulsion pour des m.carrés de bureaux, c’est une vision d’un progrès qui n’est peut etre pas partagé par tout le monde et il faut croire que non, vu les différentes oppositions.

    L’article pose des questions, une autre vision en terme d’urbanisme est sans doute possible autre que celle que l’on nous a proposé peut-être ? . Nul part, il est dit que c’était mieux avant , il y a bien longtemps que la place St Anne s’est transformée.

  4. Fab

    Je cite le post de Filou plus haut :  » il faut arrêter d’avoir uniquement la vision populaire, socialo-étudiante, alcolo, punk à chiens, tags, trafic de stup, terrasses, kebab, pubs sauvages, bars et rue de la soif pour Rennes (je caricature à peine) ». Eh ben qu’est-ce que ce serait s’il caricaturait vraiment ? Il a même inventé un statut social : l’étudiant bourré.
    Je travaille dans le secteur Sainte-Anne depuis 10 ans, c’est un quartier où il existe une vraie mixité sociale (étudiants pas tous bourrés, salariés, commerçants, retraités, CSP +…) qui à mon avis est menacée par la gentrification qu’on observe dans toutes les grandes villes. Lille et Lyon, citées dans le post plus haut sont des exemples flagrants de ghettoïsation sociale (Les quartiers touristiques et d’affaires sont peut-être agréables mais les quartiers sud de Lille, Les Minguettes ou Vénissieux en banlieue lyonnaise sont loin d’être des « quartiers sympathiques »). Rennes a des arguments pour évoluer de manière originale, dommage que ses édiles l’enferment dans des schémas de grands projets inutiles qui ont montré leurs limites ailleurs.

  5. Filou

    @Fab, c’était ironique, j’ai précisé 2 fois que je caricaturais (l’expression « à peine » n’est pas à prendre au sens propre). Heureusement que les 65 000 étudiants rennais ne sont pas tous saouls ! 🙂
    Pour la gentrification, justement, le fait de mettre un palais des congrès dans une place centrale et populaire est original et exceptionnel (en sens littéral), c’est une situation unique en France avec un accès au centre historique qui feront le bonheur des commerçants et congressistes ! Tous les autres centre des congrès sont en périphérie, austères, loin des centres ville et entouré de parkings sans âme, près des gares, des bureaux ou des cours d’eau et ne vivent pas le soir (ex : à Reims).

    Même si Rennes doit parfois s’en inspirer, elle n’est ni Lille, ni Lyon, l’exemple génial de la futur gentrification ou mixité sociale (inverse) du Blosne d’ici 2030 montre une nouvelle fois que Rennes ne fait pas comme les autres villes. Dans le nord, il y a Lille la bourgeoise puis Tourcoing, Roubaix, les pauvres dans le Rhône, il y a Lyon et à l’opposée Vénissieux. A Rennes, il y a tout le monde regroupé en une seule ville avec des quartiers différents qui auront tendance à être intimement liés. Arrêtons de voir le mal partout, Rennes reste une ville exemplaire. De même, elle n’a que des hôtels 1 ou 2 étoiles, aucun siège social de grande entreprise (hormis Le Duff), prequ’aucun touriste et au projet projet, ça gronde, il faut que la villes évolue et monte un peu en gamme sans oublié les autres classe qui ont fait l’histoire de la ville. Ville qui malgré tout ces travaux reste quand même à taille humaine ! Après, je comprends que le cout, l’espace étriqué (pas de parking), la faible jauge du couvent puissent choquer certains. RDV en 2020 voir les impacts de ce centre des congrès !

    PS : De quels projets inutiles qui ont montré leurs limites ailleurs veux-tu parler ?

  6. Politistution

    @Filou : La mixité sociale inverse du Blosne ne fonctionne toujours pas et pourtant on en parle depuis quelques temps déjà… Avec l’appellation ZSP, va tenter de rassurer le « bourgeois » à venir s’y installer (là c’est ironique mais un peu vrai quand même). En plus, le beau projet du conservatoire a du plomb dans l’aile avec ces – 20 millions.

    Un centre des congrès à 100 millions sur un marché tendu & difficile (il en existe à Nantes, a Saint-Malo , à Quimper) en valait il le coup?
    Pourquoi ne pas réhabiliter un genre de liberté (proche gare) et foutre le reste de la thune dans la rénovation du couvent et en faire un équipement destiné exclusivement aux rennais (style maison de quartier, musée…) ?

  7. Phil

    Moi je n’aime ni les punks à chien casse-burnes, ni les bobos friqués de gôche, ni les hommes d’affaires arrogants…

    Je suis normal, alors je vais où ?…

    Pas à Rennes en tout cas…

  8. Filou

    La mixité inverse du Blosne ne fonctionne pas car elle vient juste de commencer ! Seule 5-6 tours sont en train d’être rénovées, mais tout le quartier va y passer et de nouveaux logements seront créés jusqu’en 2030. Ca ne va pas plaire à ceux qui ont 3 places de parking au pied de leur tour, mais je peux t’assurer qu’un étudiant de 20 piges ou un jeune couple de 25-30 y trouvera son compte (nouveau centre commercial de quartier, un nouveau conservatoire de 20 millions quand même, proche d’Alma, de la rocade) un peu comme à Villejean aujourd’hui. Après c’est sur que pour un CSP++ ou une famille, ce sera plus compliqué.

    Les grand travaux passés, actuels et futurs dans le centre peuvent apporter un peu de gentrification certes, mais ça a au moins le mérite de nettoyer et mettre en valeur ce centre qui en avait bien besoin. Petit à petit, il devient quand même moins moche qu’il y a 10 ans : voirie refaite, trottoirs élargies, moins de tags qu’avant (c’est pour dire!), nouvel éclairage, façades ravalés, pistes cyclables. Il n’ y a qu’à voir la différence au croisement des rues de Bertrand/Hoche entre 2008 et 2014 (street view). Mais il reste encore tellement à faire sur les espaces publics (Champ-jacquet, Parlement, quais Vilaine vers le musée des BA ou le canal vers les Lices). Même au niveau commerce : en plein centre, on a Noz, Easy Cash peut-être bientôt Tati à la place du Virgin. Mais dès qu’un projet plus haut de gamme arrive (hotel 5 étoiles rue Joffre, prairie Saint-Martin), on crie au scandale en disant que Rennes ne pense qu’aux riches. Il faut de tout sinon Rennes ne sera pas attractive. N’oublions pas que Rennes est une ville très (trop?) sociale, qui prône les HLM, la mixité et la cohésion à tour de bras, parfois au point d’oublier qu’il y a aussi des classes aisées en ville. Ainsi à force de faire des cubes HLM un peu partout en ville au moindre espace dispo, les familles se barre à Pacé, Betton ou Bruz, entre autres. Rennes perd des habitants au profit du reste de l’aire urbaine !

  9. Ayct

    Vous oubliez de dire que les nouveaux logements créés à la place du mur Dubonnet seront des logements sociaux, que le métro ligne b permettra aux habitants de Maurepas et de Cleunay (quartiers populaires) de rejoindre la place Sainte-Anne en moins de 10 minutes… D’ailleurs les immeubles 20-21 démolis l’ont été pour réaliser la station de métro, aucun autre ne sera démoli, bien au contraire beaucoup sont réhabilités et le travail sur la protection du patrimoine est remarquable à Rennes.
    Le centre de Rennes meurt justement du fait d’un manque de mixité sociale, il n’y a plus de famille, la vacance ne cesse d’augmenter dans les logements. Être hostile au changement c’est accepter la mort du centre historique.
    Je suis d’accord pour dire que le projet de centre des congrès est totalement inadapté et qu’on aurait pu faire autre chose de beaucoup mieux en consultant les Rennais. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès.

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