[Livre] : « Bonjour Oncle Grésillard » de B. Torsvan

Ret Marut, Londres, 1923 ®Wikipédia

Ce monde va mal.

Même si dans quelques jours nous serons nombreu·x·ses à nous souhaiter la bonne année, et surtout la santé, hein, parce que c’est important la santé… ce monde va mal. C’est en tout cas ce qu’il ressort de la longue introduction de ′Bonjour Oncle Grésillard. A gauche, un mur; à droite, un précipice; tout droit, une voie sans issue. « Tout le monde est au courant de l’abyssale imbécilité de ce système dont le fonctionnement a pour principe la recherche inconditionnelle du profit et pour fin l’enrichissement sans limite d’une poignées de familles aux dépens de milliard d’être humains dépossédés et exploités(p°14) ». Et pour celles et ceux qui voudraient suivre un autre chemin que celui déjà tout tracé, attention, c’est à vos risques et périls ! « Les tentatives individuelles de faire autre choses conduisent à la marginalité à l’exclusion, à la prison, les tentatives collectives à des désastres plus grands encore(p°9) ».

Alors, on fait quoi ? On détourne le regard, on déclare forfait ? Pire, on recule d’un pas pour mieux observer tout ce merdier avec cynisme, ce qui revient finalement au même selon l’auteur de ce libelle, B. Torsvan(1) ? « Ces braves cyniques peuvent se prendre pour des anticonformistes, des libres penseurs mais en définitive ces pantins font exactement ce qu’on attend d’eux : ils ne changent rien(p°16) ».

 

Pourtant, quand bien même  « toutes les solutions semblent des impasses(p°46) », certain·e·s ont décidé d’agir, de se faire la malle et de ne plus obéir à l’ordre des choses. ′Faire tapis′ sur l’avenir et tout miser sur la liberté. Chiche !

Face à la déconstruction systématique, « le déconstructionnisme comme toute morale est un commerce de la culpabilité(p°67) », ce brûlot promeut la tentation de l’innocence qui « pose l’existence d’une hétérogénéité radicale des points de vue et interdit de ce fait tout jugement à priori(p°90) ».  « L’innocence ne fait pas de compromis, elle ne peut accepter l’injustice […] c’est la négation des métaphysiques de bourreaux(p°94-95) ».

Bonjour Oncle Grésillard, subtile référence au poème de Jacques Préverts’emploie donc à tordre le cou à ces métaphysiques des bourreaux en nous donnant des pistes de réflexion, en nous questionnant sur l’essentiel. Certes, nous ne sommes pas d’accord sur tout mais là n’est pas l’essentiel puisque le débat se crée au fil des pages. D’ailleurs, les illustrations de Franz-Wilhelm Seiwert(2) qui ponctuent la fin de chaque chapitre nous aident à méditer sur nos propres contradictions.


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Bonjour Oncle Grésillard – Libelle pour tordre le cou aux métaphysiques des bourreaux, de B. Torsvan,

Éditions des Bricoles, Rennes, 2017

Disponible : LE PAPIER TIMBRÉ, LA COUR DES MIRACLES, PECARI AMPHIBIE, PLANETE IO, LA NUIT DES TEMPS  à Rennes.

Site : https://onclegresillard.wordpress.com/

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(1) pseudonyme qui fait référence à B. Traven/Ret Marut ;

(2) illustrations parues initialement dans une revue anarchiste munichoise Der Ziegelbrenner ;

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