Après une prestation qui nous a mis une claque massive et glacée à la Route du Rock en août dernier, on attend avec une folle impatience le retour de The Soft Moon sur les terres bretonnes. Grâce au festival Musiques Volantes qui fera une escale à l’Antipode le 14 novembre prochain, le trio de San Francisco devrait nous refiler des frissons de bonheur. Retour sur l’interview que Luis Vasquez, chanteur, guitariste et initiateur du groupe nous avait accordée à la Route du Rock cet été, au soleil sur un transat.
Alter1fo : Peux-tu nous parler des conditions dans lesquelles a été conçu et enregistré le premier album (sans titre) de The Soft Moon ?
Luis Vasquez de the Soft Moon : C’est une histoire que peu de gens connaissent mais j’ai écrit quelques chansons en 1999 et je les ai laissées de côté non finalisées. Puis les années sont passées et quand j’ai redécouvert ces chansons, j’ai senti que c’était quelque chose que je devais finir. Leur donner un vrai nom et les transformer en un vrai projet. Tout ça n’est arrivé qu’en 2009.
L’as-tu enregistré seul ? C’était bien un projet solo au départ ?
Tout à fait. Ça l’est toujours aujourd’hui. J’écris encore seul à ce jour mais j’ai maintenant un groupe pour jouer sur scène. Dans le futur j’espère qu’ils vont aussi intégrer le processus d’écriture. Pour partager des idées. Je pense que ça pourrait faire évoluer le projet encore plus loin. On verra si ça arrive.
Pourquoi est ce que la plupart des morceaux se terminent de façon très frustrante en fade out (diminution progressive du volume)?
Vraiment ?
Oui, je crois qu’il n’y a qu’un seul morceau qui ne finit pas comme ça.
J’ai une place spéciale dans mon cœur pour les fade out. Ils créent une certaine forme d’infini. Ils donnent le sentiment que la chanson ne s’arrêtera jamais… et puis quand je ne sais pas comment terminer une chanson, c’est la solution la plus simple.(rires)
Les quatre titres de votre EP Total Decay semblent pousser votre musique dans ses retranchements. Plus répétitif, plus rythmé, plus ample, plus sombre, plus épuré, plus cinématographique…Y avait-il une volonté de tester vos limites ?
Pour moi, le EP, était une opportunité de faire ça, exactement. D’être plus radical que sur l’album. D’être aussi un peu plus audacieux. Comme par exemple pour Visions, le dernier morceau qui a un côté danse africaine ou techno. Je n’avais pas pu faire ce genre de chose sur le premier disque et j’ai pensé que cet EP était le bon moment pour le faire.
Quand on écoute votre musique ou qu’on vous voit sur scène, on est un peu surpris de la présence du mot «Soft» (doux) dans votre nom de groupe. D’où vient ce paradoxal adjectif ?
Le Soft vient surement de mes sentiments d’insécurité, d’un certain manque d’assurance… et d’un peu de tristesse aussi. Voilà d’où je pense que ça vient.
Autre paradoxe, sur scène il y a le sentiment contradictoire d’une rythmique inhumaine, industrielle presque monstrueuse et quelque chose de très émotionnel qui passe. Es-tu conscient de ça ?
Oui, j’en suis tout à fait conscient. Quand je joue sur scène, c’est vraiment une catharsis. C’est pour moi l’occasion de relâcher tout ce que je suis. Mes émotions. Mes pensées. Donc oui, j’en suis très conscient et ça me fait du bien.
Avez-vous une façon différente de jouer sur une grande scène que sur de plus petites ?
Habituellement, je trouve les très grandes scènes, comme celle de vendredi [à la Route du Rock 2012], assez inconfortables. Parce qu’on est vraiment séparés du public. Mais pour je ne sais quelle raison, pour la première fois je l’ai trouvée très confortable. Mais d’habitude je suis beaucoup plus à l’aise sur de plus petites scènes. J’ai beaucoup aimé le lien avec le public.
Où en êtes vous de Zeroes, votre second album ?
Je viens tout juste de finir de l’écrire il y a un mois de cela. Il doit sortir aux États-Unis le 30 octobre et en Europe le 4 ou le 5 novembre. [NDLR : et bien, il est comme prévu, sorti le 5 novembre dernier en Europe]
A quoi doit-on s’attendre ?
Vous pouvez vous attendre à une évolution ou plutôt une extension du premier album. Mais il y aura aussi quelques éléments de Total Decay. Ce sera plein d’émotions, plus extrême, avec des tons plus sombres, tout en étant plus dynamique.
Y aura-t-il une évolution dans la façon très impressionnante dont tu utilises ta voix ?
Je chante plus dans celui là. Sur le premier album, je devais murmurer parce que mes voisins se plaignaient tout le temps. Mais ce coup ci, après avoir écrit ma musique à la maison, j’ai pu aller dans un studio donc j’ai pu être plus bruyant et chanter davantage. Donc oui, il y aura plus de variations sur ma voix même si on retrouvera des similitudes.
Nous avons été très impressionnés par votre collaboration avec John Foxx d’Ultravox (groupe phare des nouveaux romantiques anglais dans les années 80). Comment cette rencontre a-t-elle eu lieu et peut-on s’attendre à d’autres collaborations dans le futur ?
Je l’ai rencontré à Londres mais avant ça il avait pris contact avec moi par e-mail en disant qu’il était un fan. Il était donc intéressé de voir le concert à Londres l’année dernière. Il est venu. On a discuté backstage à propos d’une collaboration.
C’est assez différent de ce que vous faites.
En effet. Il m’a envoyé une idée et j’ai rajouté les miennes par dessus. Puis il a ajouté sa voix, ce qui a rajouté une sacrée dimension. Le résultat est très chouette. J’ai essayé de jouer dans un style proche de John Foxx. Quelque chose dans les tons de Metamatic (le premier album solo de John Foxx), assez nostalgique. J’espérais que ça lui plairait. Apparemment ça lui a plu, parce ce que morceau sera sur son prochain EP en septembre.
Des remixes de prévu ?
Il devrait y en avoir bientôt. J’ai eu plusieurs propositions et j’attends juste le bon moment et la bonne association.
Pour terminer, peux tu nous citer trois disques sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?
Oh wow. Laisse moi réfléchir quelques instants… Probablement Michael Jackson, Off the wall, Slayer, Reign in Blood et… Prince, Purple Rain.
Merci beaucoup.
Merci.
Interview réalisée par l’indispensable Mr B.
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Dans le cadre du festival Musiques Volantes, l’Antipode MJC présente The Soft Moon, Ty Segall et Tristesse Contemporaine à l’Antipode (2 rue André Trasbot, Rennes) le mercredi 14 novembre à 20h30.
Tarifs : Membres : 13€ – Location : 15€ – Sur Place : 17€ – Sortir! : 4 euros
Plus d’1fos : le site de l’Antipode