L’association Des Pies Chicaillent aura à peine eu le temps de se remettre de sa très belle fête de troisième anniversaire qu’elle repart déjà de plus belle le mercredi 12 juin avec un chouette retour aux sources. Elle accueillera ainsi, au Bar’hic, l’indie folk bigarrée et facétieuse des canadiens de The Burning Hell et l’indie pop aventureuse de Papapla.
Pour l’association Des Pies Chicaillent, l’aventure a démarré en mai 2016, au Bar’Hic déjà, avec une très belle première date regroupant Megrim et l’iconoclaste Jeffrey Lewis. Retour aux sources avec une nouvelle soirée mercredi 12 juin au même endroit et au cours de laquelle on retrouvera l’excellent duo local Papapla mais aussi des camarades de Jeffrey Lewis : les canadiens de The Burning Hell.
Depuis 2007, le canadien Mathias Kom s’entoure de ses ami.e.s pour composer et jouer sur scène des chansons à l’humour vachard et à la folie douce amère sous le nom de The Burning Hell. S’inspirant de l’intitulé d’un tract que lui a tendu un fou de Dieu dans un marché pour son diabolique patronyme, le groupe est une sorte d’auberge espagnole musicale, accueillante, collective et jubilatoire. Au fil des péripéties et de la parentalité de ses acolytes, le combo oscille entre une douzaine et trois membres. La galerie d’instruments dont dispose la bande évolue également grandement au fil du temps. Du coup, la petite dizaine d’albums foldingues, insaisissables et réjouissants brasse large au niveau des styles musicaux, des thèmes abordés et des structures de disque. Anti-folk, indie rock, blues chaloupé… tout est bon pour accompagner les textes épiques ou minuscules de Kom. Avec un phrasé imparable et un talent d’écriture certain, le bonhomme raconte des histoires de goélands, de prêtre tueur à la poursuite d’amants en fuite, de célébrités incomprises, d’échecs retentissants et de futurs possibles… ou encore celle d’un couple se formant lors d’un réveillon en s’accordant autour de deux mottos à reprendre en chœur : « Nique le gouvernement » et « Je t’aime ». Entre autobiographie et histoires plus ou moins délirantes, le bonhomme et ses camarades de jeu bricolent une musique joyeusement dépressive et profondément attachante.
Nous sommes donc ravis au plus haut point d’avoir l’occasion de croiser le chemin de cette belle troupe. Leurs prestations scéniques ont la réputation d’être aussi foutraques et réjouissantes que leurs disques, autant dire que cela devrait un superbe et chaleureux boxon dans l’espace confiné du Bar’Hic.
Si nous connaissions déjà depuis un certain temps Thierry Lolon (leader du groupe Band of Ghosts), et Martial Hardy (pilier central de l’excellent label Les Disques Normal sur lequel on retrouve les albums de Bumpkin Island, Arianna Monteverdi, Kalamar Superstar ou encore Mermonte et Santa Cruz), nous n’avons découvert la musique du duo formé par les deux zigues : Papapla, qu’en novembre 2017 sur la scène du Bar’Hic lors d’une très chouette soirée organisée par l’amicale Jean face, groupe internet dénicheur de pépites Indie Rock ou pop ligne claire et donc aussi organisateur de soirée concert de haute qualité.
Derrière ce patronyme aux allures de blague de Gaston lagaffe (Chez les papas, il y a les papapla et papa pas pla…) se cache l’association des deux potes liés par l’amour commun d’une musique pop/folk/rock atypique, indépendante et sensible et sans doute par bien d’autres choses. Le projet démarre en 2016 et après avoir pris le temps de pas mal expérimenter. Ils sortent finalement leur premier disque Sounds of Papapa – Vol.1 le 8 juin 2018 via vestibule, Microcultures et Differ- Ant. On retrouve avec plaisir sur les onze titres de la galette l’équilibre délicat entre tension et fragilité qui nous avait beaucoup plu lors de leur concert de l’an dernier. De la ballade fantomatique et vacharde à Saint Tropez, au désarroi lumineux de What I am Doing Here en passant par l’irrésistible fuite en avant de Je n’adhère plus, les deux compères arrivent à créer un univers singulier et touchant qui nous devient très rapidement familier. On y retrouve quelque chose de l’étrangeté lunaire d’Un Bertrand Belin, la concision impitoyable d’un Dominique A ou encore l’épure imparable de Young Marble Giants. La voix évocatrice et le phrasé finement déconcertant de Thierry s’allie parfaitement aux bidouilles discrètes et atmosphériques de Mathias pour une musique qui, sous de faux airs de petite chose minuscule, sait imposer une personnalité savoureusement singulière. Le genre de disque qui s’installe en douceur mais sans doute durablement.
Nous vous invitons donc plus que chaudement à jeter une oreille attentive à l’album, ou mieux à venir le découvrir en live, par exemple lors de cette très prometteuse date.
Mercredi 12 juin 2019 – Bar’Hic, place des lices, Rennes 21h
7€ (5€ pour les adhérents à l’asso Des Pies Chicaillent)