Le squat : lieu de répit dans une vie de galère…


Quartier Gare/Saint Hélier, impasse des Français Libres. De la rue, tout en marchant vers notre lieu de rendez-vous, nous voyons déjà la banderole accrochée à une fenêtre : « Nous dormons dehors alors que des logements sont vides ». Arrivés devant le grand portail vert, des rires d’enfants se font entendre. Un petit mot de bienvenue griffonné sur le permis de construire nous indique de ne pas hésiter à sonner. Ce que nous faisons. Presque timidement. Il est toujours délicat de rentrer dans l’intimité des gens, encore plus quand il s’agit d’un squat. En effet, depuis le 11 février, plusieurs familles sans logement occupent cette bâtisse appartenant au groupe Lamotte (promoteur immobilier).

Une personne du collectif CARPES (Construisons Apprenons Résistons Pour l’Emancipation et la Solidarité ) nous ouvre et à peine avons-nous marché quelques pas dans le jardin que plusieurs enfants délaissent leurs activités ludiques pour venir à notre rencontre. Ces derniers semblent rudement bien s’adapter à leur nouveau terrain de jeu et leur énergie fait plaisir à voir.

Pour rappel, ces familles, pour la plupart originaire de la République Démocratique du Congo, avaient occupé  les locaux du CRIJ quelques jours auparavant avec l’aide du collectif (plus d’1fos : ici). Après leur départ, ils ont investi cette demeure inoccupée depuis pas mal de temps déjà mais qui est restée en bon état. Douze adultes et dix-sept enfants sont donc logé⋅e⋅s ici, en attendant mieux. Un point commun les réunit  : une vie de galère. Sans papier, tou⋅te⋅s doivent vivre une errance forcée : manque de place dans les CADA, dans les foyers, un 115 débordé. Ces familles connaissent la rue et alternent les nuitées d’hôtels et les centres d’hébergement d’urgence.

« Arrivée à Rennes avec mes trois enfants depuis trois ans, je suis ici car je n’ai pas de logement. Des fois, je suis dehors quand il n’y a pas de place dans les foyers ou quand le 115 n’a pas de solution. Pourtant, il y a des maisons qui restent vides et qui ne sont pas habitées… On est bien ici mais nous ne savons pas combien de temps nous pourrons rester.», nous  explique Rosa(1), actuellement sans titre de séjour.

Les chambres réparties sur les deux étages sont déjà toutes occupées. Les familles (majoritairement des femmes et des enfants) cohabitent avec le strict minimum pour le moment. L’eau chaude et l’électricité sont malgré tout fonctionnels depuis peu. Ne manque plus que le chauffage(2). Impossible de ne pas penser au squat de la Poterie qui a connu les mêmes difficultés.

Aujourd’hui, la vie s’organise tout doucement. Une bonne odeur de plats cuisinés envahit le rez-de-chaussée. Deux femmes discutent entre elles dans une pièce aménagée spécialement pour le linge. Plus loin dans le couloir, une mère réalise des tresses à sa fille qui ne semble pas trop apprécier. Sa grande sœur en rigole gentiment.

Ce point de chute dans un quartier en pleine transformation (Eurorennes/LGV) permettra à ces familles de souffler un peu. Fini l’angoisse de ne pas savoir où dormir la nuit. Mais tout n’est finalement que sursis : entre l’espoir d’une régularisation de leur situation et la crainte de se retrouver de nouveau à la rue. Cette vieille maison bourgeoise aux briques rouge fait partie intégrante d’un prochain ensemble résidentiel alors chacun⋅e⋅s espèrent pouvoir rester au moins jusqu’au début des travaux. Pas sur ! Un huissier est déjà venu constater l’occupation illégale des lieux. Aux dernières informations, une procédure d’expulsion serait déjà en cours et l’on se dirigerait vers un jugement pour la mi-Mars. La trêve hivernale prendra fin cette année le 31 de ce mois.

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(1) Prénom d’emprunt

(2) Mise à jour (03/03/2017) : le chauffage central a été remis en route le jour même de la publication du papier.

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 PLUS D’1FOS : 

http://www.carpes-rennes.org/

Samedi 04 Mars : Manifestation en soutien des migrant.e.s de La Poterie

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