Pour son ultime soirée organisée dans le bar la Bascule, l’association Kfuel retrouvait ses bases en invitant, vendredi 10 mai 2013, deux groupes pratiquant un noise-rock tranchant et tortueux. Les prometteurs Trench Piss et surtout les classieux Pylone ont donné deux prestations belles et furieuses, concluant avec brio l’association entre ce magnifique lieu et les adorateurs de musiques indociles.
Nous étions très impatients de découvrir ces deux groupes sur scène. D’abord les nantais de Trench Piss parce que les titres distillés sur leur bandcamp les indiquaient sur une enthousiasmante courbe ascensionnelle. Les toulousains de Pylone ensuite, car leur premier disque Things That Are Better Left Unspoken nous avait plus qu’impressionné.
Rappelons pour les distraits et pour ceux dont leur religion leur interdit de lire les annonces de concert que le groupe Trench Piss est constitué de Fabien à la batterie et de Pierre à la basse (qu’on ne connaissait pas jusque là) et des plus familiers Thomas Beaudelin (Ex Café Flesh et en solo sous le nom de Tom Bodlin) et Gildas (un des deux guitaristes des ChooChooShoeShoot). Ce n’est pas la foule des grands soirs et le quatuor débute donc son set devant un public clairsemé mais accueillant et attentif. Le set démarre par le terrible enchainement RIP/Hello Kitty, familier pour ceux qui ont écouté le Bandcamp du groupe. Ça joue fort, furieux et rentre dedans. Leur noise rock rageur et cathartique tient toutes ses promesses. Thomas Beaudelin impressionne en se sortant les tripes à grand coup de vociférations de possédés et le reste de l’équipe assure dans un style assez classique mais diablement efficace. Belle intensité donc, même si tout ça est encore un peu jeune : la setlist aligne seulement huit morceaux manquant encore un peu de nuances, et on aurait aimé que l’utilisation des effets sur la voix aillent encore plus loin, mais on suivra avec attention la suite des aventures du groupe. Pour en savoir plus sur les zigues vous pouvez aussi écouter leur interview chez les nantais de No Scrum No Win.
Le set complet en couleur filmé par les bons soins d’Appolo’s mouse.
Le contraste avec le début de concert des toulousains de Pylone est assez saisissant. L’insidieuse et lancinante introduction ne va pourtant pas cacher son jeu bien longtemps. La déflagration ne tarde pas à arriver pour le plus grand plaisir du public. A partir de là, on a la certitude que ça va être très très bon. Le set sera un long et généreux jeu de chat et de la souris entre ambiance plombée et éclairs dissonants électrifiants. Signe qui ne trompe pas, la température du bar frise rapidement les normes sahariennes. Leur façon de jouer sur les contrastes et d’étirer leurs morceaux tout en conservant un tension remarquable rappelle avec bonheur les fabuleux concerts d’Enablers (grands souvenirs du lieu). Histoire d’achever d’avoir la classe, l’équipe se paye le luxe d’être très chaleureuse et fait preuve d’une complicité scénique tout à fait réjouissante. La grande classe tout simplement, avec en points d’orgue les superbes paroles en français de la chanson « Le combattant » et l’hypnotique et inéluctable « White dress ». On en profite pour chopper leur élégant vinyle qu’on vous conseille également chaleureusement (pochette et intérieur d’Eric Mahé, CD inclus… quand on vous dit qu’ils sont généreux).
Et hop encore une excellente vidéo du concert toujours chez notre boutique préférée.
Très belle soirée concluant donc les concerts Kfuel à la Bascule, le patron Gilles, ayant décidé de vendre son bar. On le remercie bien, lui et ses complices pour leur bel esprit d’aventure depuis 2007 et toutes les merveilleuses soirées qu’ils nous ont permis de passer en ce lieu. On a arrêté de compter les claques et autres grands frissons vécus dans ce bar. La programmation farouchement « autre » et la proximité scénique simple et directe du lieu, nous aura permis de vivre ces musiques au plus près et avec une intensité rarissime. On continuera bien sûr à suivre au plus près la programmation du lieu et à vous en vanter les merveilles atypiques jusqu’au bout.