Après Nantes samedi et Angers dimanche, ce concert des clermontois au Sambre a été confirmé au tout dernier moment. Un lundi soir pendant les vacances scolaires, on pouvait craindre le pire.
Mais une quarantaine de spectateurs avaient bravé le froid pour (re)voir Leopold Skin et pour découvrir St. Augustine, de passage pour la première fois à Rennes.
On retrouve Damien à l’entrée du Sambre et François-Régis qu’on a le plaisir d’interviewer avant la balance.
Le public arrive doucement et c’est une bonne moitié de la petite salle en sous-sol qui accueille François-Régis Croisier aka St. Augustine. Première bonne surprise : Damien l’accompagne pour faire « tatapoum » avec tom, mailloches et cymbale. Deuxième bonne surprise : il vient nous présenter pour la première fois à Rennes ses compositions, et quand on a son premier opus Changing Plans comme album de chevet, difficile de cacher son enthousiasme.
Il nous cueille d’entrée avec le somptueux Icelandic (on met quelques instants à retrouver ses repères sans les trompettes mariachis de l’album !). Le timbre de voix est superbe, l’amplitude impressionnante entre des graves chaleureux et une voix aigue joliment posée. Et puis les mélodies sont redoutables d’efficacité, jouées avec beaucoup de douceur à la guitare.
Le temps est suspendu, on en oublie l’endroit où l’on se trouve…
Il nous offre des morceaux de son futur EP June, A Maze, qui sortira fin avril, dont il nous a parlé lors d’une interview que vous retrouverez prochainement sur le site.
Le registre des morceaux est quelque peu différent de son premier album, mais l’émotion est là (10 arms), et le clermontois nous donne clairement envie de découvrir ce nouvel opus qui aura la particularité d’être diffusé à 500 exemplaires, chaque pochette étant illustrée par un dessin original de François-Régis.
La complicité avec Damien est évidente et non dénuée d’humour. Les voix se marient parfaitement et on sent l’admiration réciproque. Ils nous font le plaisir de jouer Remains & Souvenirs, un titre qu’ils ont composé avec Alexandre Delano (The Delano Orchestra) lors d’une semaine de création qui a abouti à l’album Winter & Bonfire.
François-régis nous délivre aussi les petits joyaux de son premier album : des morceaux remplis de sensibilité (Let It Go, Polar Bears, et le superbe Broken Lens qui clot l’album et ce concert).
Une prestation tout en sensibilité pour un artiste abordable et généreux. On a qu’une envie : le revoir très rapidement dans la région (avec Hospital Ships ?). Une sortie d’EP et une tournée à suivre de (très) près…
Après une pause, J.F. Buy & Hayley Moore sont venus nous présenter quelques titres, accompagnés de Gilles (guitare électrique, harmonium, theremin).
Une belle voix grave pour J.F., un joli brin de voix pour Hayley, au service d’une musique entre folk et americana.
Après une reprise d’un traditionnel folk (J.F. à la guitare folk et Hayley au banjo), J.F. prend sa guitare électrique et Hayley son hammer dulcimer (une sorte de harpe posée sur une table et frappée par de petits marteaux), pour une prestation qui gagne en intensité.
On pourra regretter de ne pas entendre suffisamment la belle voix grave de J.F., mais leurs compositions s’avèrent être intéressantes, avec en point d’orgue une jolie reprise de Dylan. Le duo de leurs deux voix s’accorde parfaitement.
Un concert qui nous donne envie d’en savoir un peu plus sur ce duo du label rennais Youpsa (peut-être lors d’une prochaine interview).
Après avoir découvert Damien Fahnauer aka Leopold Skin en concert à la Bascule en septembre 2010 puis en première partie de Beach House à l’Antipode (accompagné de François -Régis aux percussions, clavier et guitare), nous retrouvons avec plaisir cet artiste humble et talentueux.
Il vient à Rennes nous présenter son deuxième album, I see Mountains, dans les bacs depuis fin novembre 2010. Il nous avait présenté quelques titres de cet album en septembre, mais les morceaux ont gagné depuis en épaisseur. Les ruptures entre douce folk et montées en puissance orageuses se font dans une fluidité étonnante. Damien confirme son virage plus pop/rock sans toutefois délaisser sa folk originelle. L’harmonie des deux styles est renforcée par l’accompagnement de François-Régis, dans un mélange de percussions intensément jouées, et de petites touches sensibles au clavier.
Damien a essentiellement joué les morceaux de son dernier opus, qui mélange habilement mélodies folk accrocheuses et montées rock d’une intensité rare. Son grain de voix si particulier sert à merveille ses compositions. Dès les premières notes de First Morning Light, on se retrouve plongé dans l’univers de Leopold Skin. Le morceau débute en douceur pour finir dans une tempête sonore complètement maitrisée. Quelques notes délicates au Korg, quelques accords de guitare et le superbe Please Get Out !, avec son petit riff entêtant. On en oublie l’absence des trompettes dans ce morceau tout en retenue.
On sent aussi l’étroite collaboration de François-Régis sur ce second opus : il accompagne vocalement Damien sur de nombreux titres, et son timbre de voix nous fait oublier les duos d’origine sur le touchant Back To Montreal et l’énergique Goodbye.
Il nous gratifie de Castles, un morceau qui ne figure pas sur ses albums, mais que l’on peut retrouver en écoute gratuite sur le site de Kütu Folk : ce magnifique morceau sait faire la part belle au chant choral du duo clermontois.
En deuxième partie de son set, Damien nous délivre deux des plus beaux morceaux de l’album, Lonesome And Cold et I See Mountains, exemples parfaits du contraste réussi entre douceur folk et montées en puissance. L’utilisation des percussions et du Korg ajoute clairement de la profondeur. Et le choeur de François-Régis, jouant sur les variations d’intensité de son timbre, renforce cette impression.
Et purée, ce duo de voix qui touche au sublime quand François-Régis, seul dans un coin de la scène, accompagne Damien, pour un moment de grâce inouï sur Howling Voices, tout dernier titre de l’album et de ce set d’exception.
Il y a des moments comme ça où le temps passe (beaucoup trop) vite. Nous ne savons pas encore si le label Kütu Folk nous fera le bonheur de revenir rapidement avec ses artistes sur Rennes (Evening Hymns fin mai ?).
On sait juste qu’on y sera…
site du label Kütu Folk
Photos : Solène