Un roi est mort. Sky Saxon, le mythique chanteur des Seeds du Los Angeles des mid-Sixties est mort jeudi matin a annoncé un message laconique envoyé par sa femme via sa page facebook. On ne pouvait s’attendre à mieux de la part de quelqu’un qui n’avait jamais rien respecté.
Les Seeds sont l’archétype du rock garage, ce genre particulier né en réaction à la « British invasion ». En 1964, les Beatles entament leur premier périple américain et provoquent un choc dans tout le pays. Rapidement tous les groupes Anglais vont suivre et influencer durablement l’ensemble du paysage musical américain. Certains plus sauvages que les autres comme les Pretty Things, les Yardbirds ou les Them de Van Morisson, sont vénérés par les petites teignes locales qui s’empressent de les imiter. Du coup, partout dans le pays des milliers de petites formations se lancent dans le rock. La plupart de ces groupes ne sortiront qu’un ou deux titres avant de disparaître. Mais quelques rares chanceux vont durer suffisamment longtemps pour laisser une petite trace dans l’histoire. Les Seeds de Sky Saxon font bien évidement parti du lot. il en sont mêmes les représentants les plus significatifs. Le Combo formé en 1965 réussira l’exploit de sortir 4 albums composé par leur soin. Musicalement les 2 premiers « The Seeds » et « Web Of Sound » sont des classiques du genre. On y retrouve tous les ingrédients : la guitare fuzz, l’orgue « Wurlitzer » (celui de Ray Charles sur « What I Say »), chant hautain et chevrotant, et l’inévitable solo de guitare aigrelet. Les morceaux à retenir sont : « Pushin’ Too Hard », « Can’t Seem To Make You Mine », « No Escape » et « Mr Farmer », autant d’hymnes aux frustrations adolescentes.
Le 3ème Opus du groupe « Future » sera un album exploitant le filon psychédélique de l’époque. Sans être un classique du genre, l’album n’est pas mauvais en soi et il peut très bien constituer une première approche au Psychédélisme. Il conviendra parfaitement à ceux qui seraient effrayés par les solos à rallonge du type « Grateful Dead« , Santana et consorts. Le dernier album du groupe, « A Full Spoon of Seedy Blues » (1967) change une nouvelle fois de direction. L’album dans une veine « blues rock » préfigure l’orientation de la musique de la fin des sixties. Trop tôt, les Seeds sont à coté de la plaque et tirent leur révérence après avoir sorti un disque live, où le moins que l’on puisse dire, c’est que Sky Saxon à l’air « habité ».
La suite de la vie de Sky Saxon est un vrai roman de « Freaks ». Il rejoints notamment la secte « Source Family » et joue dans leur groupe Ya Ho Wa 13. On peut aussi noter que dans les années 80 plusieurs de ses album solo sortiront sur le fameux label/disquaire parisien « New Rose ».
Les Seeds se reforment en 1989 pour une tournée avec Arthur Lee et Love, puis en 2003, le guitariste Jon Savage les rejoints pour une tournée qu’il écourte pour raison de santé. Depuis Sky tournait avec de nouveaux Seeds, et certains chanceux ont pu les applaudir au « Mondo Bizarro » à Rennes où ils nous ont fait l’honneur d’y passer 3 fois depuis 2004. Sa dernière venue, fin 2008, montrait un Sky fatigué, mais comment en aurait-il pu être autrement avec un homme qui a brûlé la chandelle par les 2 bouts.
Ce que l’on peut retenir de lui, c’est qu’il était insaisissable. Capable de divaguer pendant des heures sur les ondes venant de Mars, il pouvait instantanément parler tout à fait sérieusement des méandres du fonctionnement de l’industrie du disque. Alors, que penser de quelqu’un dont on a dit qu’il était la victime n°1 du LSD à L.A ?
La seule conclusion c’est que Sky Saxon manquera dans notre monde Cartésien. La terre sera désormais plus petite sans toi Sky.
Pour approfondir :
La discographie complète des Seeds est sorti chez Edsel, en 3 Twofers (2 album sur un seul CD), soit 3 CDs contenant les 6 opus du groupe.
La bible sonore du rock garage, compilé par Lenny Kaye, le guitariste de Patti Smith Group, chez Rhino.
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