Silie Hebdo: De la délation comme composante de l’identité nationale.

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Je tiens cette semaine à apporter ma contribution au débat ouvert par Eric Besson, ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire et ayant trait à l’identité nationale. Après des jours de réflexions et de nombreuses lectures, une idée force a émergé de mon intellect : la délation. C’est très français la délation, ça fleure bon la France, sa terre, sa police, son Vel d’Hiv’.

Actuellement la tendance dans nombre de sociétés françaises est au développement de «dispositifs d’alerte professionnelle». Comme le dit joliment Nicole Otto, responsable de l’association de lutte contre la corruption Transparency International France: «dans beaucoup de pays, le donneur d’alerte est un héros» et de regretter qu’en France certaines mauvaises langues l’apparente à Vichy. Il est vrai que cette semaine la société Benoist-Girard qui avait mis en place un système «anti-corruption» a malheureusement été sommée par la justice de retirer son dispositif internet de délation. Il faut que Judas, pardon notre ministre intervienne. Cette justice de gauchistes ne peut impunément toucher aux valeurs de notre nation.

Je compte de toute façon sur notre bon président pour sauver son ami Dassault, empêtré lui aussi dans une affaire similaire. Je vous le dis, maintenons les traditions et revenons aux fondamentaux, nous éviterons ainsi la perte des repères de notre société, etc, etc. Vous connaissez le laïus. Bien sur, il faut une petite touche de modernité. Fini les missives avec lettres découpées dans le journal, place à l’internet ou à l’intranet car l’instinct de délation est une composante majeure de notre identité nationale.

Souvenez-vous des « Valseuses » et de cette fameuse réplique de Depardieu face aux voisins proposant au patron du salon de coiffure « la boîte à Tifs » de prévenir la police: « Pas d’erreur possible, on est bien en France ».

Silie
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1 commentaires sur “Silie Hebdo: De la délation comme composante de l’identité nationale.

  1. Nicole OTTO

    Contrairement au délateur que l’intérêt personnel pousse à dénoncer une personne, et qui souvent en bénéficie (ou escompte un bénéfice), le lanceur d’alerte agit dans l’intérêt général (corruption, santé, environnement, crime) en signalant un fait grave (dangerosité des éthers de glycol, ferraille utilisée pour un réacteur nucléaire, pollution de nappes phréatiques, détournement de fonds) et généralement perd son poste ou brise sa carrière (voir Cicolella, Ménéton, etc…).

    Mais si la protection des lanceurs d’alerte, comme le note la commission européenne, a été adoptée dans plus de 50 pays, il faut distinguer les pays qui n’ont jamais été occupés ou soumis à une dictature – où la loi a étéfacilement adoptée comme acte de citoyenneté, et les pays occupés ou soumis à un régime totalitaire – où le lanceur d’alerte est confondu avec le délateur (les PECO mais tout particulièrement la France et la Pologne). La loi française adoptée en 2007 ne protège que le secteur financier privé (l’agent public ne dispose d’aucune protection).

    Enfin les dispositifs d’alerte, mis en place en partenariat avec les syndicats et un déontologue, doivent être soumis à l’autorisation de la CNIL (champ d’application restreint). S’ils ne respectent pas ces conditions, ils sont justement dénoncés ou attaqués en justice (c’est un nouveau champ de la loi, à mesure précisé). En France ces dispositifs sont peu utilisés.
    Nicole Otto (Transparence International France).

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