Secret Chiefs 3 au Jardin Moderne – Interview

SECRET CHIEFS 3-3Madame Macario revient à Rennes les dimanche 25 et lundi 26 novembre au Jardin Moderne pour deux soirées à l’esprit curieux et décalé avec les indispensables Secret Chiefs 3, les tout aussi inclassables APAtT de Liverpool et Mood (connue par ici pour L’effet Défée et son travail avec Olli). En résumé deux soirées qui promettent de vous décrasser les oreilles à l’aide de morceaux tout aussi déroutants que passionnants. Et puis des musiciens en robe de bure sur la scène du Jardin Moderne, ça ne se manque pas ! Nous avions interviewé Trey Spruance, le fondateur et meneur de Secret Chiefs 3 avant son passage à l’Antipode il y a à peine un an. Retour sur cette rencontre.

Le groupe mené par Trey Spruance, est un véritable ovni sur la scène musicale. Jugez plutôt : le bonhomme a scindé l’entité Secret Chiefs 3 en 7 entités différentes qui ont chacune leur propre image et développent leur propre identité musicale. Ainsi sur Book of horizons de Secret Chiefs 3, six de ces entités signent les morceaux de l’album de leur nom pour un résultat qui part dans toutes les directions (le métal, la musique électronique, le jazz, la folk ou les musiques du Moyen-Orient) mais qui reste pour autant cohérent. Vous trouvez ça compliqué ? Vous n’avez encore rien lu. Avant leur prestation sur la scène du Jardin Moderne, interview avec Trey Spruance, le leader de Secret Chiefs 3, aussi intéressé par l’ésotérisme que par les gammes orientales.

Traduction : Caro

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Alter1fo : Vous avez partagé Secret Chiefs 3 en sept « entités » différentes qui ont chacune leur propre nom, leur propre univers visuel. Dans Book of horizons, on retrouve six de ces « identités » qui proposent des morceaux différents et pourtant le disque reste cohérent. C’était ce que vous recherchiez, cette sorte d’unité kaléïdoscopique ?

Trey Spruance de Secret Chiefs 3 : Oui, très bien dit. L’unité est venue de phrases musicales ou de thèmes en commun entre les différentes entités, les différents groupes mais passés à travers des filtres conceptuels/cosmologiques différents (pas seulement des filtres musicaux ou audio). Les groupes satellites, de toute façon ont chacun leur propre vie, leur propre nature « autocéphalique » et s’emparent des idées en fonction de leur propre généalogie philosophique. Ils restent proches de l’essence même de l’unité parce qu’ils utilisent certains de ses composants selon leur propre terminologie naturelle.

Il y a beaucoup d’idées dans chacun de vos morceaux, c’est assez impressionnant ! Comment est-ce que vous composez ?

Je pense que le nombre d’idées qui composent les squelettes de la plupart de mes morceaux est en réalité assez faible. Secret Chiefs 3 est un groupe qui peut donner l’impression d’être simple, mais les différentes nuances, les divers langages musicaux utilisés, montrent que le groupe couvre un large spectre.

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Une autre question à propos de la composition. J’ai lu que vous utilisiez des gammes et des modes non-occidentaux. Est-ce que vous pouvez nous expliquer cela davantage ?

Oui, c’est vrai. Dans un des « groupes » Ishraqiyun’, on utilise certains accordages non occidentaux. Je devrais même ajouter, des concepts rythmiques non occidentaux. Par non occidental, on veut juste dire qu’on sort de la gamme tempérée et des subdivisions régulières du rythme. Pourtant, cela ne veut pas dire non plus qu’on se réfère uniquement aux gammes orientales. Ma rencontre avec la musique non occidentale a été colorée par la musique iranienne, et au moins tout autant par ce que j’ai pu comprendre des théories musicales de la Grèce Antique. Mais on ne prétend pas faire ou vouloir reproduire les traditions. Ca nous suffit de nous sentir assez libre pour composer et jouer de la musique en sortant des grilles strictes de la musique occidentale, et rejoindre ainsi les principes universels de l’harmonie.

Votre musique mélange le métal, la musique électronique, le jazz, la folk et les musiques de l’Est. J’ai lu dans une interview que vous aviez grandi dans une petite ville où les gens vivaient sans se poser vraiment de questions. Comment avez vous réussi malgré tout à découvrir tous ces styles musicaux du monde entier ?

Ce que j’ai dit du sentiment d’emprisonnement est vrai. On ne peut pas être heureux si on est trop conscient d’être coincé entre quatre murs. Soit vous devez vous enfuir comme on s’enfuit de prison, soit vous vous tournez vers vous-même, vers l’intérieur pour trouver l’immuable, ce qui en fait inverse la notion d’intérieur et d’extérieur. Avec Secret Chiefs 3 on fait un peu des deux.

(…)

Vous vous intéressez aux auteurs ésotériques. Pouvez-vous nous expliquer cet intérêt? D’ou vient votre inspiration?

Quand j’étais un adolescent en colère, j’utilisais Nietzsche pour me sortir du sentiment oppressant venu de l’Amérique protestante, et je me suis retrouvé encore plus caricatural que ce que je rejetais. Quand j’ai eu un peu plus de vingt ans, j’ai eu la chance de déménager à San Francisco, où j’ai fréquenté un peu l' »avant-garde » à défaut de trouver un meilleur terme. Pendant cette période, j’étais très ouvert. C’était spectaculaire, bien qu’un peu schizophrénique. Je cherchais dans toutes les directions, Hermétisme, Gnose, philosophie postmoderne, Soufisme, mécanique quantique et théorie de la relativité, la Kabbale, etc. J’essayais de trouver les racines, l’essence de l’existence. Quand j’ai découvert la pensée persane et la dynastie des Sassanides, quelque chose s’est déclenché en moi. Je pouvais enfin réconcilier l’esprit rationnel avec l’irrationnel auquel je ne pouvais échapper ou que je ne pouvais prétendre ignorer (ce que font habituellement les intellectuels occidentaux). La pensée persane arrive très bien à naviguer entre les deux hémisphères du cerveau. Quand cela arrive, le coeur, le « aql », a au moins une chance d’être détecté. Mais ce n’était qu’un début pour moi… Pour moi ce ne sont pas des sujets « ésotériques », cela touche à l’intime, c’est au centre de l’existence humaine.

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Quelle est pour vous la différence entre jouer en studio et jouer sur scène ? Attendez vous la même chose de ces deux moments ? Quelle est votre approche de ces deux situations?

Question intéressante. En fait, les deux approches sont complètement à l’opposé. En studio, même si vous ne pouvez recréer la magie et l’énergie d’un concert, vous essayez de mettre en forme un « archétype d’idéal » que la composition essaye d’exprimer, dans une représentation au plus proche de la réalité. Pendant un concert, il n’est pas question d’essayer de retrouver cela, mais plutôt de chanter avec votre Coeur, en harmonie avec les autres musiciens, en respectant la vision unique qu’a chacun ce cette représentation de cet idéal. En ce sens, vous faites confiance, non à vous-mêmes, mais à cet idéal pour la qualité du concert et ce qui s’y passe.

Qu’est-ce qui est le plus important pour vous sur scène ?

Être honnête.

Trois disques sans lesquels vous ne pourriez vivre?

Même après tout ce temps, c’est toujours « Le Sacre du Printemps » de Stravinsky. Et peut-être « Seven Churches » de Possessed, et « the Art of the Mugham » de Alim Qasimov.

(…)

Merci !!

Photos live : Optidavid

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Le Jardin Moderne et Madame Macario présentent Secret Chiefs 3, a.P.A.t.T et Mood dimanche 25 (18h) et lundi 26 novembre  (20h30) au Jardin Moderne (11 rue du Manoir de Servigné – Rennes).

Tarif : 10€

Le site du label : http://www.webofmimicry.com/

Le myspace de Secret Chiefs 3 : http://www.myspace.com/secretchiefs3

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