Jeudi 28 janvier au Bar’Hic, c’était une reprise en fureur pour la saison 2016 des concerts de l’association Kfuel. Ces indéfectibles bienfaiteurs des oreilles rennaises nous ont offert une bien chouette soirée de rentrée avec, en guise de remise en forme express, l’indie-rock atmosphérique des rennais de DeeDee & The Maybes et la fougue flegmatique des anglais de Sauna Youth.
Après une année 2015 généreuse et riche en dates mémorables, il y a quelque chose d’assez jubilatoire à entamer une nouvelle année avec cette belle bande d’inoxydables passionnés de Kfuel. On se frotte déjà les mains à l’idée de ce qui nous attend et les premières dates annoncées sont pleines de promesses. Pour partir sur de bonnes bases, les lascars ont repris une formule bien rodée : un groupe local hautement sympathique associé à un jeune combo hautement prometteur qui, par un insondable mystère appelé l’industrie musicale, n’avait encore jamais franchi la Manche.
C’est donc les DeeDee & The Maybes qui avaient le redoutable honneur d’ouvrir la saison Kfuel 2016. Le trio rennais est composé de gauche à droite de Franck Belloeil (basse), Ced Le Roux (batterie) et de Didier Sérot (guitare, voix). Le set démarre en douceur puis va rapidement s’électrifier. Le groupe opère en équilibre délicat entre belles atmosphères indie-rock et fulgurances plus incisives. On savoure le très mélodique Alien#2 présenté comme « le slow » de la bande, la montée galvanisante de Out Of Sight ou encore le très enlevé The Wave et sa ligne de basse redoutable. Leur set généreux et élégant colle le sourire à un public qui va se densifier au fil du concert. Cette ouverture impeccable nous place dans les conditions idéales pour la belle dérouillée qui va suivre.
Le set complet de DeeDee & The Maybes filmé avec l’œil de fée du camarade Apollosmouse.
C’est en effet au tour des très attendus londoniens de Sauna Youth de venir tâter des planches du Bar’Hic. Comme nous le présupposions, la bande démarre bille en tête avec un triplé atomique d’irrésistibles tubes art punk joués pied au plancher. S’enchainent donc en guise de préliminaires, le riff tout en allers retours cinglants de Cosmos Seeker, l’étourdissant refrain épelé du supersonique The Bridge et les samples entêtants du bondissant New fear. La formule est classique mais redoutablement efficace : une section rythmique bien survoltée, des riffs de guitare garage à souhait joués, comme de bien entendu, six cordes sous les aisselles et un duo de chant alliant les hurlements rageurs du batteur au stoïcisme so british de la chanteuse, le tout enquillé « One Two Three Four » et plein gaz. On craint quelques instants le claquage après un départ aussi tonitruant mais la bande a sous le coude une telle ribambelle de hits ravageurs que le set ne va pas mollir un instant. On beugle à plein poumons MONOTONY. On balance consciencieusement la tête en sautillant sur les rythmes effrénés de Try To Leave et Transmitters. En une petite vingtaine de bombes punk rock de trois minutes enchainés à pleine vitesse et avec une nonchalance très travaillée, le groupe nous offre une superbe et ragaillardissante démonstration de classe anglaise devant un public lâchant joyeusement la bride.
En toute honnêteté, nous confesserons que la formule n’a pas emballé toute l’équipe et que certains ont réaffirmé leur droit à y rester imperméable en arguant que « le garage, c’est comme le théâtre contemporain, on peut ne pas rentrer dedans ». Pour notre part, nous n’avons pas boudé ce bonheur régressif et nous faisons confiance à la team Kfuel pour garder le rythme par la suite. A ce propos, on vous reparle très vite de la plus ténébreuse soirée de samedi prochain qui verra le retour d’une formation lilloise très appréciée dans ces colonnes.