En guise de final, le festival Mythos s’est offert la présence de la reine du calypso, Calypso Rose.
Cela fait plus de soixante ans que la carrière de Calypso Rose a débuté. Il lui a fallu se faire une place dans le milieu machiste du calypso, mais elle y parviendra finalement à la fin des années 70 en obtenant le titre officiel de « Monarque du calyspo ». Après l’entrée de ses musiciens sur scène, elle arrive doucement dans une magnifique tenue verte traditionnelle, soutenue par un accompagnateur, et on avoue avoir quelques inquiétudes sur sa capacité à assurer le concert. Elle les dissipe tout de suite avec I am African, sur lequel elle déploie une énergie impressionnante : chant puissant, déhanchements suggestifs, elle apparaît transformée sur scène. La sémillante septuagénaire fait le show, tendant le micro au premier rang, serrant les mains, et donnant même un baiser à l’un des spectateurs.
Un jeu de scène plein de malice qui fonctionne pleinement avec les mélodies ensoleillées : les arrangements de Manu Chao, qui ont permis à son dernier album Far From Home d’obtenir (enfin) un succès planétaire, donnent des fourmis dans les jambes des spectateurs. Les petites saynètes propres au calypso, pensées autant pour la danse que pour le commentaire social, trouvent forcément un écho avec cette grande dame : elle a passé sa vie à lutter, notamment pour la condition féminine (No Madame). Elle nous gratifie d’ailleurs d’interludes souvent très drôles, comme lorsqu’elle annonce Abatina, qui lui rappelle la femme de Trump (« Ne vous mariez jamais avec un homme riche » !). La musique prend des atours reggae sur Israël by Bus, sous l’impulsion d’un groupe de musiciens et de choristes sacrément talentueux : lorsque Calypso Rose fait une pause au milieu de son set, ces derniers lancent un intermède funky à souhait, où chacun, du saxophoniste au trompettiste en passant par le guitariste, y va de son solo d’expert.
La chanteuse sait aussi nous émouvoir lorsqu’elle évoque sa grand-mère sur Back to Africa : « Ma grand-mère est morte à Tobago. Elle n’est jamais retournée en Afrique ». Le concert se termine sur deux bombinettes dansantes, Fire Fire et Wah Fu Dance, sur lequel l’ensemble du public reprend « Calypso rose » en choeur. Un refrain qui résonnera un long moment sous le chapiteau du Cabaret Bontanique, et permettra un rappel avec l’ensemble du groupe placé en devant de scène. Un concert magique pour conclure cette très belle édition du festival, et qui confirme que cette grande dame possède le statut incontournable de Reine du Calypso.
Un grand merci à Lionel pour le coup de main !
Diaporama (photos : Yann)
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