C’était enfin la rentrée pour la pétillante asso Des Pies Chicaillent mercredi 15 septembre au Jardin Moderne qui est décidément the-place-to-rock de cette rentrée 2021. Pour leur reprise, nos Pies toujours aussi amoureuses d’indie rock frondeur nous avaient concocté une soirée de haute volée regroupant la perle anglaise This Is The Kit et le bijou plus local Pastoral Division. Retour sur un mercredi tout simplement magique.
A peine quatre jours après la magnifique triple torgnole offerte par l’Alambik et Carnival of Sound, nous voilà de retour au Jardin Moderne pour la tant attendue rentrée de l’asso Des Pies Chicaillent. Maintes fois reportée pour cause de covideries, voilà enfin que se concrétise la venue sur Rennes de This Is The Kit. Ce fut le mercredi 15 septembre et la soirée était de plus complétée par une formation plus locale que nous apprécions tout particulièrement : The Pastoral Division. Une programmation impeccable, une affiche superbe, la vaillante association Des Pies Chicaillent était de retour et de la plus flamboyante des manières.
Pastoral Division est un duo renno-brestois composé de François Joncour et Sébastien Bozec que nous suivons de très près depuis la sortie en 2014 d’un premier album sans titre chez Les Disques Normal qui nous avait bien tapé dans l’oreille (et dans l’œil avec sa très belle pochette). Les deux lascars viennent de sortir leur second album Les choses en mai 2021 enregistré par l’impeccable Thomas Poli et qui confirme haut la main tout le bien qu’on pense du combo.
On les retrouve donc enfin sur scène aussi heureux de ce retour qu’un peu intimidés. Ils ont bien tort. Fort logiquement, le duo interprète principalement des titres de leur nouvel album. Nous redécouvrons ainsi avec un grand plaisir Soda International ou encore Les choses dans des versions délicatement amplifiées pour la scène. Nous aurons tout de même droit à un petit retour en arrière avec une belle version du Little House de leur premier album. Les arrangements vocaux à deux voix, la guitare rêveuse et les nappes synthétiques puissantes gardent tout leur charme. L’équilibre entre le caractère assez intime et délicat des textes et des arrangements et l’amplitude nécessaire en live est en effet parfaitement maitrisé par le duo. C’est un vrai bonheur d’entendre se déployer ces chansons dans tout leur potentiel.
Une très bonne mise en route donc, avec pour seul regret qu’on aurait juste aimé un set un peu plus long (et que Moîtes soit sur la setlist !).
Après un bref temps d’installation, il est temps de découvrir (enfin) ce que vaut sur scène This Is The Kit. Le groupe anglais est essentiellement le projet de la britannique Kate Stables. Depuis ses débuts au milieu des années 2000 avec leur premier album Krülle Bol 2008 jusqu’à leur merveilleux cinquième opus Off Off On de 2020, la dame et sa bande n’ont cessé de peaufiner une indie folk sensible et élégante se détachant du tout venant par des qualités de composition et de paroles largement au dessus du niveau de la mer.
Quand on regarde les vidéos de concert de la bande sur les internets, on peut rapidement constater qu’elle peut prendre les formes les plus variées en concert. Ce soir là, ce fut en formule quatuor avec, bien sûr, au chant et à la guitare Kate Stables, flanquée de Rozi Leyden à la basse et au chant, Neil Smith à la seconde guitare et Lucien Chatain (là nous ne sommes pas trop sûr du nom ?) derrière les fûts. Le concert démarre en douceur avec un titre interprété en solo par la dame. Dès cet instant inaugural, nous réalisons toute sa puissante et sa finesse vocale. Avec son irrésistible vibrato et sa justesse à toute épreuve, la voix de Kate Stables a le charme et l’évidence des plus grandes. Ce qui ne l’empêche pas d’être plutôt nerveuse et de parler beaucoup entre les morceaux. Kate évoque ainsi avec un brin de fébrilité assez charmant les joies des lessives de tournées, de merchandising textile mais aussi du bruit assourdissant d’une petite fille mangeant des chips quand la salle est vide. En ce mercredi, ce n’est pas vraiment le cas. La soirée était complète et la bande joue dans une salle de concert du Jardin Moderne pleine et visiblement conquise. Le reste de la troupe va en effet se montrer très vite au niveau de la dame. Rozi Leyden (de Rozi Plain et François & the Atlas Mountains) montre non seulement un jeu de basse souple et vif mais elle pose avec une facilité déconcertante une seconde voix qui apporte un superbe supplément d’âme aux morceaux. Le jeu de guitare frondeur et juste abrasif ce qu’il faut de Neil Smith est un vrai bonheur. Enfin Lucien Chatain (avec ou sans retour son) assure la pulsation avec autant de précision que de finesse. Cette bande uniformément au top va permettre aux excellentes compositions (particulièrement celles du dernier album) de prendre toute leur ampleur pour notre plus grande joie. Dans cette farandole d’une classe folle, nous retiendrons pêle-mêle le banjo cristallin de Bullet Proof, l’énergie étourdissante de This Is What You Did et de Found Out, la délicatesse vocale de Off Off On, le groove envoutant de Moonshine Freeze, la magnifique version solo en français de Started Again (Recommencer)… et enfin le pétillant Hotter Colder en étourdissante conclusion de set (prédite avec acuité et ferveur par le chanteur de Megrim en mode fan absolu). On passe donc cette trop courte heure et quart de set en lévitation, émerveillé par la générosité et la classe tranquille d’un quatuor tout simplement en état de grâce.
Mille mercis à Pastoral, Division, This Is the Kit, le Jardin Moderne et Des Pies Chicaillent pour ce merveilleux mercredi soir dont on risque bien de reparler encore longtemps, des étoiles dans les yeux et les oreilles.