Pour sa rentrée, l’association Des Pies Chicaillent délaisse momentanément les nouveautés pour se livrer à son idée toute particulière du patrimoine musical mondial. La première étape de ce chouette cours d’histoire musicale se déroulait le mardi 19 septembre avec la venue inespérée dans la Chapelle du Conservatoire de Rennes des mythiques Half Japanese qui a bien revigorée notre début de semaine.
En plus d’être à l’affut de ce qui se fait de mieux en matière d’indie rock lo fi plus ou moins chelou, l’association Des Pies Chicaillent nous offre en plus de temps en temps sa version toute personnelle du patrimoine musical. On a donc pu avoir le plaisir de croiser sur Rennes des formations pas forcément connues du plus grand nombre mais dont l’influence et l’amour de celles et ceux qui les connaissent sont immenses. C’est ainsi qu’on a eu la chance grâce à cette belle bande d’entendre enfin en live et à domicile les musiques de Pan American, Calvin Johnson, Truman Water ou encore Come… Pour cette rentrée scolaire 2023, Des Pies Chicaillent vous propose deux nouvelles occasion de croiser l’histoire à domicile. Cela commençait dès le mardi 19 septembre avec un concert d‘Half Japanese dans l’excellente chapelle du Conservatoire. Le concert était précédé la veille d’une projection du documentaire A dinner with Daniel (Johnston) dans le bar le Babazula. On l’a hélas loupée mais ça avait l’air bien chouettos.
Ils jouent une musique follement libre et joyeuse depuis maintenant une bonne cinquantaine d’années. ils ont collaborés avec Moe Tucker (batteuse du Velvet Underground), Fred Frith, John Zorn, Daniel Johnston… mais aussi été célébrés par Jello Biafra, Yo La Tengo, Kurt Cobain… et toute une partie de la crème des groupes indie des années 90. Jad Fair et ses camarades de jeu, alias Half Japanese, étaient donc en concert à Rennes le mardi 19 septembre sur la scène fort joliment apprêtée de la Chapelle du Conservatoire.
C’est toujours avec un étrange mélange de joie et d’appréhension que l’on aborde ce genre de concert. Que reste-t-il de folie et de pertinence chez des musiciens après une telle carrière ? On a certes adoré leur dernier album Jump into love, album toujours aussi juvénile et jubilatoire mais quid de la scène ? La réponse va être vite être pliée. Si les têtes sont grises, les pulls improbables et les articulations bien raides, le cœur est toujours là et bien là. Pendant une bonne heure, nos quatre briscards vont enchainés une généreuse collection de titres plutôt anciens (aucun morceau du dernier disque sur la setlist !) avec une joie et un plaisir hautement communicatifs. ça part toujours dans tous les sens (et hop un petit titre country) et tout ça reste merveilleusement approximatif et détendu du solfège mais quel bonheur de voir la complicité et le grain de dinguerie intact du quatuor. Menée par un Jad Fair impérial de bout en bout, la troupe démontre avec brio qu’on peut tout à fait jouer un rock déluré et foutraque à un âge fort avancé et que le jazz ou la nostalgie ne sont absolument pas des fatalités. On peut maintenant vieillir tranquille.
Le groupe conclut le set en beauté avec une très émouvante reprise a capella de Daniel Johnston (la setlist dit Stupid tears mais on a un doute la dessus ?) suivi d’une épatante série de rappels : This could be the night et son ange aux yeux marrons, le gourmand Cherry Pie ou encore un super morceau sans micro et juste avec le batteur frappant l’avant scène. Chapeau bas et grand merci à Des Pies Chicaillent pour cet épatant cadeau de rentrée.
La prochaine étape de la bande, ce sera un autre Objet Musical Non Identifié immanquable avec Deerhoof le mercredi 8 novembre dans la salle de la Cité. On vous en reparle bien sûr plus en détails très vite.
