Les amateurs rennais d’assaut sonique se sont régalés avec l’explosive soirée organisée par l’association Kfuel samedi 2 mars au bar le Marquis de Sade à Rennes. Dans son réjouissant missile à deux étages, elle embarquait le rock tendu des très attendus Dewaere et le hardcore décapant d’Alabaster. Le potentiel de la soirée était assez énorme et, une fois n’est pas coutume, le réel fut à la hauteur.
Blacklisters et USA Nails, Throat et Hebosagil, Death Pedals et Hollywoodfun Downstairs, ChooChooShoeShoot et Café Flesh… et Hawks… on ne compte plus les soirées de l’association Kfuel qui nous ont collé d’épatantes calottes musicales à double (voire triple) étage. La bande remettait le couvert le samedi 2 mars dans un Marquis de Sade avec une salle arrière toute refaite et nouveau combo hautement inflammable qui vient désormais trouver une belle place dans cet impressionnant palmarès.
Nous étions déjà très confiant sur le début de soirée. Elle voyait en effet le retour du quatuor lyonnais Alabaster.
La belle bande rassemblant, entre autre, des membres d’Overmars, Sofy Major, Kiruna ou Geneva nous avait en effet collé une mémorable mornifle en ouverture d’une soirée concert en compagnie de Møller Plesset et Mütterlein au Jardin Moderne en novembre 2016. Nos pronostics enjoués vont vite se confirmer. Dès le début du set, on retrouve tout ce qu’on aime dans le quatuor : un hardcore noisy, survolté et poisseux, un son puissant et vicelard et surtout une implication totale sur scène. Dans l’espace exigu et déjà surchauffé de la petite salle arrière du bar, la formule est tout simplement ravageuse et le public déjà bien dense pour un début de soirée leur réserve un accueil des plus enthousiaste. Le set file comme l’éclair sur un rythme d’enfer et dans une ambiance déjà bien survoltée. Le concert se conclue en apothéose avec une jouissive reprise de la B.O. de Dirty Dancing (Merci Benoît pour sa fine oreille et son érudition).
Quel plaisir de voir un groupe confirmer haut la main tout le bien que l’on en pense. Si ce n’est pas déjà fait, nous invitons chaudement à jeter vos deux oreilles sur Time to Get a Job, leur premier album sorti en octobre 2017 chez Bigoût Records. Pour notre part, nous guetterons avec une ferveur renouvelée les prochaines aventures du groupe.
Nous avons à peine le temps de nous désaltérer qu’il est déjà temps pour Dewaere d’enfin nous montrer leur valeur scénique. Depuis l’excitante découverte de leurs premiers titres l’an dernier, nous bouillions littéralement d’impatience de découvrir en live le rock vif et furibard de ce quatuor de Saint-Brieuc.
Notre fébrilité était d’autant plus aiguë que leur premier album Slot Logic sorti en décembre 2018 chez Bigoût Records et Phantom Records est venu depuis hautement amplifié notre sentiment d’urgence. Les dix titres ciselés et vivifiants de cette superbe galette a largement confirmé la capacité de la bande à décocher sans reprendre sa respiration d’épatantes bombinettes entre noise et punk rock. Nous avions donc plus de hâte d’enfin découvrir comment le quartet retranscrit la belle énergie du disque du scène et, d’après le public nombreux et fébrile qui se presse dès les premiers accords, nous n’étions pas les seuls.
Le set démarre bille en tête sur l’imparable enchainement de Budapest et Happy Hour. Nos quelques petites craintes d’une déception vont bien rapidement voler en éclat. La bande démontre rapidement sa capacité à restituer en direct toute l’intensité de leur musique, voire même d’y insuffler le petit supplément d’énergie qui achève de rendre leurs compositions hautement jouissives sur scène. Le plus spectaculaire, de prime abord, est bien évidemment la prestation du frontman Maxwell James Farrington. Bien campé dans son pull et sa chemise alors que la météo locale approche celle de la jungle amazonienne, le chanteur alterne avec flegme et bagout chant clair et hurlements rageurs. En équilibre permanent entre une certaine préciosité et une rage d’écorché, la facilité et la présence du bonhomme laissent tout simplement pantois. Vive les australiens exilés en Bretagne !
Bien sûr, si le concert va s’avérer aussi jouissif c’est que le reste de la bande assure tout autant. La guitare acérée de Julien Henry débite du riff avec une redoutable efficacité et surtout ce petit sens de la distorsion qui vous prend à rebrousse poil et rend le tout complétement irrésistible. Le duo rythmique Hugues Le Corre (à la batterie) et Marc Aumont (à la basse) charpente l’ensemble solidement avec une précision et une puissance de feu qui soumettra nos nuques et nos guiboles à rude épreuve. La setlist impeccable, incluant deux inédits qui confirment que le groupe en à encore sous le pied, ne nous laisse aucun répit et fait monter la sauce sans aucun temps mort jusqu’à une superbe version incandescente de Get Down qui nous laisse aussi KO que ravis.
Nous ne sommes pas encore remis de nos émotions que nous apprenons légèrement abasourdis que ce n’est que le second (ou troisième selon les sources) concert du groupe ! Autant dire que le potentiel d’un quartet capable de décocher aussi rapidement une prestation de ce niveau est assez énorme. Nous leur souhaitons le meilleur et nous vous invitons à vous précipiter sur leur premier disque et surtout à fébrilement guetter l’occasion de les voir sur scène lors des prochaines dates de leur tournée.