C’est un curieux bâtiment, situé au bout du mail François Mitterrand, qui illumine jour et nuit la ville d’un panneau publicitaire électronique.
Hébergeant un restaurant japonais, de construction récente, les propriétaires du bâtiment ont eu l’ambition de lui donner un air urbain par son panneau lumineux, comme sur les Champs Élysées ou plutôt dans le cas présent comme Tokyo…
C’est suite à une protestation des associations de défense de l’environnement Agir pour les Paysages et Paysages de France que la Mairie a réclamé l’arrêt pur et simple du dispositif.
Pour cela, les services de la Mairie, par la voix de l’élu à la communication et vie quotidienne Yves Préault, mettent en avant l’argument accidentogène du dispositif, ce que confirme Mr Bezard, correspondant local de Paysages de France : “Le panneau est situé à un carrefour assez passager et juste en contrebas d’un abris bus et d’un passage piéton”. En outre mairie et associations font remarquer qu’il n’est pas conforme au code de la route.
Autre argument mis en avant par Paysages de France le côté énergivore de l’installation.
Pas d’affichage électronique
Il est vrai que l’affichage publicitaire et les enseignes sont réglementés sur la métropole bretonne depuis 2003, mais l’affichage publicitaire électronique n’est que peu prévu dans cette réglementation, “le règlement étant basé sur une vieille loi de 1979” déplore l’élu.
L’ancienneté de cette loi fait que l’affichage électronique grand format n’est pas inclus dans ces dispositions. Néanmoins le panneau géant aurait été refusé par les services de la Mairie, au bénéfice de l’enseigne, plus modeste, située au dessus. Ce que récuse la propriétaire des lieux, Mme Boisard Apperé, la Mairie « ayant donné son accord tacite après consultation ».
Coté municipalité, Yves Préault précise : “Nous nous sommes toujours opposés à l’affichage électronique.”
Far ouest publicitaire
Les services de la Mairie de Rennes, après avoir mis en place cette réglementation locale en 2003, ont eu fort à faire pour éliminer du paysage pas mal de panneaux, disposés plus ou moins n’importe comment. “Decaux, après avoir perdu le marché auprès de la ville en a mis partout car ils ne pouvaient pas se permettre de “perdre” Rennes au niveau national”, commente l’élu.
Il est vrai que les afficheurs sont prêts à tout ou presque pour implanter leur panneaux sur les lieux de passage, preuve en est l’église Saint Paul, rue de Brest, qui accueille sur son parking le pèlerin avec un magnifique panneau de 4m2.
Voilà qui démontre la pression extrême des afficheurs n’hésitant pas à placarder au détriment des réglementations et de l’esthétique des lieux.
Depuis la ville est plus ou moins pacifiée, au bénéfice de l’afficheur Clear Channel, qui après ré-organisation du mobilier urbain (“sucettes”, “4×3”, abris-bus ) a en charge l’affichage commercial et municipal. On en avait déjà parlé.
Nouveauté dans ce dispositif, les panneaux déroulants, qui permettent l’affichage municipal & commercial alternativement. Yves Préault affirme que la consommation électrique de ces dispositifs est à la charge de l’afficheur et non de la collectivité. Néanmoins le raccordement étant fait sur le réseau public, impossible de couper directement, en cas d’alerte ecowatt par exemple…
Le panneau sur le restaurant, lui aussi, n’est nullement tenu à une quelconque réserve énergétique. Dommage car tout est fait pour inciter le particulier aux “petits gestes” alors qu’enseignes et panneaux publicitaires seraient bien inspirés également de s’éteindre en cas de disette énergétique.
Passe d’armes juridiques
A ce jour, donc, le conflit entre la Mairie et les propriétaires est ouvert et les différentes parties affûtent leur armes juridiques. Mais une chose est sûre : des commerçants opportunistes se sont engouffrés dans la brèche publicitaire au mépris des automobilistes, des réglementations locales et sans concertation aucune avec les associations.
Alors que la consultation liée à l’affichage publicitaire dans le cadre du Grenelle de l’environnement est quasiment bouclée, le paysage publicitaire pourrait être changé radicalement, l’affichage électronique étant en passe d’être autorisé. Néanmoins l’élu prévient “que ce sera le règlement local qui prévaudra.”
Pas sûr que les afficheurs l’entendent de cette oreille…