Travelling Mexico aura bien lieu
Acteurs d’une telenovela d’un goût douteux, la France et le Mexique se chamaillent le premier rôle d’un drame diplomatique. En cause, l’affaire Cassez et le rejet de la demande de transfert de la jeune femme condamnée à 60 ans de prison pour enlèvement, association de malfaiteurs, possession d’armes et de munitions. Depuis, les relations franco-mexicaines nagent en eaux troubles et retiennent « l’année du Mexique » en captivité. 350 manifestions dans les domaines économique, culturel, touristique et éducatif sont aujourd’hui compromises par cette tension entretenue par les gouvernements français et mexicain. Face aux menaces de boycott, le festival Travelling tient bon et célébrera la culture mexicaine du 22 février au 1er mars. En tout, 55 longs métrages consacrés à Mexico seront diffusés et une trentaine de réalisateurs, producteurs et acteurs mexicains viendront discuter de la richesse culturelle de leur pays mais aussi de la complexité de leur société.
Non, le cinéma n’est pas mort.
A l’occasion du festival Travelling, l’émission « Le cinéma est mort » de canal b proposera un Blind Test le 23 février prochain. Tous les mercredi de 13h à 14h, l’émission se propose de passer en revue le cinéma sous toutes ses coutures. Extraits de film, discussions, bandes originales, les animateurs font revivre les grands moments du 7ème art. Pour tester l’assiduité et la culture cinématographique de ses auditeurs, l’émission nécrophile a commencé à proposer un Blind Test au Café laverie. On joue par équipe de cinq personnes, en quatre manches sur des thèmes différents. Très vite, « Le Cinéma est mort » s’est associé au festival Court-Métrange avec un Blind Test spécial insolite et fantastique en octobre dernier. Pour cette nouvelle édition, des surprises aux saveurs mexicaines et plusieurs cadeaux à gagner comme des dvd ou encore des pass pour le festival. Une manche sera en rapport avec le thème de Travelling au sens large, et les trois autres à découvrir sur place. N’ayez crainte, il n’est donc pas demandé d’être un érudit du cinéma mexicain mais pour vous, un petit récapitulatif.
Révolution et âge d’or du cinéma mexicain.
Le cinema mexicain est l’un des plus riche d’Amérique Latine, avec entre autres le cinéma argentin et brésilien. Si aujourd’hui les noms de Del Toro ou Iñarritu vous viennent à l’esprit, sachez que l’industrie du cinéma mexicain recèle des trésors, véritable reflet du Mexique et de son histoire. Il naît en 1896 et se développe surtout de manière nomade. La pauvreté du pays et les agitations politiques façonnent ce nouvel outil qui privilégie surtout le genre documentaire, véritable témoin de l’histoire mexicaine. Le thème de la révolution inspire largement ce nouveau genre, tout comme les cultures locales. Les années 1930 mettent fin à des débuts artisanaux. La stabilité politique du pays donne un nouveau souffle à l’industrie cinématographique, un cinéma plus nationaliste qui permet en parallèle de consolider le pouvoir en place. Cet âge d’or se traduit par une réinterprétation des modèles nord-américains et remporte un succès fou auprès du public hispanophone. Le genre mélodramatique et populaire évolue vers le genre Ranchera, qui dépeint avec nostalgie un Mexique rural idéalisé aux coutumes locales fortes, alors que le pays est en réalité en voie d’industrialisation. Les films nationalistes et catholiques aux « bonnes valeurs » se font monnaie courante, tout comme les adaptations de grandes oeuvres littéraires.
Du fantastique à la Lucha Libre, un genre traditionnel.
Si le Mexique est connu pour être un pays très catholique, le genre fantastique traduit bien les fantasmes de la culture populaire, alimentée par de nombreux mythes et superstitions. Un des exemple les plus flamboyants de cette transposition reste La Llorona, un conte réadapté au cinéma une dizaine de fois après une première réalisation en 1933. Le fantastique connaît un essor à partir des années 1950, alors que le cinéma américain explore le genre avec un style plus baroque. Les superstitions locales se mêlent avec des figures plus communes de l’horreur comme Frankenstein ou Dracula, sous la direction de maîtres comme Fernando Mendez qui manipule avec aisance ce nouveau genre. Dans la même veine « traditionnelle », le Lucha Libre est une des spécificités du cinéma mexicain. Le catch est un sport ancré dans la culture mexicaine et reste très spectaculaire. L’image du super-héros au visage masqué s’intègre très vite au paysage cinématographique mexicain, au service de la veuve et de l’orphelin. Ce style se marie parfaitement au fantastique avec le premier film du genre, Ladron de cadavares en 1956. Le catcheur Santo va ainsi s’imposer comme grande figure populaire de la culture mexicaine.
Buñuel et le cinéma d’auteur, le renouveau du cinéma mexicain.
Buñuel a réussi là où beaucoup ont échoué : pervertir le cinéma mexicain populaire et conventionnel. Le style traditionnel et nationaliste a résisté au mouvement de la nouvelle vague et à sa modernité. Pourtant le cinéaste espagnol parvient à infiltrer le cercle fermé des producteurs mexicains et tourne 20 films en 15 ans. Il réalise notamment Los Olvidados qui brosse un portrait réaliste et acéré des quartiers pauvres de Mexico. Ses films traitent beaucoup de la frustration et explorent sans complexe le thème du sexe dans un cinéma habituellement très codifié. Certains films d’auteurs voient le jour dès les années 1960. Le Cine Independiente de Mexico, composé de Arturo Ripstein, Felipe Cazals et Rafael Castenado, permet de produire des films indépendants affranchis des conventions. L’industrie du cinéma mexicain connait un nouveau souffle dans les années 1990 avec des réalisateurs comme Guillermo Del Toro qui a réalisé plus recemment Le Labyrinthe de Pan, ou encore Alejandro Gonzales Iñarritu, qui a réalisé notamment Amours Chiennes.
Prêts? Rendez-vous au Liberté, l’Étage, le 23 février à 20h, entrée libre.