MmMmM en interview – Jeunes Charrues 2013

MmMmM

Quel est le rapport entre Bo Diddley, Black Sabbath et Cameo ? Le point commun porte l’intrigant sobriquet MmMmM. Ce groupe originaire de la Manche associe les influences les plus improbables pour dérouter et surprendre l’auditeur. Non seulement les styles musicaux s’entremèlent mais le chant saute du français à l’espagnol en passant par l’angais. Le groupe, composé de 6 musiciens multi-intrumentistes, a sorti un premier EP éponyme en novembre dernier et l’écoute de ce dernier ressemble effectivement au joyeux bordel revendiqué par le groupe.

MmMmMIls avaient l’honneur d’ouvrir le Tremplin des Jeunes Charrues, et on attendait forcément d’être surpris par leur prestation scénique. On n’a pas été déçu, puisque le concert du sextet est un vrai show, auquel le public est largement invité à participer. Un début en fanfare avec le tubesque Un, Dos, Tres, repris en choeur par le public, puis un set qui conserve intacte la joyeuse énergie inaugurale. L’enthousiasme communicatif des musiciens a parfaitement lancé le Tremplin, et si, par moment, le grand écart musical entre les morceaux peut être troublant, ils réussissent le tour de force de conserver une cohérence tout au long du set. Rencontre avec Vincent et Manuel pour une interview placée sous le double signe de Roland Barthes et de la 103 SP.

Pour commencer, si vous deviez présenter votre groupe en 2, 3 mots, que diriez-vous ?

Vincent : mobylette

Manuel : motocross

Vincent : motoculture

Plutôt que de vous poser la question classique de vos influences, si vous deviez citer chacun 3 disques sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?

Vincent : Kraftwerk, Radioactivität. Les débuts de Bo Didley, du rock’nroll fifties  vraiment extraordinaire. C’est l’autre pendant de Chuck Berry en version rock’n’roll africain.

Manuel : Je te rejoins aussi là-dessus ! Tribed Called Quest, People’s Instinctive Travels and the Paths of Rhythm. Ace of Spades de Motorhead, pour du gros rock à 300 km/h. Et puis Holland des Beach Boys.

Toutes ces influences là retranscrivent assez bien la musique que vous faites  puisque l’on passe d’un style à l’autre avec un grand écart phénoménal. Vous venez tous d’univers musicaux différents pour avoir autant de différences dans les titres ?
MmMmM

Vincent : On s’est rencontrés au lycée mais on n’a pas fait de la musique ensemble tout de suite. Jay était plus hip hop avec un côté hardcore, nous on était vraiment dans la pop avec Benoît.

Manuel : J’étais très hip-hop, Beastie Boys, Cypress Hill, De La Soul.

Vincent : Et on a tous découvert le rock’n roll aussi. On s’est dit qu’il n’y avait pas de hiérarchie à faire entre toutes ces musiques. C’est génial qu’un groupe ait un son. Mais nous on s’est dit «pourquoi avoir un son alors qu’on peut en avoir cent ! » (rires). On essaie de trouver le bon mélange pour que ça fonctionne.

Manuel : Et puis il y a des choses que l’on redécouvre aussi. J’étais fan de hip-hop, et je n’aimais pas tout ce qui était indé américain, Pavement, Sonic Youth… que les copains écoutaient en boucle. J’ai tout redécouvert 10 ans plus tard, et ce sont des groupes importants pour moi aujourd’hui. On redécouvre des choses, tout se mèle.

Vincent : Et toutes les 90’s, de Technotronik à Happy Mondays, du plus mainstream au plus indé !

Une manière d’assumer toutes ces influences ?

Vincent : oui, parce que c’est funky ! Tu mets ça dans une soirée, tout le monde s’éclate ! Pourquoi se prendre la tête à rejeter les choses que tu aimes ?

Manuel : C’est notre leitmotiv, on ne s’interdit rien. On nous dit parfois que ça passe du coq à l’âne, effectivement. Mais il y a un lien dans tout ça.

Vous avez justement enregistré un EP fin 2012, comment se passe le travail en studio ?

Vincent : c’est un gros bordel ! (rires) On a bossé avec un ami de St-Lô, Antoine Antoine Antoine, qui nous a aidé à réaliser l’EP. Au début on a été dans un studio, on a essayé de faire des prises pendant deux jours. Et puis finalement, on a préféré bosser à la maison dans notre petit studio.  On a essayé de faire nous-mêmes, parce qu’on savait où on voulait aller. Et puis on n’a pas non plus beaucoup de thunes pour les gros studios. Maintenant on a plus envie de faire du live. On ne sais pas encore pour les prochains enregistrements, mais peut-être jouer live en studio.

MmMmM

Comment faites-vous pour arranger les morceaux, pour les passer du studio au live ?

Vincent : Il y a des morceaux qui ne passe pas en studio parce qu’ils sont faits à l’origine pour le live, et d’autres que l’ont fait en studio, mais qui ne fonctionnent pas en live. Le morceau est sympa en soi, mais il plombe un peu l’ambiance du live. Donc tant pis, on ne le joue pas (rires). On veut que ce soit bien sur l’enregistrement. Mais peu importe si le live est complètement différent : on veut que ça fonctionne en live. Ce qui compte en live, c’est que les gens passent un bon moment. C’est important aussi qu’on ne soit pas seulement sur nos instruments avec des parties techniques difficiles, sans que l’on puisse faire autre chose que de jouer de la musique. On préfère s’arrêter de jouer de temps en temps et interagir avec le public. Mais je comprends qu’on puisse ne pas aimer fonctionner ainsi.

Donc je suppose que vous avez préparé un set de 35 min punchy ?

Manuel : Exactement. On a plusieurs sets, selon l’endroit où l’on joue, selon la longueur du set. On peut par exemple sortir un medley nineties pour faire bouger les gens à la fin du concert.

Vincent : On a fait pas mal de concerts dans les bars : ce n’est pas la même chose sur une grosse scène, ne serait-ce que dans le rapport avec le public. Les gens sont à deux mètres alors que dans les bars, tout le monde est très proche, tu peux aller dans le public, un joyeux bordel ! On essaie de faire la même chose sur les grosses scènes, mais ça peut ne pas fonctionner, on verra tout à l’heure ! (rires)

On suit la scène normande depuis un petit moment…

Vincent : ah oui, il y a eu Granville, Da Brasilians, les Lanskies, Belone, les Concrete Knives avec qui ont a joué à Cherbourg.

Vous avez pas mal de liens avec ces groupes ?

Vincent : oui parce que, petit à petit, on se croise, sans forcément bien se connaître. Bon, les Lanskies viennent de St Lô, eux, ça fait très longtemps qu’on les connait.

Manuel : il y a un come-back du rock normand, et ça nous fait plaisir. Je suis un grand fan des Dogs, de Rouen : un des meilleurs groupes français de rock, injustement méconnu.

MmMmM

Pourquoi ce nom, MmMmM ?

Vincent : Ca vient de Greg : il y a quelques années, à la Route du Rock, il a passé la soirée à faire MmMmM !!! comme s’il conduisait une mobylette. Plusieurs années après, quand on a cherché un nom de groupe, Greg nous a fait MmMmM !!! Ca a été un révélation pour tout le monde dans le camion (rires). Bon, c’est le signifiant-signifié, ça nous rapproche de Roland Barthes : MmMmM pour Matrice minimale de méta-musique en mutation. On fait de la musique en jouant avec les codes et les clichés de tous les genres musicaux. Une musique qui parle de la musique.

Greg : oui et de la 103 SP !

Vincent : Oui ce nom nous résume bien : à la fois intellectuel et stupide (rires).

Ca vous fait quoi de passer aux Vieilles Charrues ?

Vincent : c’est cool ! On ne connait pas le festival, parce qu’on allait souvent à la Route du Rock, on dormait à St Servan… Les Vieilles Charrues sont beaucoup plus loin pour nous. C’est l’occasion de découvrir cet énorme festival !

Vos projets ? Des enregistrements ?

Vincent : On aimerait bien faire un nouvel EP. Il y a certains morceaux que l’on joue en live et qui ne sont pas sur l’EP : on aimerait enregistrer un 3 titres. Et quelques dates de concerts qui se profilent à la rentrée.

Manuel : Il y a de belles dates en projet. On va aussi essayer de trouver le temps d’enregistrer les morceaux que l’on a déjà, et éventuellement en composer d’autres, pour essayer de faire un album. Tout en continuant à tourner, de plus en plus on espère.

Merci beaucoup !

Merci à vous !

Un grand merci à Vincent et Manuel (et Greg) pour nous avoir accordé cette interview ! 

Zikcard de MmMmM

Site des Jeunes Charrues / Vieilles Charrues

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Photos : Solène

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