Memorials en interview au Pies Pala Pop Festival

Comme chaque année, nous devions nous retrouver au Pies Pala Pop festival avec l’équipe de Canal B pour un plateau radio normalement en direct chaque soir du festival. Las, les dieux de la technique (impénétrables, comme chacun sait) en ont décidé autrement. Grâce à nos vieux zooms enregistreurs, on sera tout de même parvenus à faire certaines des interviews prévues. Et notamment, chance immense, celle de Memorials, duo britannique cher à nos cœurs et nos oreilles, qui livrera le soir-même une prestation aussi sublime qu’incandescente. On y aura parlé chat, musique, toboggan, cage d’escalier et magnétophones à bandes…

Interview : English version here.

Pies Pala Pop 2025 – Memorials

Déjà bien actifs dans leurs projets respectifs autrement dit Electrelane, Wire ou It hugs back entre autres, Verity Susman et Matthew Simms jouaient ensemble depuis plus de quinze ans de façon plus ou moins informelle jusqu’à ce qu’on leur demande à tous les deux de réaliser des bandes originales de films documentaires et de faire quelques concerts (notamment les premières parties de Stereolab, excusez du peu). Alors après avoir sorti un premier morceau sous le nom Susman & Simms, ils ont choisi le nom de Memorials pour ce projet en duo.

Parmi les documentaires dont ils ont écrit la musique, deux sont sortis en vinyle (rassemblés sous un format double album). L’un accompagne le Women against the Bomb, un film documentaire de Sonia Gonzalez qui raconte la lutte non violente pendant quasi 20 ans de milliers de femmes en pleine guerre froide contre la base militaire britannique de Greenham Common qui abritait des missiles nucléaires américains. L’autre met en musique le documentaire canadien de Kevin Hegge, Tramps ! sur la scène des New Romantics londoniens et leur flamboyance queer. Ajoutez à cela un maxi suite à la commande du centre Pompidou d’une pièce musicale en réponse à l’installation Precious Liquids (1992) de Louise Bourgeois et vous comprendrez que jusque-là, la musique que les deux composaient servait d’abord à accompagner d’autres projets.

Mais finalement, en plus de beaucoup tourner, le duo a fini par sortir son premier véritable album, Memorial Waterslides sur Fire Records cet automne.

Ils sont avec nous pour en parler, à peine deux heures après leur arrivée sur Rennes et un voyage en ferry depuis leur Albion d’origine. On les intercepte juste après les balances et surtout juste avant une prestation époustouflante de bout en bout le soir-même qui restera assurément l’un des highlights du festival.

Memorials – Crédit photo : Holly Whitaker

Alter1fo : Avant de commencer, désolée Matthew pour cet aparté, mais Verity, je voudrais sincèrement vous remercier d’avoir gardé la photo de mon chat si longtemps avec Electrelane…

Verity, stupéfaite : (Rires) Oh wow ! C’est toi qui avais un chat qui s’appelait Electrelane ?

Alter1fo : Oui, un chat écailles de tortue… Vous vous en souvenez ?

Verity : Oh mon dieu, oui ! On était tellement enthousiastes d’avoir un chat nommé d’après nous… (Rires) Il n’y a pas de plus grand honneur ! (En français : ) Merci à vous.

Alter1fo : Le plus drôle, c’est que chez le vétérinaire, ils n’arrivaient jamais à prononcer son nom…

Verity : (Rires) C’est un problème que nous avons en commun !

Alter1fo : Désolée Matthew pour tout ça… (Rires)

Matthew : Non, c’est important… On peut continuer la conversation là-dessus. (à Verity) On devrait parler de ton chat. Tu peux nous le présenter… (Rires)

Verity : Hum, en fait…(Rires)

Alter1fo : Promis, on va parler de musique maintenant… (Rires)

Electrelane the cat, Electrelane the band

Alter1fo : Pour commencer, donc, quel est le chemin qui vous a mené à la composition de cet album sorti à l’automne ?

Verity : On a commencé à écrire des bandes originales pour des films. En parallèle, sur notre temps libre, on a commencé à composer sans but particulier, juste pour notre propre plaisir, comme une sorte de distraction par rapport aux délais que nous avions à respecter pour les films. Et au fil du temps, on a composé de plus en plus de chansons. On a alors dû monter un groupe pour les jouer, car une des bandes originales devait être interprétée en concert. Mais en même temps, avec tout ce matériel qu’on avait composé, c’était logique de former un groupe et ensuite, de faire un album avec tous ces morceaux. Ça s’est fait assez naturellement. Et sans trop d’intentions au début…

Alter1fo : Pour les deux documentaires sortis en vinyle, vous deviez répondre à des contraintes précises, fixées par les équipes des films. Là, pour la première fois, vous n’aviez pas d’autres contraintes que celles que vous choisissiez… Comment s’est passée la composition ?

Verity : On composait sur notre temps libre, comme je le disais. C’était une pause au milieu de l’écriture des bandes originales. Je suppose que nous écrivions de manière un peu différente. Mais je ne saurais pas comment décrire ce processus de composition parce que ça s’est vraiment mis en place assez rapidement, juste en suivant notre instinct. Parce qu’on le faisait juste pour le plaisir, juste pour profiter du fait de jouer de la musique. Je crois que la plupart des morceaux ont commencé par une petite idée que l’un d’entre nous avait et que l’on a transposée ensemble dans une chanson. C’est vraiment un travail très collaboratif. Nous travaillons ensemble sur toutes les parties, y compris les paroles…

Matthew : L’un des avantages plaisants d’être juste deux, c’est vraiment que tout se fait ensemble, en collaborant. Du fait de la superposition des pistes sonores et de tous ces instruments que nous jouons, il y a énormément de communication. C’est facile d’avancer quand on n’est que deux.

Verity : Ça peut se mettre en place très vite. Pour autant, la composition de certains morceaux a été longue et on s’est battu avec. Alors que d‘autres sont venus vraiment rapidement. On a bataillé pour les finir, c’est vraiment là que c’est difficile.

Matthew : Le début, ce n’est jamais un problème.

Verity : Oui le début, c’est le plus facile, le moment le plus agréable. Mais le plus dur c’est de terminer un morceau. Alors c’est bien qu’on puisse tous les deux se pousser à finir les choses. Je pense que d’un côté, la superposition des pistes sonores peut vraiment aider le morceau à se développer et l’emmener dans une direction différente. Mais d’un autre côté, il faut aussi savoir arrêter. Parfois on trouve qu’un morceau est meilleur avec moins de couches et on finit par en enlever. On expérimente avec ça tout le temps en quelque sorte.

Alter1fo : Puisqu’on parlait de noms tout à l’heure, désolée la question est commune, mais j’aimerais vraiment entendre votre réponse… Susman & Simms, ça sonnait vraiment comme le nom d’un cabinet d’avocats (Rires), alors que Memorials ouvre davantage l’imaginaire… Pourquoi avoir donné ce nom au groupe et que signifie le titre de l’album, Memorial Waterslides, deux mots qui semblent assez antinomiques a priori ?

Verity :  C’est justement ce qu’on aimait avec ça ! On apprécie le fait que ces deux mots ne vont pas ensemble de façon évidente.

On avait entendu parler d’une marche lesbienne à Austin aux États Unis dont le « toboggan aquatique Mémorial Susan Sontag » faisait partie [a priori un toboggan gonflable géant utilisé pendant l’événement] une idée brillante, qu’on a trouvée vraiment drôle. Et après ça, pendant qu’on écrivait des chansons, ces morceaux, on a commencé à les appeler « waterslides .» C’était juste un moyen de les étiqueter, de les nommer. C’était une blague entre nous.

On a même pensé à s’appeler nous-mêmes Memorial Waterslides. Et finalement on a gardé Memorials pour le groupe et Memorial Waterslides pour l’album. On aime l’idée de trucs qui ne vont pas ensemble de manière évidente. De toute façon, c’est en partie ce que nous faisons avec notre musique.

Alter1fo : Comment avez-vous eu l’envie et l’idée d’utiliser tous ces magnétophones à bandes pour la composition et aussi le live ?

Matthew : Les magnétophones à bandes qu’on utilise en live, c’est par ça qu’on a commencé. On avait besoin d’apporter des sons supplémentaires qu’on ne pouvait pas nécessairement jouer parce que sur scène on était juste tous les deux.

Donc on utilise différents loopers. Ainsi que le magnétophone à bandes, comme un looper additionnel, parce qu’il fonctionne un peu plus comme un instrument, dans la façon dont il réagit quand on le maltraite… C’est une première chose.

Je crois que c’est juste de dire que c’est quelque chose qui m’intéresse, qui nous intéresse depuis un moment. Mais c’est vraiment la première fois que nous l’avons utilisé dans un « dispositif musical »… Donc ce côté-là était vraiment agréable à explorer et ça a fini par avoir une influence plus grande sur l’album que nous avons enregistré.

Alter1fo : Vous êtes tous les deux multi instrumentistes. Comment se fait le choix de l’instrument que vous allez jouer et du moment où vous allez l’utiliser ?

Verity : Je crois que lorsqu’on est en studio pour enregistrer, le choix est plus facile. Parce que parfois nous jouons ensemble lors de l’enregistrement. Mais souvent, nous ajoutons seulement une piste de notre côté.

Matthew : Une des raisons qui a fait qu’on a commencé à jouer ensemble est qu’on ne se marche pas nécessairement sur les pieds.

Verity :  Oui.

Matthew : A nous deux, on couvre un champ important. Mais chacun peut couvrir un champ différent. De cette manière, c’est assez facile. Je veux dire, Verity joue de la guitare et je peux jouer des rudiments de claviers, mais hormis ça, vous savez, il y a peu de chevauchements.

Verity :  Oui, on sait ce qu’on peut jouer, ou ce qu’on ne peut pas jouer ! Ou si l’un d’entre nous interpréterait mieux telle ou telle partie. Et si jamais on a l’idée de quelque chose, je peux donner à Matthew une idée d’une partie de clavier, ou de guitare. On a alors besoin l’un de l’autre. On peut chacun se demander de jouer des parties qu’on aime. C’est aussi ce qui est agréable dans cette collaboration.

Alter1fo : Si je me souviens bien avec Electrelane vous étiez les premières à amener une chorale avec vous au studio Electrical Audio de Steve Albini pour The Valleys, et il était super excité de l’enregistrer.

Verity : Oui, c’est ce qu’a expliqué Steve Albini. Je me souviens lorsqu’il en a parlé. C’était la première fois qu’ils accueillaient un chœur dans le studio et ça semble avoir été un événement parce que les autres ingénieurs du son et les gens qui travaillaient là-bas sont venus pour voir ce qui se passait. Il y avait une sorte d’excitation dans le studio.

Alter1fo : A défaut de pouvoir déplacer une chorale, vous avez trouvé un moyen de la faire tout seuls dans Memorials, et même en live. Comment faites-vous et qu’est-ce qui vous en a donné l’idée et l’envie ?

Verity : Je boucle ma voix. On le fait autant qu’on le peut. Sur les enregistrements, je superpose juste les couches de ma voix, en les assemblant avec le multipiste. Ça aurait été bien d’avoir une chorale, mais…

Matthew : …On ne peut pas se le permettre (Rires).

Verity : En live, c’est différent. Je n’aimerais pas aller sur scène en lançant plein de voix pré-enregistrées. Donc, comme le dit Matthew, on boucle les voix. Mais c’est une façon de faire différente.

Alter1fo : Il y a quelques jours j’ai lu une interview de Valentina Magaletti avec laquelle tu joues aussi Matthew dans Better Corners, et elle disait que l’avantage de travailler seule, d’être dans un monologue, c’est qu’on sait où on va (à peu près !). Mais qu’écouter la réponse de l’autre, être dans le dialogue enrichit énormément la conversation. A l’un comme à l’autre, qu’est-ce que vous apporte la composition à deux ?

Matthew : Je n’aime pas toujours savoir où je vais (Rires). C’est ma réponse… J’aime être surpris !

Verity : C’est une bonne réponse.

En travaillant seule, je trouve ça très difficile de finir les choses. Et notre propre auto-critique peut vite devenir écrasante, accablante quand on est seul. Mais avec quelqu’un d’autre, on dépasse ça plus facilement. Donc je trouve plus agréable de travailler ensemble. Et je pense que si on a une envie soudaine de composer quelque chose et qu’on n’est pas ensemble, on n’a qu’à l’écrire et qu’ensuite on peut le partager. Et c’est plus agréable que de ne pas arriver à le finir. Ce sera meilleur car on y ajoutera d’autres idées.

J’ai l’impression que notre écriture à tous les deux a évolué grâce à notre collaboration, ce qui n’aurait pas été le cas si nous avions continué seuls. Je préfère cette façon de faire…

Alter1fo : Votre travail en studio est extrêmement riche et vos morceaux sont vraiment très travaillés. Comment s’articule le passage du studio au live ? Ça ne doit pas être facile…

Matthew (soupire) : Non…

Verity : C’est très gentil de ta part de dire ça… J’ai l’impression que nous jouons en live depuis si longtemps, tous les deux

Matthew : comme musiciens. Jouer live est complètement naturel.

Verity : Je pense que le live est un peu plus brut. Il y a moins de finesse, je dirais…

Matthew : C’est une bonne chose à apprendre, le plus tôt possible quand on est musicien, particulièrement quand on est en tournée : quand on joue live, la finesse ou la perfection sont définitivement hors d’atteinte. On ne peut pas avoir l’approche qu’on aurait en studio. C’est extrêmement frustrant. Et c’est bien dépasser ce sentiment. Je crois qu’on vient de le faire. Donc on apprécie ça pour ce que c’est.

Verity : Oui. Jouer en live est vraiment libérateur ! Capter l’énergie de la foule et improviser face au public finit par nous amener à enrichir nos morceaux. Certains titres ont beaucoup changé du fait d’avoir été joués live.

Matthew : Et puis ça nous donne aussi l’occasion de visiter de nombreux disquaires partout dans le monde, c’est génial ! (Rires) On est vraiment contents.

Alter1fo : J’aime vraiment l’équilibre que vous avec trouvé entre l’expérimentation et l’efficacité de la musique pop. C’est quelque chose que vous recherchiez, cet équilibre entre les deux ?

Verity (affirme) : Oui ! (Rires) « L’efficacité de la musique pop » c’est une excellente façon de le définir…

Matthew : Oui ! Génial !

Verity : Je crois que c’est ce que nous… que c’est le cœur de ce qu’on fait. Je vais m’en souvenir pour décrire notre travail…

Alter1fo : Sans transition aucune… Pourquoi aimez-vous les cages d’escalier ?

(Silence interloqué -Matthew fait même répéter la question à Verity- puis explosion de rires).

Crédit photo : Memorialstairwells – Verity Susman

Verity : hum… Pourquoi ? On a fait quelques enregistrements dans des cages d’escaliers mais ce n’est pas là que tout a commencé.

En réalité, ça a débuté en France, à Paris. On est venu pour assister à la projection de notre première

Matthew : bande-son.

Verity : (en français) Des femmes face aux missiles. C’est le vrai titre. On utilise le titre anglais mais c’est un film français. On était donc venus pour la projection et on logeait dans un bel appartement ancien avec une cage d’escalier. Je l’ai prise en photo. Puis j’ai commencé à les photographier régulièrement.

Je pense que comme nous voyageons beaucoup, c’est quelque chose qu’on retrouve partout, un élément récurrent, mais qui est toujours différent. Il y a ces aspects spiralaires, c’est chouette. Mais c’est juste amusant. (Rires) [Le prochain album du duo s’appellera-t-il Memorial Stairwell ?]

Alter1fo : Est-ce que vous pouvez nous parler de la peinture de la pochette de l’album ? Qui l’a réalisée et pourquoi l’avez-vous choisie ?

Verity : C’est une de nos amies, une de mes amies d’enfance depuis mes premières années d’école, qui s’appelle Laura Mousavi-Zadeh. Nous aimions tous les deux beaucoup ses peintures et j’aime ses œuvres depuis que je suis enfant. On voulait donc qu’elle peigne un toboggan aquatique et elle a accepté d’en peindre un pour chaque single. Elle a fini par faire une série complète. Il y en a donc huit maintenant. Elle a repris notre concept et l’a emmené ailleurs. On voulait que ce soit elle : on savait qu’elle apporterait quelque chose de nouveau, d’inédit.

Matthew : (à Verity) Tu as certains de ses tableaux chez toi.

Verity : (acquiesce) Oui, j’ai quelques-unes de ses peintures.

Matthew : Je me rappelle les regarder et discuter ensemble de la façon que Laura pourrait avoir, de donner corps à ce que nous avions en tête, en y insufflant son propre style.

Verity : Elle avait fait une peinture qu’on retrouve dans l’artwork d’un disque d’Electrelane…

Alter1fo :  Celle avec le lapin sur le carrousel ?

Verity : non, pas le carrousel. C’est une maison et il y a une biche devant. (On acquiesce) Elle a fait beaucoup de paysages imaginaires et j’aime vraiment les peintures que j’ai d’elle à la maison. Donc quand Matthew les a vues, nous avons tous les deux pressenti qu’elle serait prête à faire quelque chose de vraiment bien avec cette idée de toboggans aquatiques…

Matthew : un mémorial imaginaire (Rires).

Verity : C’est ce qu’elle a fait et on lui a déjà demandé de réaliser l’artwork de notre prochain album. Elle a juste commencé à y travailler.

Electrelane – The Power out – Inner sleeve artwork by Laura Musavi-Zadeh

Alter1fo :  Si l’on en croit les dernières nouvelles, vous pourriez engager un partenariat avec l’industrie des toboggans aquatiques ?

(Rires) Matthew : Oh oui ! Donnons leur une chance !

Verity : Est-ce que quelqu’un a été en contact avec eux ? (Rires) Effectivement, on a reçu un e-mail aujourd’hui, un simple e-mail généré par une agence de publicité, d’une entreprise qui disait : « Si vous voulez augmenter votre présence sur les réseaux sociaux… »  Ils ajoutaient : « On a adoré votre travail dans le secteur des parcs aquatiques. » (Rires) Certes, je me suis beaucoup amusée sur les toboggans aquatiques quand j’étais petite, alors j’adorerais… Mais je ne sais pas s’ils apprécieraient notre côté sombre, notre tristesse…(Rires)

Alter1fo : Il y a quelques jours à peine vous avez partagé la scène avec Kristin Hersh. Vous pouvez nous en parler ?

Verity : Oui, c’était vraiment à la dernière minute !

Matthew : C’était complètement improvisé.

Verity : On n’avait pas joué ensemble avant de monter sur scène.

Matthew : C’était une idée de Fire Records et de James, le patron du label, je crois. C’était chouette ! Kristin est adorable et géniale.

Verity : Oui, Kristin est géniale. On a vraiment apprécié.

Alter1fo : En plus de cette super date aux Pies Pala Pop ce soir, vous jouerez de nouveau en Bretagne cet été à la Route du Rock. J’étais aux deux concerts d’Electrelane là-bas, Verity, et je crois que vous en avez d’aussi excellents souvenirs que moi. Qu’est-ce que ça vous fait de jouer là-bas à nouveau cet été ?

Verity : C’est incroyable. Je pense que parmi tous les festivals auxquels on aurait pu nous demander de participer, que celui-ci nous invite m’a le plus fait plaisir. Oui, c’est incroyable. J’ai hâte d’y retourner…

Alter1fo : Et vous, Matthew, vous avez déjà été à la Route du Rock ?

Matthew : Non, je n’y ai jamais été. Ce sera ma première fois. J’attends ça avec impatience…

Alter1fo : On ne vous embête pas plus. Pour finir, après votre concert au Pies Pala Pop, quels sont vos projets à venir ? Enregistrer ?

Verity : Enregistrer, oui.

Matthew : Oui, d’ici nous partons vers le sud…

Verity : Effectivement, nous partons directement pour aller dans un studio au sud de Bordeaux (…). On y a déjà été en mars pour enregistrer pour un nouveau documentaire dont on est en train de réaliser la bande sonore. Il sera diffusé à la télévision en France en octobre, je crois. C’est la même réalisatrice que pour Des femmes face aux missiles. C’est son nouveau projet.

On a vraiment aimé le studio et on a décidé d’y retourner. On va donc y passer deux jours pour enregistrer pour notre prochain album, pour être prêts à le finir, espérons le, juste avant notre départ pour les États-Unis [Memorials part en septembre pour une tournée d’une vingtaine de dates aux États Unis, dont pas mal avec Stereolab] et il sortira l’année prochaine si tout se passe bien…

Alter1fo : On croise les doigts… Un immense merci…

Memorials : Merci à vous.

Interview réalisée par Alter1fo & Canal B aux Pies Pala Pop Festival à Rennes le 14 juin 2025 – Photos live : Mr B.

Vous pouvez également profiter de la très chouette sieste musicale proposée par Memorials à Canal B ici.

Merci à Yann de Canal B pour l’organisation, à Marc d’Alter1fo pour la traduction au débotté, à Caro d’Alter1fo pour l’aide précieuse à la traduction du transcript et au montage son. Merci à l’immensément adorable équipe du Pies Pala Pop pour l’invitation et l’accueil aux petits oignons. Et bien sûr à Verity et Matthew pour leur gentillesse et leur disponibilité.

Memorials en concert au Pies Pala Pop [report]

C’est avec d’incompressibles frémissements d’impatience que, la nuit désormais entamée, on attend l’entrée en scène du duo, tant on est tombé raides dingues de leurs premières sorties discographiques. On attrape les copains manu militari pour se poster devant la scène, ayant d’ores et déjà l’intime et fébrile pressentiment que le concert de Memorials va nous mettre dedans dehors.

On aura l’intense soulagement d’une confirmation sans équivoque du talentueux duo britannique. Entre les irrésistibles Lamplighter à l’efficacité pop irrépressible tout en mélancolie sautillante (si, c’est possible !) au monumental Boudicaaa final à la puissance échevelée et débridée qui donne envie de hurler de concert avec Verity, Memorials va nous proposer un voyage d’une incomparable profondeur.

Passant des claviers au saxophone, tout en assurant l’essentiel du chant lead, Verity boucle sa voix, créant dans nos oreilles écarquillées une chorale habitée, à laquelle se joint la voix de Matthew Simms, qui passe, avec autant de déconcertante facilité que sa comparse, de sa guitare de gaucher (jazzmaster forever) à un jeu de batterie à tomber, sans oublier les échantillonnages en direct que les deux combinent avec une effroyable virtuosité. Dire que les deux adorables bourriques nous avaient confié plus haut perdre en finesse en live ! Autant crever le suspense direct : la subtilité avec laquelle les deux construisent les morceaux, improvisant sur les trames déjà écrites en ferait pâlir plus d’un.e, tout comme l’interprétation à la fois immensément juste et sincère qu’ils en délivrent sur scène.

Pour preuve cet hypnotique Peacemaker instrumental, dont le saxophone envoûtant et l’intensément habile jeu de batterie nous emmènent loin, très loin. De concert avec le public du Pies Pala Pop, on vit le set comme un rêve tant on est porté.es par ce voyage habité d’une inspiration indéniable, mêlant avec autant d’audace que de talent, pop, éléctro vintage, punk, proto indus, kosmische music, prog échevelé, folk déglinguée, avant noise, psyché, recherches expérimentales, voire free jazz (pardon la liste est longue, mais il y a tout ça dans Memorials) tout comme par l’époustouflante construction du set qui nous prend par l’oreille pour ne plus jamais nous lâcher.

Mais surtout, bien que le duo n’en fasse aucunement l’affichage, en plus du plaisir musical et même physique que procurent leurs morceaux tout au long de ce set dantesque, l’émotion qui s’en dégage, des clochettes doucement entrechoquées par Verity devant le micro au chant déchaîné de Boudicaaa (immense !) se révèle aussi prenante qu’intensément touchante. On finit donc le concert aussi enthousiastes qu’ému.es. La prestation époustouflante de bout en bout du duo britannique nous a irrémédiablement coupé le souffle et la salve d’applaudissements crépitant soudainement autour de nous confirme qu’au public tout autant. Pour notre part, on se languit déjà de ré-entendre Memorials sur scène (à la Route du Rock notamment donc). Assurément, l’un des points d’orgue du festival (qui n’en manquait déjà pas !).

Tous nos articles sur le Pies Pala Pop Festival

 

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires