MellaNoisEscape – Heartbeat of the Death

Drôle d’époque ! En ce temps-là, nous ne portions ni barbe ni tatouage apparent mais affichions fièrement une boucle d’oreille et une chevelure somme toute respectable. Les mains cachées sous les manches d’un sweat à capuche deux fois trop grand, nous fumions des Lucky Strike pour cacher notre timidité. En ce temps-là, Tom et Myspace dominaient le monde et nous, nous tentions de construire un blog participatif. Et c’est avec Olivier Mellano que nous avons fait nos armes dans l’exercice de l’interview musicale. Le monsieur accompagnait Laetitia Shériff et Gaël Desbois lors d’une résidence à l’Antipode. Le trio peaufinait les morceaux du premier album Codification de la chanteuse. Avec bienveillance, tout ce petit monde nous avait pardonné nos balbutiements et nos questions un peu cons… Bref, 15 ans plus tard, même si nos questions restent toujours aussi cons basiques, le souvenir, lui, reste indélébile. Depuis, c’est toujours un plaisir de retrouver l’homme aux milles projets – devenu à son insu – un fil rouge dans notre vie de rédacteur bénévole et touche-à-tout. 

Il aura donc fallu attendre 4 longues années après le 1er MellaNoisEscape pour que le stakhanoviste rennais récidive et nous revienne avec « Heartbeat of the Death ». Mais au contraire d’un député LREM à l’assemblée nationale, le garçon n’a pas chômé pendant tout ce temps. « J’ai déjà du mal à me souvenir de ce que j’ai fait il y a trois jours alors énumérer tout ce que j’ai entrepris en quatre ans, c’est  mission impossible (rires…) » On le comprend puisque la liste de ses projets est aussi longue que le pédalboard de Josh Homme, version …Like Clockwork. On n’est même pas sûr que sa fiche Wikipédia soit à jour tellement le bonhomme est actif ! Après sa tournée solo en 2014, le jazzmaster-man donne le jour au puissant No Land avec Brendan Perry du duo mythique Dead Can Dance et 30 musiciens du bagad Cesson. Entre temps, il compose des musiques de films, des bandes-son, bosse pour le théâtre, on peut citer Nova, par exemple, un spectacle produit aux côtés de Claire-Ingrid Cottanceau et de Thierry Thieû Niang. Il n’a eu finalement de cesse que de collaborer avec de nombreux artistes, devenus pour certains de véritables amis et compagnons de route (Régis Boulard et Dominique A pour ne citer qu’eux) « Ça fait des journées bien remplies et peu de vacances mais ce sont des choses qui me nourrissent. Si je ne faisais pas tout ça, quelque chose me manquerait probablement… »

En tout cas, il nous tardait de l’écouter (NDLR : sortie officielle est le 05/10) puisque lors de la cinquième édition de la Superfolia Armaada au Grand Logis en avril dernier, nous avions pu toucher du bout des oreilles certains nouveaux morceaux, annonciateurs d’un excellent cru. Comme le vin, le MellaNoisEscape se bonifie avec l’âge !  « Après la tournée des transmusicales, j’ai pris une vraie et longue pause dans ce projet personnel. Je n’ai retravaillé les nouvelles compositions que très récemment… » D’ailleurs, ce dernier est né – non pas dans la douleur – mais dans un rythme soutenu. « Il a été composé rapidement. Tout s’est pratiquement fait en un mois et juste avant l’entrée en studio ! » Travailler sous la pression est définitivement une habitude chez lui. C’est le contraire qui serait plutôt étonnant. On se rappelle encore de notre dernière interview où la veille d’un premier concert important, il peaufinait encore sa setlist.

Aujourd’hui, le MellanoisEscape s’agrandit pour devenir trio avec le renfort de la batteuse Valentina Magaletti et de la bassiste Suzy LeVoid (aka Miët). « J’ai été les chercher (rires…) Valentina Magaletti est une batteuse hallucinante. Je l’ai rencontré la 1ère fois lors d’une improvisation musicale avec Tristan Garcia, le philosophe. Dès que l’on a commencé à jouer, nous nous sommes vite trouvés et notre complicité était flagrante. » Tellement flagrante que les pistes de batterie de « Heartbeat of the Death » seront enregistrées en une grosse journée de travail. Au lieu des deux prévues ! Une seule piste par chanson, la marque des pros ! La rencontre avec Miët est un peu différente. « En la voyant jouer, la tension de son set m’a de suite plu. Je n’ai pas hésité longtemps à lui demander de venir m’accompagner. Sa force, sa fougue, sa jeunesse et son aptitude à appréhender les morceaux m’ont convaincu. » On se souvient avoir croisé Olivier dans le public venu nombreux et jouant des coudes au Oan’s Pub lors d’un de ses concerts. On apprendra par la suite qu’il était venu lui apporter quelques pédales d’effets ce soir-là.  Suzy LeVoid tiendra donc la 4-cordes durant la prochaine tournée qui s’annonce même si c’est bien Olivier qui a enregistré les pistes de basse, pour des questions de timing.

Le ressenti d’un disque étant tellement subjectif qu’il nous est toujours difficile d’affirmer le nôtre. Mais autant le premier MellanoiEscape se composait de nombreuses nappes successives s’entrechoquant, provoquant une sensation de bouillonnement et de rage sourde, autant la complexité des morceaux de  « Heartbeat of the Death » s’accompagne d’une maitrise parfaite de l’orchestration, de suite d’accords intangibles, libérant chez nous un sentiment de fluidité presque aérienne. « Même si chaque morceau est composé avec des dizaines de pistes, j’ai toujours l’idée première de garder quelque chose de limpide afin de faire ressortir au maximum les mélodies. J’ai vraiment envie qu’on comprenne ce qu’il se passe à l’intérieur des compos. Du coup, j’ai mis l’accent sur le côté percussif plutôt que le côté électro-noise du premier…»

L’album a en effet quelque chose de lumineux sans perdre ce côté alambiqué des structures que l’on apprécie tant. La voix du frontman est aussi moins trafiquée plus assumée. Mais l’écoute des paroles ne laisse pas de place au doute. Nous sommes toujours confrontés à cette thématique récurrente de l’inexorable dégringolade de l’humanité qui bouleverse l’auteur, à l’image de la pochette,  une peinture de la japonaise Haruka Maeda. « Ce tableau a donné le titre de l’album. Il représente un squelette qui se désintègre et qui se transforme en quelque chose de très vivant. C’est le propos du disque. Comment pouvons-nous lutter ?  Comment pouvons-nous trouver de la joie dans un monde qui ne va pas bien tout en gardant une certaine lucidité ? » Dans tous ses projets, cette prise de conscience n’est jamais très loin. « Ceci est une chanson de combat. Chaque chanson est un combat… » Ces mots lâchés par Olivier Mellano un soir de novembre 2015 au 1988 Live Club résonnent encore en nous. Celles et ceux savent…

Au final, « Heartbeat of the Death » nous fait du bien. Il nous envoûte. Littéralement. Il confirme une nouvelle fois tout le talent du monsieur qui sait se mettre en danger pour ne faire ressortir que le meilleur. Simplicité, honnêté et humilité. Bref, on l’aime ! On salue également le travail d’orfèvre de Nicolas Dick au mixage et l’hommage rendu à Blonde Redhead dans la chanson Comforting Monsters. « Nicolas nous suivra sur la tournée en tant qu’ingé-son. Il tient une part aussi importante que nous tous dans le groupe. » 

PS : restez à l’affût ! il semble que le premier clip sera lâché sur les internets autour du 20 septembre.

MellaNoisEscape en tournée : La Carène (Brest) le 13 Nov. ; Nouvelle vague (Saint-Malo) le 15 Nov. ; Antipode (Rennes) le 22 Nov.

 


Mellano- accompagné par Valentina Magaletti Drummer à la batterie & Miët à la basse. 
Album enregistré au Caverne Studio par Nico Sacco et à Cocoon par Nicolas Dick
Mix / Mastering au Puits Sonore par Nicolas Dick
Artwork Yoann Buffeteau
Promo Jean-Philippe Béraud


Le Facebook MellaNoisEscape 

Le site officiel MellaNoisEscape

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