Marche des Fiertés : Interview du CGBLT de Rennes

La Marche des Fiertés, souvent plus connue sous le nom de Gay Pride, aura lieu samedi après-midi dans les rues de Rennes. Le départ se fera de l’Esplanade du Général de Gaulle à 14h00. Rencontre avec Erwan Le Hô, vice président du Centre gay lesbien bi et trans de Rennes (CGLBT) pour présenter cette journée, mais aussi pour faire un bilan rapide de l’action du CGLBT et de la vie des gays, lesbiennes, bi et trans à Rennes vue par le CGLBT.

sigle cglbt rennesAlter1fo : Pourriez-vous présenter le CGL en quelques mots ou quelques lignes ? Quelles sont vos actions prioritaires ?
Erwann Le Hô : Le CGLBT est une association mobilisée pour l’égalité des droits et dans la lutte contre les discriminations touchant les personnes homosexuelles, bisexuelles, transexuelles et leurs proches.

Notre première action est une démarche d’accueil : nous ouvrons notre local (23 rue d’aiguillon à Rennes, dans le quartier Bréquigny) tous les mercredis de 18h à 22h. Il y a également une permanence téléphonique. Nous y recevons les personnes connaissant des situations délicates, en questionnement de par leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, et nous les accompagnons.

Nous avons aussi un rôle d’interpellation du grand public : nous organisons donc la Marche des fiertés en juin et la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie le 17 mai pour populariser nos valeurs et nos engagements.

Nous sensibilisons le grand public et formons les professionnels sur les questions d’homosexualité et d’homophobie.

Enfin, nous sommes une plateforme d’associations, nous leur mettons à disposition un local, un accès web, une boîte aux lettres, une médiathèque…

Samedi aura lieu la Marche des Fiertés à Rennes. Que représente cette commémoration de Stonewall pour vous ? (Les émeutes de Stonewall sont une série de manifestations spontanées et violentes contre un raid de la police qui a eu lieu dans la nuit du 28 juin 1969 à New York, au Stonewall Inn, un bar fréquenté par des homosexuels)

Elle représente pour nous une piqûre de rappel très utile. Il faut rester très vigilant. L’homosexualité est encore une question épidermique, il faut faire attention aux retours en arrière. Les actes homophobes sont toujours aussi nombreux et l’homophobie ordinaire se banalise. Pour nous, c’est une occasion formidable car cette Marche est ambivalente : souriante et festive, elle n’en est pas moins une marche citoyenne et militante avec un message. Beaucoup n’assument publiquement leur homosexualité qu’une seule journée par an. Cette journée, c’est celle de la Marche. Rien que pour ce fait, la Marche a sa légitimité.

Drapeau GayCette année, le thème choisi pour cette marche des fiertés est : « Eduquer pour avancer ensemble ». Il y a quelques années, vous aviez monté un projet de lutte contre l’homophobie avec un projet d’interventions dans les lycées, extrêmement bien pensé, je dois le dire. Continuez vous cette action ? Que mettez-vous derrière les mots « Eduquer pour avancer ensemble » ?

Nous avons voulu rebondir sur l’affaire du  Baiser de la lune, ce projet de court métrage poétique sensibilisant les enfants à l’amour entre deux personnes de même sexe qui a déclenché un tollé national.

Nous voulons réaffirmer avec force que c’est l’éducation, toujours l’éducation et le dialogue qui permettent de faire tomber les a priori et toutes les intolérances. Je le répère, l’homophobie ordinaire est forte, la répression doit exister, mais l’éducation est la solution première.

En marge de la Marche, un village associatif sera présent samedi dans le jardin du Thabor. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

Notre but est de populariser nos messages, de faire connaitre nos revendications. Il faut donc aller vers le grand public, être là où les gens sont. Le Thabor est un cadre magnifique où se baladent des gens le weekend. Avec le sourire et autour d’un verre (présence d’une buvette), nous voulons aller à leur rencontre.

Qu’en sera-t-il de la fête prévue au Jardin Moderne ?

Une soirée ouverte à toutes et tous, de 22h30 à 6h du matin! Nous commencerons par un temps fort dont nous sommes fiers. Nous avons fait un partenariat avec la friperie solidaire Rita Love. Ensemble, nous avons monté un défilé de « créatures » entièrement lookées par Rita Love. Nous avons recruté des mannequins en herbe. Vous y croiserez des icônes décalées, des clichés revisités, tout ça en musique !

Gay Pride RennesDes équipes de DJ prendront le relais avec des sets de disco revisité, de house, de russian clubbing… L’entrée n’est qu’à 8euros et pour inciter les gens à s’y rendre en toute sérénité, nous mettons à leur disposition des navettes qui partiront de la place de la République vers le Jardin Moderne toutes les heures à partir de 21h30. Des navettes retours sont aussi prévues.

Nous demandons une participation symbolique de 1euro par trajet. Vous trouverez toutes les infos sur le livret officiel disponible sur notre site www.cglbtrennes.org

En quelques lignes, si c’est possible, bien sûr, pourriez-vous nous dire quel bilan vous pouvez faire de la vie des gays à Rennes. Quelles difficultés, quelles avancées constatez-vous, vous qui êtes au plus proche ?

Vivre homo à Rennes est plutot une chance si l’on compare à d’autres territoires. Nous avons de très bons liens avec la ville de Rennes et la Région Bretagne qui sont nos partenaires au quotidien.

Mais vivre homo sans se cacher reste toujours une prise de risque au quotidien. Les actes d’homophobie ordinaire (insultes, homophobie au travail…) existent : nous observons même une résurgence, y compris chez les plus jeunes, que l’on dit habituellement plus « tolérants ». A nos permanences, il n’y a pas une semaine sans que nous accueillons une personne rencontrant l’homophobie au quotidien : rejet de la part des parents, mise à l’écart dans le domaine professionnel, insultes quotidiennes, problèmes avec l’administration.

Comme si les avancées acquises ces dernières années (visibilité, PACS…) poussaient aussi certains à radicaliser leur incompréhension. Le web est un nouveau terrain où les homophobes se défoulent, sous couvert, croient-il, d’impunité.

Maintenant, il ne faut pas se leurrer. Nous n’avons pas le droit de donner notre sang. Nos couples ne sont pas reconnus avec équité. Nos enfants n’ont pas les mêmes droits que les autres. Les propos homophobes de certaines personnalités politiques ne sont pas sanctionnées comme il se devrait. Tant que ces choses perdureront, elles légitimeront l’homophobie ordinaire. Nous sommes encore considérés comme des sous-citoyens et nous continuerons à l’ouvrir tant que ce sera encore le cas.

Merci !

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La Marche des Fiertés aura lieu ce samedi 12 juin à partir de 14h00 à Rennes.

Départ de l’Esplanade du Général de Gaulle.

Plus d’informations ici :  www.cglbtrennes.org

1 commentaires sur “Marche des Fiertés : Interview du CGBLT de Rennes

  1. Fix

    J’avoue que ça me démange régulièrement d’envoyer se faire foutre les gens qui font la collecte de sang avec leur questionnaire à la con.

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