Parfois tout féru de cette littérature dite de jeunesse (mais qu’on devrait dire « d’éternité ») qu’on puisse être, on passe à côté de merveilles…

 

Bien en a pris à Thierry Lenain de profiter de l’épuisement de la première publication de son texte illustré par Anne Brouillard chez Grasset, pour récupérer son texte et se faire suivre par 22 illustrateurs généreux et inspirés dans l’idée de publier un livre solidaire, qu’une belle rencontre nous a permis de découvrir.

 

Le projet, ici, est de soutenir avec l’association Project Abroad une classe de Samoa, dans lequel l’auteur et son fils adolescent vont passer trois mois. Construire un blog et se mettre en lien avec 3 autres classes dans le monde : Québec, St Malo et Maurice !

Malheureusement, Samoa a subi un cyclone dévastateur il y a juste un mois… à sa mesure, le projet de Thierry Lenain permet sans doute à ces élèves bientôt rencontrés et ceux qui les entourent de voir plus loin que les énormes dégâts à réparer quand c’est possible.

 

 

 

Ouvrons le livre, c’est une tempête d’un autre genre qui se prépare… une tempête qui ne détruit pas, mais qui, en nous mouillant le cœur et les yeux, peut re-construire beaucoup.

Julie est une petite fille que chacun, adultes et enfants et terriblement elle-même, considère comme capable de rien. De rien du tout. Quand elle appelle sa maman au secours, sa maman ne vient jamais. Et pour cause. Julie désespérée finit par rejoindre une tombe isolée où rien n’est écrit mais où elle sait qui repose. Et qui elle voudrait retrouver. Il fait si froid. Tout s’arrête.

Les Chats du Cimetière, un peu magiciens, surtout chat-l-heureux, ramènent la petite fille à la vie, et discutent avec elle, vivante, comme ils affirment discuter avec les morts du cimetière. Dont la maman de Julie.

Se pose la question de l’amour. Aime-t-on son enfant quand on choisit la mort ? Aimait-on assez sa mère pour qu’elle fuie la vie ? Les cœurs de l’une et de l’autre se parlent enfin par félins interposés. L’histoire-poison de sa mère n’est pas celle de Julie et l’amour était là, l’amour est toujours là, malgré la mort.

Julie revient au monde après trois nuits et deux jours de sommeil profond, et retourne à sa vie, grandie, rassurée, parfois immensément triste, mais capable de tant !

 

Deux cahiers de 11 illustrations toutes si différentes, toutes si parfaitement accordées au texte, sont placés de part et d’autre du texte seul. S’y côtoient par ordre d’apparition Thierry Dedieu, Béatrice Alemagna, Henri Meunier, Claude K. Dubois, Barroux, Antoine Guilloppé, Rascal, Irène Bonacina, Laurent Corvaisier, Joëlle Jolivet, Olivier Balez, Kitty Crowther, Bobi + Bobi, Delphine Durand, Antonin Louchard, Yann Fastier, Benjamin Lacombe, Régis Lejonc, Gilles Rapaport, Emmanuelle Houdart, Benoît Morel, Rebecca Dautremer.

Certaines imagent résonneront plus pour les uns que les autres, mais chacune vaut de s’y arrêter, d’y trouver un sens, d’y reconnaître la patte de ces êtres étrangement humains que sont les illustrateurs. Les uns déjà célèbres, les autres un peu moins, la valeur de leur don est pourtant universelle. Si le texte est grave, il est juste, sensible et délicat… il nous éclaire, et nos jeunes lecteurs méritent qu’on s’adresse à eux sur ce ton-là. Puis qu’on réponde bienveillamment à leurs questions, ou respectueusement à leur silence.

Faites-leur et faites-vous plaisir, donnez vous aussi, car ce livre n’est pas à vendre, il est la contre-partie d’un don au projet Julie Capable/999/Samoa, il y en avait 999 exemplaires numérotés, il en reste quelques uns, disponibles sur le Ronéo de l’auteur, aussi à la librairie La Courte Echelle. Le format 17/23, le papier de grande qualité, l’impression verte et locale devrait donner envie de se passer du virtuel déjà alléchant proposé gracieusement par Thierry Lenain.

 

 

Julie Capable, Thierry Lenain et 22 illustrateurs (voir liste ci-dessus), édition Samoa, contre un don de 20€ (+5€ de frais de port en France, +10€ hors France).

 

Pour suivre le projet au printemps : http://www.juliecapable.fr (pas encore actif).