En perspective des municipales, alter1fo continue sa tournée des chaumières en rencontrant un couple rennais au parcours singulier, zigzagué et épatant. Danièle et Lionel, entrepreneurs et citoyens, vivent aujourd’hui dans un immeuble au cœur du gros chêne, dans le quartier de Maurepas. (Les prénoms ont été modifiés)
A Rennes pour un nouveau départ
Ils ont longtemps vécu à la campagne, près de Dol de Bretagne. Ils ont perdu leur entreprise à la suite de la crise des subprimes. Leur banque a cessé de les suivre. « Le carnet de commande était plein cependant », regrette Lionel. Ils ont tout perdu. Ils ont revendu tous leurs meubles et sont repartis de zéro. « Mais tout cela était matériel, ce qui est important demeure », ajoute Danièle, montrant du doigt la chambre de leur fils travaillant sa prépa au lycée Chateaubriand.
A l’issue de cette période difficile, une bonne nouvelle leur arrive enfin. « C’était un 31 décembre, pour la nouvelle année , explique Danièle. Un courrier de la Ville de Rennes nous annonçait qu’un appartement à Maurepas nous était attribué ».
Cette ville ne leur était pas inconnue. Ils en avaient une bonne image, celle d’une commune qui a énormément évolué sous Edmond Hervé. Danièle y a vécu plus jeune et dit ne pas connaître le nom du maire actuel. « -Si ! Delaveau… Daniel Delaveau. » rebondit Lionel.
Une ville facile à vivre mais difficile à respirer
En arrivant, ils apprécient tout particulièrement la proximité. « Dans le quartier de Maurepas, il y a tout sur place. A la campagne, il n’y avait pas d’autre choix que de prendre son véhicule pour aller chercher du pain ; là, j’y vais à pied » affirme Lionel. Danièle compare sa situation avec celle de sa mère, qui habite dans le quartier du canal Saint-Martin. « Là-bas, pas de magasin près de chez elle, il faut se rendre dans les zones commerciales. C’est moins pratique. » Et puis vivre à Rennes, c’est aussi pour eux l’accès à la culture, à la connaissance, aux études pour leur fils. Tout aurait été différent à la campagne. Alors, ils sont heureux d’être là.
Un bémol cependant à la joie de vivre à Rennes, Danièle voit son asthme accentué depuis leur arrivée dans cette commune. « En raison de la pollution verte par les pollens. Des essences d’arbres nocives sont plantées partout dans la ville. Nous n’aurons pas le choix, nous devrons quitter Rennes un jour. À regret. » explique Lionel.
Entrepreneurs citoyens
Question parcours professionnel, Danièle et Lionel restent des entrepreneurs dans l’âme. Avec l’aide du Labfab rennais, un laboratoire collaboratif de fabrication francophone, ils tentent de développer leur nouveau projet : un boîtier de télésurveillance solidaire. Cet outil permettrait aux habitants de leur immeuble d’être secourus par leurs voisins quand ils rencontrent des problèmes. Au lieu de recourir à une société privée, ils créent du lien entre les gens.
L’idée a germé à la suite de difficultés rencontrées dans l’immeuble, devenu le lieu d’un trafic de stupéfiants. « Nous nous sommes mobilisés pour faire cesser cette activité qui rendait la vie difficile dans notre lieu d’habitation », indiquent-ils. Pour cela, ils ont participé à la création d’un collectif d’habitants à Maurepas. « Nous entendons des propos dérangeants dans le quartier, comme certains qui veulent voter Front national ». Ils veulent lutter contre cela. Et faire en sorte que les gens se rencontrent, quelles que soient leurs cultures, pour vivre ensemble des moments conviviaux. L’intervention coordonnées des institutions (mairie, police nationale, bailleurs sociaux) a permis de faire cesser les troubles dans l’immeuble. Ils pensent cependant qu’il faut rester vigilant pour que cela ne se reproduise plus. Et mettent en avant pour cela l’importance du lien entre les gens : « en nous réunissant entre habitants, nous pourrons faire en sorte que la vie y soit agréable pour tous. »
Par ailleurs, Danièle et Lionel se découvrent depuis peu intéressés par la vie citoyenne rennaise. Entre 2008 et 2012, les difficultés personnelles ont pris le pas sur leur possibilité de s’engager. Mais, à travers leur participation au comité de suivi RSA, une instance d’écoute des bénéficiaires de ce revenu, ils ont appris à connaître les rôles des différentes institutions, comme le CCAS ou le centre social. « C’est tout naturellement vers le centre social que nous nous sommes tournés pour être aidés dans la mise en place du collectif d’habitants, explique Lionel, et nous participons également avec le Labfab au déploiement des imprimantes 3D dans les pôles multimédias municipaux. »
« Il n’y a pas de candidat parfait, c’est toujours une affaire de compromis »
Les futures élections communales intéressent Lionel et Danièle. De l’équipe actuelle, ils ne connaissent qu’Yves Préault, qui a soutenu le collectif d’habitants. Ils soulignent leur attachement au vote (« Certaines personnes n’ont pas le droit de vote, alors on a toujours été voter »), même s’ils disent ne pas connaître tous les candidats ni leur programme. Ils n’ont pas encore choisi pour qui ils vont voter mais ils vont regarder les propositions des différents candidats, afin de choisir celui qui se rapproche le plus de leurs valeurs. « Il n’y a pas de candidat parfait, c’est toujours une affaire de compromis : il y a des choses qui nous collent à la peau, d’autres avec lesquelles on n’est pas d’accord ». Quoi qu’il arrive, ils voteront aux deux tours. « Parfois, nous avons voté utile, comme en 2002 où il fallait voter pour Jacques Chirac ».
Une demande de soutien pour les chefs d’entreprise qui mettent la clef sous la porte
D’après eux, et vu le passé électoral de Rennes, c’est Nathalie Appéré qui va être le prochain maire. « Enfin… elle a de grandes chances de l’être » nous dit Lionel. Ils en profitent pour faire une proposition au futur maire, quel qu’il soit : « Il faut aider les entrepreneurs qui échouent. Pourquoi en France jette t-on l’opprobre sur des chefs d’entreprises qui ont dû arrêter leur activité ? Ils ont appris en faisant, ils ont acquis de l’expérience et, pourtant, ils deviennent inemployables car jugés ingérables ou trop autonomes. Alors, il faudrait créer une structure pour aider les chefs d’entreprise qui ferment leurs boites, leur apporter du soutien psychologique, un soutien pour reconstruire leur vie. » Car tous, en effet, ne sont pas deux, unis si fortement comme Lionel et Danièle, capables de surmonter ensemble des tempêtes.
Retrouvez l’intégralité du dossier « Les municipales et nous »
Merci à Emi pour les photos.
je remerci lionel et daniéle pour avoir lancer le depart du colectif qui j’éspére aporteras la sérénité dans la tour et surtout la la sécurité des habitants face aux bandes qui voudraient imposées leur lois