C’est déjà la sixième édition pour le festival rennais des gens qui font eux même de très belles choses imprimées dans leur garage. Le Marché Noir nous revient donc les samedi 23 et dimanche24 septembre et, même avec une formule « allégée », il semble de nouveau très en forme. On retrouvera bien sûr une foultitude de belles choses à voir et éventuellement acquérir et de multiples expositions dans différents lieux (Les Ateliers du Vent, Blindspot, La Minuscule Galerie et même dans le Morbihan) mais vous allez aussi pouvoir participer à une multitude d’ateliers tous plus intrigants les uns que les autres. Nous vous avons concocté une petite présentation de l’événement qu’on espère alléchante et nous avons de nouveau poser quelques questions aux organisateurs.
Nous gardons un excellent souvenir de l’édition 2016 du Marché Noir. Le festival des « Estampes, des arts graphiques et de la micro-édition » avait su monté en puissance en investissant un nouveau lieu : Les Ateliers du Vent après plusieurs années à l’essentiel pour l’événement Jardin Moderne. Les expositions avaient parfaitement tiré parti des nouveaux espaces, les concerts (Heimat en tête) avaient été intenses à souhait et nous nous étions bien éclaté à graver notre propre 45 tours de noise maladroite et composer à coup de dés notre fanzine personnel.
Pour cette sixième édition, la bande a décidé d’éviter le burn-out en concentrant les événements sur deux jours de festivités particulièrement explosives. Si vous aurez le temps d’aller admirer les œuvres du nantais Jéronimo (chez l’indispensable disquaire Blindspot du 21 septembre au 16 novembre), de Phileas Dog (dans la Minuscule Galerie devant la librairie Planète IO du 22 septembre au 27 octobre), il faudra par contre ne pas louper le week-end du 23 et 24 septembre pour profiter de toutes les merveilles qu’abriteront Les Ateliers du Vent. Là aussi, il y aura les expositions de la suisse Sandra Baud et du collectif basé à Berlin Palefroi mais il y aura surtout un véritable feu d’artifices d’ateliers aussi diversifiés qu’originaux. On y revient plus en détails dans l’entretien que nous ont accordé les organisateurs.
Si ce n’est déjà fait, on vous conseille de lire avant l’interview de l’an dernier. Elle est aussi instructive sur le festival que drôle.
L’année dernière vous nous aviez annoncé rêver que « L’année prochaine on part à Marrakech avec l’argent du festival de cette année pour tout cramer sur place en jus d’orange. ». Visiblement, ce n’est pas encore le cas. Quel bilan et leçons tirez-vous de l’édition 2016 ?
L’édition de 2016 a dépassé nos espérances. De très belles expositions sont venues compléter notre salon et asseoir un peu la formule initiée à l’EESAB et à l’Hôtel Pasteur en 2015. Le fait de tout réunir de nouveau aux Ateliers du Vent nous a également facilité la tâche. Nos invités nous ont comblés ainsi que le public. À quoi bon partir à Marrakech, et puis un peu tête en l’air, nous avons oublié de boire du jus d’orange.
Le festival semble confirmer la vitalité et la fécondité du milieu des arts graphiques faits maison et de l’auto-édition. Y a-t-il localement eu des nouvelles structures à apparaître (ou à disparaître) depuis l’an dernier ?
Nous n’avons pas fait un état des lieux des apparitions et disparitions des structures d’éditions qui peuvent avoir des formes collectives ou individuelles. En plus d’être protéiformes elles sont parfois également éphémères. Mais la micro-édition manufacturée s’est installée durablement dans le paysage. Les connaissances et les savoirs se transmettent facilement par internet, par l’échange lors des festivals, et d’autre pratiques voisines apparaissent comme l’émergence des Drawbot (logiciel libre de dessin), de l’impression en risographie (une super photocopieuse si on a bien compris)… C’est là aussi des moyens mis à la disposition de l’artiste pour réaliser lui même ses estampes en multiple, même si ça passe par de l’informatique.
Est-ce que cette nouvelle édition a été plus ou moins compliquée à organiser que les précédentes ?
Plus ou moins, c’est ça !
C’est une équipe de 14 bénévoles qui gère un festival depuis six ans maintenant, c’est réjouissant. Surtout une équipe entièrement composée d’artistes imprimeurs. Bien sûr nous sommes bien entourés par d’autres personnes compétentes sur d’autres domaines comme Claire Choisy au relations presse et Coxypy pour la couverture photos et vidéos du festival. Mais la tenue du Marché Noir est chronophage. L’envie pour cette sixième édition était de se reposer un peu, tout en s’amusant.
« Maxi Ribouldingue » sur deux après-midi seulement. Dit comme ça, on signe. Seulement comme personne ne souhaite faire un événement au rabais, changer les habitudes et investir dans du neuf en restant ambitieux demande pas mal d’efforts. Donc plus ou moins compliqué.
Le très réussi programme du festival arbore une « Nouvelle formule » entourée de la bulle hérissée de rigueur. C’est de la publicité mensongère ou y a-t-il réellement de grands changements pour cette sixième édition ? Qui a réalisé ce programme ?
C’est l’ensemble de l’équipe du Marché Noir qui a réalisé ce programme. C’est à dire les membres des associations suivantes, La Presse Purée, L’atelier Barbe à Papier, L’atelier du Bourg et L’atelier l’Imprimerie. Pour l’équipe du Marché Noir, il y avait un souci de se renouveler pour cette sixième édition et de ne pas faire de redite pour ne pas s’ennuyer. Même si encore une fois nous sommes très très fiers de l’édition de l’année dernière. Les changements majeurs résident dans le remplacement des stands par des ateliers. Il n’y aura pas cette année de stand d’exposants.
Vous nous aviez aussi déclaré l’an dernier essayer « de ne pas donner trop d’importance aux stands et de [vouloir] présenter plus de démonstrations, d’expositions ou d’autres formes de promotion ». Cette année, nous serons servis avec une bonne dizaine d’ateliers. Que pourra-t-on y faire concrètement ?
Donc, concrètement une maxi ribouldingue c’est une fête foraine, en somme, avec un carrousel infernal où vous pourrez vous faire imprimer de jolis motifs en polychromie sur textiles par La Presse Purée. Les graveuses de bonne aventure seront de retour pour lire dans les creux de la gravure divinatoire, l’Atelier du Bourg réinventera le journalisme d’investigation et vous invite à prétendre au prix Albert Londres en participant à la réalisation du Chien Écrasé. Le petit Jaunais vous prépare une surprise ribouldingueste avec son train fantôme, le Professeur Draw Draw vous propose de matérialiser le mur du son. Mais ce n’est pas tout: Photor ou comment prendre des photos à toute berzingue en pilotant une voiture téléguidée. Vous pourrez également participer à l’atelier Palette des Concasseurs qui consiste à faire vous-même vos couleurs avec la géologie du lieu. Phileas Dog vous permettra de devenir Janus Bifrons, l’homme aux deux visages grâce à un masque sérigaphié et l’Atelier L’imprimerie proposera la plus petite et le plus grande impression du monde ou au moins du quartier. Le Marché Noir prend une tournure festive, des barbes-à-papa curieuses et un super loto viendront compléter l’ambiance de fête foraine. Pour vous reposer de cette festivité permanente, deux expositions vous sont proposées, Sandra Baud et ses gravures polychromiques et le collectif Palefroi de Berlin et ses sérigraphies. Effectivement les stands ont disparu dans la logique de nous alléger un peu la charge de préparation de festival organisé uniquement par des bénévoles. Pour les mêmes raisons le festival n’a lieu que durant les deux après-midi du samedi et du dimanche.
Comme nous sommes particulièrement sensibles aux superlatifs, nous avons été tout émoustillés par le Mégaloto et la Maxi Riboul Dingue. De quoi s’agira-t-il ?
Maxi Ribouldingue, c’est le sous-titre du festival, et le mégaloto est un loto qui aura lieu le samedi et le dimanche en fin d’après-midi organisé par Super Loto Éditions. L’opportunité de gagner de nombreux lots en sérigraphie et en gravure. Les places sont limitées donc il est conseillé de réserver vos places.
Pourquoi n’y a-t-il pas de concert sur le festival cette année ?
Cette remarque revient souvent. Effectivement depuis la première édition du festival il y avait toujours un concert en ouverture. C’était en partie dû au fait que le Jardin Moderne était coproducteur officieux du festival et au fait que le monde de l’auto-édition sur papier et très proche de celui de la musique. Réalisation d’affiche, de pochette de disque… Même si chaque concert fut un beau moment pour autant il a toujours été facultatif d’en organiser un. Comme l’intention était de réduire un peu la voilure du festival sur un temps plus court, d’emblée la programmation d’un concert fut supprimée. Mais visiblement ça a l’air d’être un événement de rentrée attendu.
(NdR : Vu le nombre de concerts excellents qu’il y aura sur ce même week-end, vos oreilles ne seront, de toutes façons, pas malheureuses. Guettez nos annonces!)
Il y a bien sûr toujours des expositions à Blindspot, aux Ateliers du Vent et à la Minuscule galerie… mais aussi à 60 bornes de Rennes à Loyat dans le Morbihan. Que pourra-t-on y voir et pourquoi ce nouveau lieu ?
Le Cabinet d’Estampes de Loyat est celui d’Hervé Aussant, graveur, professeur de gravure à Rennes et à Lorient. Il fait vivre la gravure depuis longtemps dans le coin, de la même manière qu’Yves Prié des éditions Folles Avoines fait vivre la typographie au plomb. Ils nous ont toujours aidés de manière directe ou indirecte à monter nos ateliers avec beaucoup de générosité. Le cabinet d’estampes étant perdu dans la campagne morbihanaise c’est pour nous une belle manière de le soutenir. Hervé Aussant y organise des expositions régulières, on devrait pouvoir y découvrir les artistes Hervé Aussant, Françoise Bailly, Aristide Caillaud, Catherine Denis, Armelle Gapihan, Pauline K, Cécile Rescan, les Archives du Cabinet et des noms dans les tiroirs à découvrir et à redécouvrir.
Les invités de cette édition sont à nouveau particulièrement nombreux et excitants. Restent-ils des structures ou artistes que vous aimeriez faire venir sans y être parvenu jusque là ?
Bien sûr, ils ont en général déjà reçu l’invitation mais n’ont pas pu y répondre. Et puis il y a tous ceux que nous aimerions inviter tous les ans mais que notre choix de faire découvrir un maximum d’artistes nous empêche de réinviter. Il faut que cela tourne. Il reste aussi à découvrir tout ceux qui émergent et qui vont nous surprendre et prendre la relève. Tous ceux-là se reconnaîtront.
Le Marché Noir 2017 – Samedi 23 septembre de 13h à 20h et dimanche 24 septembre de 14h à 19h
Aux Ateliers du Vent, 59 Rue Alexandre Duval, Rennes
Pour s’y rendre on prend son biclou, le Vélostar ou encore le Bus C9 : arrêt Voltaire
Ne prenez pas votre bagnole, c’est très galère de se garer dans le coin.
On peut (bien) manger et (tout aussi bien) boire sur place
mais penser à prendre des sous car il n’y a pas de distributeurs dans le secteur
Plus d’1fos sur :
Le programme complet (en numérique mais choppez le en vrai, il est très beau !)