Ambiance confinée : suspension lumineuse en forme de chandeliers… orgue et piano pour l’ambiance sonore. La piste est là, circulaire, ensablée. Puis pour l’esprit mystique… Un cheval blanc qui erre sur la piste à notre arrivée… Un homme racle la piste, comme pour une préparation à une envolée dans l’art circassien.
Le suspens monte, qu’est-ce qui nous attend pour ce spectacle Installation.
Un tube, sorte de mât se balance sur la piste, tourbillonne, ondule… Un homme s’y accroche, y monte, y grimpe… le mat et l’homme ne font qu’un. En fond sonore, de la batterie, de la basse, une interprétation musicale qui se fera pendant toute la représentation.
Puis ensuite comme dans un songe, nous voilà plongé dans un monde merveilleux ou l’homme et les chevaux communiquent. Devant nous, un homme en noir. Puis un, deux, trois, et au final ce sont quatre chevaux blancs qui viendront sur la piste. Des cloches accrochées sur leurs pattes pour un bal de gling gling bien orchestré. Des pas précis pour une mélodie sonore. C’est donc un bal musical et poétique, une tourmente de pas et de sons, un moment émouvant. Le dresseur semble parler une autre langue… Ambiance intemporelle, extra- terrestre créée par des lumières bleues qui reflètent sur le blanc des chevaux.
Trois des équidés désertent la piste… il en reste un, monté alors par une femme, elle sera la femme en blanc. La femme au diabolo… du haut du cheval elle entreprend des pass de diabolo…
Ensuite une entrée soudaine d’un couple, au couleur sombre. Ils entreprennent des pas, une danse, quelques acrobaties… pour un tango intense, mais tout aussi doux.
Le couple au diabolo fait à nouveau son entrée… pour des jeux, des échanges… on s’attend, on aimerait que le diabolo touche le ciel, que s’enchaînent les figures, mais ca reste au sol, sans rien de particulièrement grandiose dans cette jonglerie. Mais notre satisfaction sera grande, lorsque, plus tard vers la fin du spectacle, les diabolos se déploieront dans un bal chorégraphique qui nous enverra la tête dans les étoiles.
C’est ainsi que les scènes se croisent, s’enchainent, entre les couples, les pratiques circassiennes, pour du jonglage, de la danse, de la voltige…
Les moments les plus beaux et magiques émergent plus tard de cette piste et des artistes qui s’y déploient. D’abord cette scène du couple de danseurs qui effectuent avec des cordes un duo de chorégraphie… ils s’entremêlent, s’emmêlent, se portent, se jettent… et tout cela à quelques mètres du sol.
Ensuite, l’instant le plus émouvant, demeure celui des funambules. Ulla Tikka et Andreas Muntwyler, – que vous avez peut-être découvert à Mettre en scène 2007 lors de la proposition de la Cie Les Colporteurs avec leur spectacle Le Fil sous la neige – ont séduit le public par leur beauté, leur performance, tout en douceur, délicatesse pour une véritable prouesse funambulesque. De l’émotion pour cet instant poético-accrobatique.
Ce sont donc plusieurs scènes qui s’enchaînent pour un mélange, une effervescence de pratiques circassiennes.
Du cirque comme on a envie d’en voir, beau, nouveau, contemporain. Un spectacle drôle et émouvant, mais pour nous faire véritablement rêver, ce spectacle manque par moment d’éclat. Plus de rythme sera appréciable, plus de folie, malgré qu’il y a eu des tentatives de partir dans un scénario un peu fou, mais par rapport à cela, on sent quelques retenues dans la mise en scène. On aimerait que tout s’enchaîne sans cohérence, explose dans tous les sens, un peu comme le spectacle Tabù présenté aux Tombées de la nuit 2008, peut en être le parfait exemple.
Cette création collective suisse mérite malgré tout le détour, et nous a offert un beau moment de rêve.