Focus sur la scène rennaise – Interview de Zaïba

Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

Zaïba live

Aujourd’hui, notre focus sur la scène rennaise met le projet de Mehdi Zaïba sous les projecteurs. Ancien membre de Fouchtra, Medhi, breton d’adoption depuis 9 ans, s’est lancé dans l’aventure solo, seul avec sa guitare. Sous le nom de Zaïba, l’artiste propose des chansons en français, où son chant est simplement accompagné par sa guitare sèche. Après une petite tournée réunionnaise,  Zaïba sera en concert avec Alee (retrouvez notre interview d’Alee ici) le 16 avril à Lulu Berlue. L’occasion pour nous d’en savoir davantage sur cet artiste.

Zaïba - focus sur la scène rennaise - interviewAlter1fo : Si tu devais te présenter en quelques mots ou quelques lignes, que dirais-tu ?

Zaïba : Bonjour, je suis Mehdi Zaïba. Je vis en Bretagne depuis maintenant 9 ans après quelques années passées à La Réunion.

Je jongle avec divers projets en parallèle : un projet solo en mon nom, Zaïba, l’accompagnement d’une conteuse pour un spectacle destiné au jeune public et l’enregistrement et le mixage de projets tiers.

Parlons davantage de ton projet solo. Tes morceaux reposent sur ton chant accompagné par une guitare sèche. Parfois les accents de ta voix nous font penser un peu à Souchon sur certains morceaux (Apollo Gin, par exemple). Mais sur d’autres, ta voix sonne différemment. Quelles sont les influences que tu revendiques ?

L’idée d’un enregistrement guitare-voix s’est imposée d’elle même. J’ai commencé ce projet solo début 2010 et il me fallait un support audio pour démarcher. J’avais déjà une existence scénique mais c’était relativement difficile de faire découvrir mon univers sans support. De là, deux copains m’ont proposé un passage éclair en studio. Pas le temps à ce moment d’arranger les titres plus qu’il ne fallait. J’avais besoin d’un enregistrement qui colle de près à ce que je peux défendre sur scène. Les prises ont été réalisées live pour le guitare/voix avec quelques arrangements légers par la suite.

Ce fut une très belle expérience. Retrouver l’émotion brute d’un morceau et savoir l’imprimer sur bande est un chouette chemin. Je désirais profondément revenir à mes premières sensations de musicien: une guitare et une voix. Aujourd’hui mon projet a encore évolué et je n’exclus pas la possibilité de réaliser quelque chose de plus fourni.

Fantaisie Militaire - BashungJe viens du rock français et cet héritage me poursuit malgré tout, j’ai ressenti mes premières émotions musicales en découvrant l’univers des 70’s, et parallèlement des pièces écrites pour guitare classique.

Peu de temps après, ce fut la découverte de Noir Désir, Nirvana, Pixies et RATM, avec toujours un penchant pour l’écriture en français. Je vibre plus facilement quand je comprends le texte: Gainsbourg, Léo Ferré, Alain Bashung, Hubert-Felix Thiéfaine m’ont énormément touché. Finalement je n’oserai revendiquer aucune de ces influences, c’est un pari énorme que d’assumer en être l’héritier, mais au final j’ai sûrement mélangé tout ça dans une grande marmite maison, au rythme du Maloya de Danyel Waro, René Lacaille ou Ziskakan, qui résonnaient là où j’ai grandi.

Si tu devais citer trois disques sans lesquels tu ne pourrais vivre ?

Oula la! Comment n’en choisir que trois sans en oublier. Je citerai des albums qui ont imprimé les grands moments de ma vie : Alambic sortie sud, L’homme à tête de chou, Rest’la maloya (hommage à Alain Peters), Paraboler, Five, Tostaki, Pig on the wind, The song remain the same (live au Madison), Fantaisie militaire et Bleu pétrole, R A T M, Ok cowboy, Supernatural-an anthology, Catch a fire

Ok je triche, mais j’aurai envie d’en citer plein d’autres, alors pour finir trois artistes qui tournent régulièrement chez moi en ce moment: CASEY, Bertrand Belin et encore Casey tiens !

Qu’est ce qui t’inspire pour écrire les textes ?

Je suis inspiré par ce que je vis, ce qui me procure de l’émotion bonne ou mauvaise. Mon écriture est toujours en lien étroit avec ce qui m’entoure. Je n’ai pas de thème de prédilection en particulier ni de revendications, encore moins de message. D’ailleurs je ne fais pas partie de ce mouvement qui voudrait qu’on défende forcément quelque chose à travers sa musique, d’autres le font très bien et beaucoup mieux que moi.

Mon écriture est assez imagée, très emprunte de divagations à la limite de l’autobiographie. J’aime quand le mot porte l’émotion et réciproquement, et par dessus tout quand le sens de la première lecture n’est pas celui qu’on croit, ou qu’il existe un double sens. C’est magique de comprendre quelque chose de nouveau dans une chanson que l’on connait par cœur, tout ça, car notre évolution, notre expérience, nous permettent d’appréhender un autre degré de lecture.

Zaïba epTu faisais partie du groupe Fouchtra avant ce projet solo. Comment en es-tu arrivé à ce projet solo guitare-voix ? Qu’est-ce qui t’a donné envie ?

L’aventure Fouchtra a duré 14 ans, c’était ma toute première expérience de groupe et ce fut la seule. Le jour où nous avons décidé de monter cette formation, je n’avais que quelques mois de guitare dans les pattes, mais une envie profonde de créer, d’inventer.

Lorsque le groupe a cessé il y 3 ans, je ne voulais pas me lancer à nouveau dans une expérience collective. Animé par le désir de comprendre qui j’étais, seul, de savoir ce que j’avais à dire, d’apprendre à me connaitre finalement.

Lorsque tu composes pour un groupe, l’écriture s’oriente peu à peu vers une énergie représentative du collectif. L’expérience solo me laisse beaucoup plus de liberté dans le champ musical et dans les choix périphériques à mon projet. Je ne rejette pas l’idée de m’entourer à nouveau de musiciens, mais si cela doit se faire, ce sera au bon moment, celui que j’aurai choisi et avant tout au service de mon projet.

Pour la petite anecdote, nous étions fin 2009, assis sur les marches du Coquelicot en train de chantonner quelques un de mes morceaux en compagnie de Willy Bichon, le régisseur d’Alexis HK, quand Patrick, le tôlier du lieu, m’a proposé ma première scène solo, puis la première partie d’Alexis HK quelques temps plus tard et enfin une audition pour le Mégaphone tour de Caroline Guaine en 2010. Tout cela fut un beau Tremplin pour me décider à y aller…

Zaïba presseQuelques uns de tes morceaux finissent sur une partie plus chorale avec plusieurs voix. Pourquoi ce choix ? Est-ce l’envie d’apporter du relief aux compos guitares-voix ? Comment composes-tu ?

Exactement. J »aime certains doublages de voix. Ils orientent différemment les sensations de la musique, de l’harmonie. Je trouve ça génial quand cela peut surprendre et ça ramène de la profondeur et du tonus qui plus est. En ce sens je suis assez fan du travail sur les voix de groupe comme Montgomery et Santa Cruz.

J’assouvis aussi un peu de mon penchant pour l’arrangement. Le matin est un moment très important, je suis encore assez frais (rires) et perdu dans les rêveries de la nuit, c’est en général le moment fort de ma journée où les idées arrivent, je gratte quelques accords sans direction particulière, plutôt par besoin et plaisir. Les lignes de voix ne s’imposent pas toujours à cet instant-là, je me laisse alors du temps pour enrichir ce que je trouve chouette, 1 an, parfois beaucoup plus…. Puis vient le moment où j’enregistre les idées principales que j’écoute en boucle, parfois pendant des heures et des heures à en rendre fou mon entourage ! C’est le moment que je choisis pour enrichir le texte et poser les bons mots…

Show me the sound - logoSur ce projet, tu travailles avec l’association Show me the sound, qui a pour but de diffuser et promouvoir les musiques actuelles. Comment s’est passée la rencontre ?

J’ai rencontré Ronan Masson, un des fondateurs de Show Me, il y a quelques temps déjà, lorsqu’il était programmateur d’un festival dans le nord de l’Ille et Vilaine, pas loin de là où je vis actuellement. A cette époque, son énergie m’avait séduit et il se montrait déjà enthousiaste sur mes compos.

Nos chemins se sont éloignés pour se rejoindre il y a quelques temps alors qu’il chroniquait pour un webzine dont il était fondateur : Electronik Music Addict. Il m’a fait part de son envie de monter une structure de développement artistique avec certains artistes, dont moi. La collaboration s’est alors faite naturellement et nos deux projets cohabitent et se développent mutuellement.

Sur la scène rennaise, comment te situes-tu ? Es-tu en contact avec d’autres artistes rennais ? Desquels te sens-tu proche ?

Géographiquement assez loin…

Assez humblement, je pense pouvoir y jouir d’un certain anonymat. Les occasions de me produire sur Rennes sont pour le moment assez rares.

AleeUne apparition au 4 Bis pour un filage public en mars 2010 et un concert de soutien avec Alee pour le BGP festival, sans oublier Les Rockeurs ont du Cœur en 2009 au feu le 1929, et c’est à peu près tout. A l’heure qu’il est, je ne pourrai dire si j’ai ma place à Rennes. Il y a une empreinte anglo-saxonne assez forte et un goût certain d’une musique pointue.

J’espère y trouver un public, d’ailleurs ma prochaine date rennaise se fera le 16 avril à Lulu Berlue avec Alee. Pour avoir pu partager la scène avec lui, je dirai que j’aime son engagement militant et cette manière simple et touchante qu’il a pour embarquer son public.

Pierre C, Montgomery, Garbo, Laëtitia Sheriff, Santa Cruz ou Del Cielo, sont quelques-uns des artistes que je guette régulièrement.

Pour finir, quels sont tes projets à venir ?

Allez boire une bonne bière bien fraîche avec les copains, discuter pendant des heures et commencer à réfléchir à l’enregistrement d’un premier album.

Merci !!

Remerciements spéciaux à Ronan Masson de Show Me The Sound pour sa disponibilité.

Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici

(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba…)

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Retrouvez Zaïba en concert à 20h30 le 16 avril avec Alee à Lulu Berlue, 2bvd de la Liberté – Rennes. Entrée libre.

Pour en savoir plus sur ZAÏBA :
http://www.noomiz.com/zaiba
http://www.myspace.com/zaibazaiba
http://www.zaiba.bandcamp.com (lien pour télécharger à prix libre l’EP)

Pour en savoir plus sur Show Me The Soundhttp://www.showmethesound.com

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