Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…
Quatuor 2 guitares-basse-batterie, les Rennais de Wimp ont sorti un premier neuf titres Propergols au printemps 2012. Sûrement inspiré par les voûtes célestes si l’on en croit leur nom et le titre de ce premier enregistrement (les Wimps, si on a tout compris, sont des particules de matière noire, le Propergols est un produit de propulsion pour les fusées), Wimp ne reste pas à tourner en rond autour du soleil pop qui l’éclaire. Bien au contraire, le quatuor se propulse à la vitesse de la lumière d’une galaxie à l’autre : naviguant des couleurs psychées barrées sur la voie lactée à l’aide d’un sitar, Wimp se mêle ensuite à une course d’astéroïdes paumés magnifiques, qui dérivent tel Syd Barett, fait ensuite un petit détour sur la planète Deerhoof, tout aussi barrée, et n’oublie pas par instants de saturer ses guitares pour brouiller les radars. On ressort tout émoustillé de l’écoute de ces morceaux qui dynamitent la linéarité et par ce kaléidoscope musical qui, s’il part dans plusieurs directions, n’oublie jamais d’être fluide. Ils seront en concert ce vendredi 23 mai au Dejazey dans le cadre de Support your Breizh Bands. L’occasion pour nous d’aller faire un saut sur la voie lactée en compagnie du quatuor.

Alter1fo : On commence par cette foutue question piège… Si vous deviez vous présentez en quelques mots ou quelques lignes, que diriez-vous ?

Wimp : Le groupe est composé de Romain (chant/guitare), Julien (guitare, chœurs), Benjamin (batterie, chœurs) et Fanch (basse, chœurs). Officiellement, on présente notre musique comme se situant « entre pop géométrique, noise ahurie et psychédélisme neurasthénique (pour le dire simplement). »

Wimp existe depuis quelques temps déjà, même si le premier album vient de (re)sortir sur Another Records. On revient donc à vos débuts. Comment en êtes-vous arrivés à ce projet ? Quelle est la genèse de Wimp ?

Wimp existe depuis très longtemps. Romain et Julien avaient déjà tenté de former un groupe au lycée, avant de fonder Wimp peu après avec d’autres membres. Le groupe s’est développé avec une lenteur certaine : Benjamin a rejoint Wimp en 2006, et Fanch en 2007.

On a été assez épaté d’entendre votre facilité à télescoper les influences sur votre premier album ou le dernier titre en date (Pi=3.14) ! Vous passez par exemple des couleurs psychées barrées (on pense au sitar) proches des dérives à la Syd Barrett à un petit détour sur la planète Deerhoof, sans oublier par instants de saturer les guitares pour brouiller les radars. Comment qualifieriez-vous votre musique de votre côté ? Quelles sont les influences que vous revendiqueriez ?

En fait, il n’y a pas tant de groupes faisant l’unanimité parmi nous, mais plutôt des ponts entre nos goûts respectifs. En plus de Syd Barrett et Deerhoof, notre musique reflète notamment l’écoute de groupes comme Pavement, The Fall, The Beach Boys, Pixies… On essaie de jouer tout ce que nos limites nous autorisent, et ne pas se contraindre consciemment à un seul type de morceau : par exemple, « Pi=3.14 » est assez différent de « Zelda Zonks in hotel rooms ».

Trois disques sans lesquels vous ne pourriez vivre ?

Pavement Wowee Zowee, The Fall  The Unutterable, Pink Floyd The piper at the gates of dawn.

Comment composez-vous ? Vous improvisez ? Chacun fait ses propres morceaux, ou bien l’un d’entre vous arrive avec une partie que vous retravaillez ensemble ?

Romain écrit les morceaux et impose propose une bonne partie des arrangements guitare et basse, que Julien et Fanch peuvent modifier (… mais pas trop). Benjamin arrange ses parties de batteries. Puis on discute ensemble des différents sons à utiliser.

En résumé : au départ, c’est une dictature terrible bienveillante, qui se meut progressivement en une démocratie à mesure qu’approche le résultat final.

J’aime bien la formule ! On l’a dit tout à l’heure, c’est un peu curieux parce que votre très bon premier album Propergols était sorti en 2012, mais se retrouve de nouveau dans l’actualité puisqu’il vient de (re)sortir en ce début d’année chez le label Another Records. Pouvez-vous nous expliquer comment ça s’est passé ?

On avait sorti Propergols sur Bandcamp en mars 2012. En février 2013, Room Service (dans lequel jouent aussi Benjamin et Fanch) était invité par Another Record pour un concert à Tours. Le groupe sensé jouer avec eux ayant annulé, nous avons finalement été aussi invités pour les remplacer. Another Record a bien aimé notre set, ainsi que l’album. On est donc restés en contact et ils nous ont proposé de le sortir.

Pour Propergols, on a parlé d’un album kaléidoscopique. Mais le disque garde pourtant une sacrée cohérence tout en dynamitant une certaine linéarité. Quelles étaient vos envies avec ce disque ?

On est très contents de ce que tu évoques (« kaléidoscopique », « cohérence » mais pas « linéarité ») ! Ça nous convient ! Mais on ne s’est pas trop posé de questions. On a enregistré les chansons de notre répertoire que l’on pensait les plus abouties. On se fixe toujours une direction, mais sans objectif trop rigide ou précis. En live ou même parfois au sein d’un même morceau, on essaie de varier la dynamique, alterner mélodies pop et dissonantes, passer d’une musique psyché « flottante » à quelque chose de plus géométrique… Mais ce n’est pas complètement calculé. On a cherché à mettre en valeur au mieux ce qui existait.

Ça remonte à loin, mais vous l’avez enregistré au Black Box Studio, ce qui n’est quand même pas anodin. Pourquoi là-bas et comment cela s’est-il passé ?

En fait, il y a une petite erreur : on a juste fait le mastering au Black Box.

Au temps pour moi. Comment ça s’est passé de fait ?

On a réalisé l’enregistrement et le mixage par nos propres moyens, dans différents locaux de répétition, et dans nos appartements respectifs. Le défi c’était d’enregistrer l’album nous-mêmes, avec un matériel plutôt sommaire, et des compétences techniques presque intégralement hasardeuses.

On pense qu’on a un peu progressé avec cette expérience, et on devrait mieux s’organiser pour la suite.

Après les références à la physique (les wimps sont des particules de matière noire, le Propergols un produit de propulsion pour les fusées si j’ai tout compris) vous vous êtes mis aux maths avec le dernier titre en écoute sur Bandcamp (Pi=3.14). On a lu que vous étiez de nouveau en train d’enregistrer. Faudra-t-il s’attendre à du math rock ? Pouvez-vous nous parler de ce nouvel enregistrement ? Un ep ? Un lp ?

C’est délicat de parler de ce qu’on n’a pas encore fini. On est en plein enregistrement donc on ne sait pas encore ce que ça va vraiment donner. Nous sommes partis pour un EP. Il y aura des guitares acoustiques et peut-être des clowns.

Vous jouerez ce vendredi 23 mai au Dejazey avec Light house dans le cadre de Support Your Breizh Bands. Comment s’articule pour vous le passage de l’enregistrement au live ?

On ne pourrait pas reproduire en live exactement ce que l’on enregistre sur disque. Donc évidemment en live les morceaux sont plus bruts et plus spontanés (c’est un bon prétexte pour se justifier quand on chante faux). On aime bien essayer de travailler les enchaînements entre les morceaux différemment, pour jouer plusieurs morceaux d’affilée sans pause. Notre set actuel comporte à peu près 50% de nouveaux titres par rapport à ce qui est enregistré sur Propergols.

Ça donne encore plus hâte d’entendre pour découvrir les nouveaux titres. Après ce concert à Rennes, quels sont vos projets, vos actualités ?

On va poursuivre l’enregistrement de l’EP, avec pour objectif de le sortir avant la fin de ce siècle.

Merci !!

Merci aussi !

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Wimp sera en concert au Dejazey avec Light House le vendredi 23 mai dans le cadre de Support Your Breizh Bands à partir de 20h30.

Bandcamp de Wimp : http://wimp.bandcamp.com/album/propergols