Un archi chouette après-midi avec « Georges »

Inéluctablement, Rennes change de visage. Après l’inauguration du centre des congrès en 2018, de la fringante mais déjà saturée gare-LGVisée en 2019, la récente mise en service de la seconde ligne de métro est un énième point d’orgue de la transformation de la cité bretonne débutée dans les années 2000. Cette métamorphose, plus proche de la chirurgie opératoire que du simple lifting, n’est pas sans conséquence, et génère de sérieux points de frictions. En effet, on ne compte plus les collectifs de riverain·e·s qui contestent une urbanisation galopante poussant la municipalité à adopter l’année dernière une « charte de la construction et de la citoyenneté ». « Il faut considérer l’architecture comme un élément qui façonne la ville », disait encore un élu. Étonnamment, c’est en se baladant dans les nouveaux quartiers bien trop cubiques, et uniformes à notre goût (quartier de l’Octroi, Baud-Chardonnet, Beauregard, Courrouze… ) que nous prenons conscience de l’empreinte indéfectible de Georges Maillols. Citons la Barre Saint-Just, Les Horizons, la Caravelle, le Trimaran… Sa patte est reconnaissable entre toutes. Et c’est sans doute pour cette raison que la Maison de l’Architecture et des espaces en Bretagne a baptisé son festival Georges. Comme un clin d’œil amical, pour une première ARCHI-chouette édition (jusqu’au 09 octobre, NDLR).

Développé à l’échelle de la ville, le festival Georges propose une programmation éclectique, ouverte à toutes et tous (comprendre pas que pour les initié·e·s, NDLR) : expositions, parcours et visites, conférences, ciné-débats, ateliers, soirées permettant de (re)découvrir la capitale bretonne au travers de ses bâtiments emblématiques, grâce à des parcours inédits, et à une grande variété de formats. Personnellement, ne sachant pas à quoi s’attendre, nous avons improvisé un mini-parcours réalisé grâce à la carte interactive du site officiel afin de découvrir efficacement les différentes expositions gratuites.  Depuis l’ancienne Brasserie Saint-Hélier jusqu’au Pavillon Courrouze, voici nos coups de cœur.

(PS : Un grand merci aux personnes supervisant les expos, car elles ont toujours été disponibles et prévenantes pour répondre à nos questions.)

L’expo la plus lumineuse : MOMENTUM OF LIGHT

  • Brasserie Saint-Hélier, 11 Mail Louise Bourgeois
MOMENTUM OF LIGHT

MOMENTUM OF LIGHT est avant tout une collaboration entre le photographe néerlandais Iwan Baan et l’architecte burkinabé Diébédo Francis Kéré. L’exposition présente une série d’images, et explore l’interaction entre la lumière naturelle du soleil, l’architecture vernaculaire et la vie quotidienne du Burkina Faso. Nous avons été subjugués par le mécanisme de led de certaines photographies qui révèle de manière ciblée une lumière, parfois issue d’un écran de téléphone portable, ou d’un feu de camp.

L’expo la plus « archi » chouette : ARCHIGRAPHIE 

  • MAeB, 8 rue du Chapitre 
ARCHIGRAPHIE

Loïc Creff, alias Macula Nigra, appréhende l’architecture à travers une pratique plastique. Son projet ARCHIGRAPHIE s’intéresse au potentiel graphique de l’architecture et de l’urbanisme, sous les formes d’affiches, de collages etc. Nous, on adore le travail de l’artiste depuis longtemps déjà, notamment sa pratique du cyanotype (procédé photographique monochrome datant du XIXe siècle, NDLR). Les murs blancs-hôpital de notre appartement sont d’ailleurs recouverts de quelques-unes de ses affiches. Alors forcément, sans objectivité aucune, on a juste adoré notre passage au MAeB.

Un archi chouette après-midi avec « Georges »

 

L’expo la plus nichée : MUZ YER

  • Pavillon Courrouze, 40 Rue des Munitionnettes
MUZ YER

MUZ YER en breton signifie « maison à oiseaux » ou « cage à poules ». Il s’agit à la base d’une exposition permanente de nichoirs conçus par des architectes français et internationaux dispersés un peu partout dans la ville. Chaque nichoir constitue une réponse architecturale spécifique à un contexte urbain, et un abri dédié à une ou plusieurs espèce(s) identifiée(s) par la Ligue pour la Protection des Oiseaux, partenaire de l’opération. Même si on a du mal à appréhender que d’un côté on puisse continuer à couper des arbres, et de l’autre, créer artificiellement des nichoirs, le projet Muz Yer a  bien ici pour objectif de (ré)concilier architecture et biodiversité. Au pavillon Courrouze, on retrouve donc l’ensemble des  8 « maisons à oiseaux », sous la forme de maquettes. Ne reste plus qu’à identifier les lieux précis. Véritable jeu de piste, on peut les retrouver en vrai du côté de Maurepas, Plaisance, les Prairies Saint-Martin, le Quai Saint-Cyr, Moulin du Comte et la Courrouze.

L’expo la plus « ghostée » : LES MAISONS ENDORMIES

  • 30 rue Vaneau
LES MAISONS ENDORMIES

Cette exposition de Maxime Voidy reprend les codes des devantures des agences immobilières. Sur la devanture, par contre, des maisons qui ne demandent qu’à vivre, semblent être abandonnées. Dans cette série baptisée « Maisons endormies », le photographe revient sur la problématique des résidences secondaires.

Le petit flop : « RÉENCHANTER LE MONDE » 

  • Chapelle Saint-Yves, 11 Rue Saint-Yves

L’expo interroge la mission de l’architecte à l’ère des grandes transitions, qu’elles soient démographiques, urbaines, écologiques, énergétiques ou industrielles. Sujet pourtant central de notre époque, l’exposition présente trop d’informations dans un espace réduit provoquant chez nous un trop-plein, à la limite de l’indigestion, ne nous permettant pas de profiter pleinement des nombreuses réflexions. Dommage, nous sommes passés à côté, mais ce n’est pas bien grave !

On vous laisse découvrir le reste de la programmation ici.

Selon le site LE MONITEUR, le budget s’élève à quelque 250 000 euros. La Ville de Rennes a facilité la création de l’évènement mais ne l’a financé qu’à hauteur de 5 %

[Portrait] – Au bas d’une tour au Blosne, un architecte : « L’architecture joue un rôle social… »

 

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