Falabella est le tout récent projet solo de Xavier Laporte (Im Takt) : son électro-house délicate et subtile avait retenu notre attention lors de son passage à l’Antipode dans le cadre de la tournée Label Charrues (à lire ici). Sur le papier, la concurrence était rude puisque qu’il y avait Détroit au même moment sur la grande scène Glenmor : mais le duo live formé avec son complice Bertrand Roudaut a réussi à captiver le public présent, avec cet élégant mélange de voix aériennes, de rythmes chaloupés et de groove électro-acoustique particulièrement bien dosé. Rencontre avec Xavier Laporte quelques heures avant son set aux Vieilles Charrues.
Alter1fo : Si tu devais présenter Falabella en 2 ou 3 mots, que dirais-tu ?
Xavier : Electro, house et pop.
Pour éviter la question classique des influences, si tu devais deux ou trois albums sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?
Swim de Caribou et Sound of Silver de LCD Soundsystem.
Comment tu appréhendes ce concert aux Vieilles Charrues ? Un stress particulier, une excitation, un mélange des deux ?
Oui c’est un mélange des deux. On a travaillé pour bien préparer ce live, forcément un petit peu plus parce que la scène est conséquente. On n’a jamais joué sur une scène aussi grosse donc il y a forcément un petit peu plus de stress. On a bien travaillé donc, normalement, on devrait être prêt.
C’est un projet tout neuf et on vous a trouvé tous les deux déjà prêts pour votre deuxième concert (à l’Antipode après un premier concert à l’Echonova).
Oui c’est un projet tout récent : c’est en septembre 2013 que j’ai vraiment défini l’esthétique et la couleur que je voulais donner au projet. J’ai commencé en expérimentant toute la partie électronique à travers des vidéos pendant deux ans. J’ai commencé à emprunter le nom de Falabella pour faire des DJ sets puisque je mixe avec un collectif de temps en temps. A partir de janvier j’ai commencé à réfléchir à la formule live : je ne voulais pas faire un live purement électronique, assez figé, froid. J’ai eu envie de rajouter de l’acoustique et j’ai proposé à Bertrand, qui joue dans Im Takt aussi , d’intégrer la formule live. On se connait bien, ça fait quatre ans qu’on répète ensemble avec Im Takt et c’est allé assez vite. Une fois les prods terminées, on a défini qui jouait quels éléments : on remplace parfois des éléments électronique par de l’acoustique. On reste sur la base des morceaux mais on va jouer quelque chose de plus acoustique pour que ce soit plus vivant en live.
Justement c’est ce qui nous a surpris par rapport à ce que l’on avait écouté sur internet : la présence de Bertrand donnait un aspect plus organique au set. Au moment où tu as créé Falabella, tu as pensé à cet aspect organique ou c’est vraiment venu lors du passage au live ?
J’avais envie que ça reste un projet électronique, au moins sur les productions. Mais j’aime bien voir des musiciens quand je regarde des concerts. Même si j’adore les projets purement électroniques, je trouve que ça communie moins avec le public : le fait d’être juste derrière un ordi et de tourner deux, trois boutons.
La batterie et la basse donnent un côté plus dansant sur les titres. C’est une direction vers laquelle tu te diriges ?
Oui, c’est plus vivant parce qu’on joue aussi sur le groove entre nous deux et on se détache plus des machines : c’est ce qui fait que ça donne peut être un côté un peu plus dansant au live. Mais de temps en temps j’intègre aussi de la basse acoustique sur les productions en solo.
Tu envisages de revenir seul sur le projet ou Bertrand fait partie du projet ?
Non c’est vraiment un projet solo, je fais toutes les productions tout seul. Je voulais vraiment faire un projet solo : je travaille déjà avec lui sur Im Takt, et ça n’avait pas de sens de faire un autre projet ensemble. J’avais aussi cette volonté de faire un projet de A à Z, mais j’ai autant de plaisir à produire tout seul dans ce duo qu’à jouer en groupe. Ça permet aussi d’aller beaucoup plus vite parce que je ne suis tributaire de personne que ce soit pour le mixage ou la composition.
C’est plus au niveau des arrangements que vous allez bosser ça ensemble ?
On définit les éléments, on découpe, on sort les sons, on les met dans des petits samplers… Bertrand a deux pads électroniques donc il peut jouer toutes les parties rythmiques électroniques, et de temps en temps il y a de l’acoustique qui remplace l’électronique. Il n’y a pas de protocole particulier dans la mise en place mais on essaye de garder cette base électronique et on remplace juste quelques éléments.
Je suppose que la résidence au Normandy avait une importance cruciale avant le premier concert à l’Echonova.
Oui, parce que c’était la première fois que l’on testait la formule live sur une scène. La difficulté dans ce projet, c’est d’intégrer l’acoustique à l’électronique pour que ça ne prenne pas le dessus : l’objectif est de rester quand même sur un projet électro. Quand on a testé sur des petites scènes, ça ne marchait pas forcément parce que le son acoustique prend parfois le dessus : c’est plus adapté à des scènes un peu plus importantes pour que l’ingé son puisse vraiment mixer la batterie. On a eu ce premier temps de résidence, et on en a fait depuis une autre au Run Ar Puns pour préparer le live aux Vieilles Charrues .
Tu nous parlais tout à l’heure des Djs sets que tu donnais au sein du collectif Bad News from The Stars, tu peux nous en parler ? Tu as été en Colombie ?
Oui j’ai été en Colombie, mais ce n’était pas avec ce collectif. C’était un concours de l’Alliance Française: j’ai postulé avec trois morceaux et j’ai été sélectionné. On est parti là-bas avec quatre autres Djs : c’était assez bref parque l’on est resté cinq jours là-bas. On était éclaté dans onze villes et on faisait trois dates chacun donc sur cinq jours, j’ai pris neuf vols : c’était assez speed mais c’était une chouette expérience. Ça m’a aussi donné envie de découvrir la Colombie, les gens sont vraiment gentils, c’est un beau pays.
On se demandait si les touches de steel drum venaient de la tournée en Colombie ?
Non, j’avais déjà ces petits sons et ce sont en fait des sons de claviers. Il y a en revanche beaucoup de balafons : ce sont mes parents qui me les ont ramenés du Sénégal, et ça a été la base du projet. Je voulais un projet électronique mais je souhaitait aussi quelque chose de différent : j’aimais bien les sonorités et j’ai commencé à intégrer le balafon sur les productions électroniques du premier morceau. J’ai ensuite décidé de rajouter de la voix pour renforcer l’identité du projet.
Est-ce que tu penses que le projet peut s’agrandir sur scène ?
A l’origine j’avais envisagé de faire cette formule avec deux batteurs, mais il faut être réaliste : c’est compliqué de jouer à trois ou quatre, c’est compliqué d’avoir des cachets pour tout le monde. Quand on est à trois plus un ingé son, il faut tout de suite un gros véhicule : je voulais une formule ultra light et souple pour pouvoir tourner un maximum. A long terme, j’aimerais bien jouer avec deux sections rythmiques, mais pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour. Le duo marche bien, on prend très peu de place sur un plateau, et c’est beaucoup plus léger pour les premières parties.
Le projet Im Takt est entre parenthèses ?
Non. On a sorti l’album cette année et on continue de le défendre en concert. Je me concentre sur Falabella pour l’instant parce que j’espère finir un album pour la fin de l’été, mais ensuite on va composer de nouveau avec Im Takt et essayer de faire un nouvel album.
Pour l’enregistrement tu as déjà commencé à penser au format pour Falabella ? Album, EP ?
J’ai sorti un maxi quatre titres, et j’ai plein de nouveaux morceaux qui n’ont pas été enregistrés : certains sont joués en live et d’autres sont encore en ébauche. Je vais essayer de mettre tout à plat pendant l’été, en espérant avoir suffisamment de matière pour faire un album début septembre et commencer à démarcher les labels. Ça va assez vite dans la composition puisque je fais tout dans mon studio. A long terme, j’aimerais bien aussi bosser avec quelqu’un d’autre mais pour l’instant j’essaye de faire au plus simple.
Et on apprend beaucoup aussi en composant seul : tu es tout seul devant ton ordi, tu as plus de temps et moins de stress. Et tu expérimentes jusqu’à réussir à trouver le son : j’essaye d’enregistrer tous les jours des nouvelles choses et quand je compare les enregistrements du début à ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, je vois qu’il y a une vraie évolution. J’ai encore beaucoup à apprendre mais ça m’ intéresse vraiment.
Tu envisages aussi éventuellement un visuel, une vidéo ?
J’ai demandé à Cécile, qui a réalisé le live d’In Motion au château de Kériolet, de présenter la formule live pour que les gens aient conscience de ce qu’était le projet en live.
D’autres dates après les Vieilles Charrues ?
Il y a des dates tous les week end à partir de septembre : une date à Paris, une date au festival de l’Ilophone, des dates à Rennes. J’espère pouvoir trouver un tourneur à la rentrée, afin de pouvoir trouver un maximum de dates.
Merci beaucoup.
Merci à vous.
Le site du Label Charrues / Vieilles Charrues
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Photos : Solène