Enablers et Del Cielo à la Bascule : Ceux qui rendent possible

Jeudi 14 octobre 2011, le public rennais a largement répondu présent pour voir ou revoir les locaux de Del Cielo et pour  accueillir dignement les mythiques Enablers (littéralement traduit par : ceux qui facilitent ou rendent possible), à l’occasion de leur première venue dans les parages.

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A l’arrivée à la Bascule, Gaël Desbois et Liz Bastard nous ont réservé une belle surprise. La scène est copieusement garnie d’objets hétéroclites et intrigants. Les instruments du duo rennais bien sûr, mais aussi une jolie collection de globes terrestres, des néons, un gyrophare bleu… Le tout servira à varier très agréablement les ambiances au long de leur set. Pour les habitués, nourris aux deux minuscules spots éclairant modestement les dos des musiciens, c’est un plus indéniable.  Malgré la petite tension palpable liée au manque de rodage de ce dispositif apparemment un peu nouveau, le concert est excellent. Le groupe choisit de mettre plutôt guitare et batterie en avant, en laissant les entêtants synthés du second album un peu en retrait. Le son tourne rond, en allant à l’essentiel et la voix singulière et pleine de charme vénéneux de la demoiselle, sert à merveille ses textes. On aime d’ailleurs toujours autant leur vacherie doucereuse et cette étonnante façon de buter sur les mots.
Très belle entrée en matière donc.

Le bref intermède entre les concerts permet de constater que le public est quand même bien divisé entre ceux qui venaient pour le premier groupe ou le second. Ça ne gâchera en rien l’entrain des spectateurs lors des deux prestations mais on est assez content de voir qu’ils sont finalement assez nombreux les gens capables d’apprécier les deux.

On a à peine le temps de souffler (et d’acheter des disques). Les Del Cielo remballent  leur matos avec une vitesse et une efficacité remarquable, et les vétérans d’Enablers sont prêts en deux coups de cuiller à pot.

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Le quatuor de San Francisco démarre très très fort et dès les premiers accords des guitares de l’implacable duo Goldring/Scharin, on pressent qu’on va bien se prendre la déculottée attendue. Le charme insidieux de leur noise à la fois feutrée et explosive opère instantanément. Le jeu de batterie de l’ex June Of 44 : Doug Sharin est un bonheur de précision et de puissance rentrée. La maîtrise du trio est  impressionnante surtout qu’elle n’entame en rien leur rage et leur plaisir à jouer.

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Alors quand c’est au tour de Pete Simonelli de débouler, on est déjà sur un nuage. Le poète-chanteur ne faillit pas à son imposante réputation, et irradie instantanément de charisme et de présence scénique. Son chant profond et psalmodié vous projette sans ménagement dans l’univers si particulier du groupe. Sa gestuelle emphatique et son jeu de scène déchainé sont tout simplement ahurissants. On n’en pas vu beaucoup, des gars capables d’atteindre ce niveau d’intensité sur scène sans qu’à aucun moment cela ne sente le calcul ou la pose. Pour notre part, excepté Eugène Robinson d’Oxbow, ou feu Lux Interior des Cramps, on ne voit pas trop.
A noter que la configuration «particulière» du dispositif scénique de la Bascule a réussi l’exploit d’étonner nos vieux briscards. Pour ceux ne connaissant pas les lieux, la «scène» du bar est juste un coin de pièce au même niveau que le reste de l’endroit et le groupe est uniquement séparé du public par les retours. Le souci, c’est que dès qu’il y a du monde la température frise rapidement des normes sahariennes. Le bonheur, c’est qu’on aura rarement été aussi proche de l’épicentre de l’onde de choc quand ça déboule.

Le public était conquis et les musiciens avaient l’air ravi de l’accueil. On espère donc bien avoir d’autres occasions de les voir par le futur.

Merci encore à l’association K-fuel d’avoir eu l’envie et la ténacité nécessaires pour permettre cette superbe rencontre.

A noter que si vous lisez ces lignes le samedi 22 octobre, vous ferez fort bien de vous rendre ce soir au Bar Hic

pour le concert des lillois Berline0.33 qui s’annonce tout aussi fulgurant.

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