Le label rennais In My Bed sortira le 26 octobre 2013 sa 13ème référence : Embedded, une superbe compilation gravée sur vinyle. Elle regroupe bien sûr les formations présentes sur le label, mais aussi toutes celles qu’ils aiment dans Rennes. La sortie du disque sera dignement fêtée le samedi 26 octobre au Jardin Moderne lors d’une soirée gratuite où vous pourrez acheter cette merveille et voir les 13 groupes présents sur le disque : Formica, 13th Hole, Sudden Death of Stars of Stars, Mozzarrela’s Funeral Parlor, Downtown Cuckoo, Mistress Bomb H, Saïtam, Laetitia Shériff, Møller Plesset, Chatterbox, Lonely Tunes, Santa Cruz et Prosperi Buri.
Alter1fo participe à la fête en vous proposant les 13 interviews des groupes de la compilation, accompagnées des titres inédits gravés sur la compilation.
Premier titre et première interview de groupe, avec encore les diserts Matthieu et Jérémie, mais ce coup-ci uniquement pour parler de Formica.
Alter1fo : Qui fait quoi dans Formica ?
Matthieu et Jérémie en chœur : C’est MOI qui fait tout. (Rires)
Mathieu : Tu nous as vu en concert, on est 3 à chanter. On amène chacun nos chansons et on se débrouille pour assurer les arrangements derrière.
Matthieu : On est donc 3 compositeurs, même si je n’aime pas trop le mot vu ce que c’est qu’un vrai compositeur et nous ce qu’on fait ! (Rires) Il y a donc 3 personnes à amener des chansons et après ça change, parce qu’il faut bien qu’il y ait quelqu’un qui se dévoue pour tenir la basse, parce que nous ce qu’on aime c’est faire des solos de guitare. (Rires)
Jérémie : Comme Matthieu joue pas mal de solo, il nous force à en faire un de temps en temps quand il est à la basse. C’est un peu la croix et la bannière.
Matthieu : Ouais mais un morceau sans solo, c’est triste !
Sinon vous avez aussi un batteur qui change à chaque disque. Qu’est ce qui se passe avec vos batteurs ? C’est pour perpétuer une grande tradition Rock n’ Roll à la Spinal Tap ?
Matthieu : La vie imite l’art. C’est un fait que nos batteurs partent au bout de 4 ans de service. Je les comprends, à faire Poum Tchak Poum Tchak tout le temps, moi je me lasserais aussi.(Rires) Bon, je n’ai pas vraiment d’explication. Le premier batteur, c’était un ami d’enfance. Il a pris une voie différente. La musique était devenue plus un poids qu’autre chose.
Jérémie : Il s’était acheté un camping-car pour partir faire le tour de France dans un trip néo-rural-hippie.
Matthieu : Il est donc parti mais pas fâché. Ensuite, il y eu Geoffrey qui joue sur l’album et qui a joué 5 ans avec nous. Pour des raisons professionnelles et familiales, il est retourné à Royan. On a tenu encore à jouer 2 ans avec lui comme ça et c’est devenu plus possible.
Jérémie : Vu que pour certains, on n’est pas des foudres de guerre, on a besoin d’un entraînement hebdomadaire ou alors ça devient compliqué.
Matthieu : ça a marché à la suite de la sortie de l’album parce que pour défendre le disque, c’était possible mais quand on a eu envie de faire de nouveaux morceaux pour de nouveaux projets, c’était plus tenable.
Vous aviez participé à d’autres groupes avant ?
Jérémie : Ho oui, quelques uns.
Matthieu : On fait ça depuis un bout de temps maintenant. On approche de la quarantaine. Jérémie a même ses quarante ans mardi et moi je suis un peu plus jeune, mais on fait de la musique depuis qu’on a 15 ans. On est de Saint-Malo à l’origine, et Saint-Malo, ce n’est pas Rennes. Il y avait assez peu de groupes à l’époque. Aujourd’hui, ça a un peu changé avec l’Omnibus (La Nouvelle Vague) mais quand on était ado c’était un vrai désert culturel. Du coup, le peu de gens qui faisaient de la musique se connaissaient.
Jérémie : Matthieu jouait dans Charlie Cottage qui avait sorti un disque, fait les Trans Musicales. On voyait même leur nom dans les Inrockuptibles. Avec Soazic (Le Lay, musicienne ayant joué dans les oisives, Megalux… et décédée brutalement en 2008), on jouait dans mon premier groupe : The Milk, on avait fait leur première partie à une soirée où ils étaient la tête d’affiche. Il y avait aussi dans la bande des malouins, Tanguy Méheut, le batteur de Tachken, qui a joué un moment dans Zagohaï avec Soazic et qui est le frère de Nicolas Méheut.
Matthieu : Après, on s’est retrouvé à la fac avec Jérémie. Il jouait dans un groupe de métal-hardcore. Je les avais dépannés à la basse parce que ces petits veinards avaient décroché la première partie de Lofofora. Et après, on a tout suite formé Formica en 2001.
Jérémie : A la base au lycée, on écoutait pas mal de rock, comme aujourd’hui en fait. Après il y a eu une période un peu plus poilue (Rires). L’arrivée de Matthieu a permis de mettre un peu de douceur dans ce monde de brutes. Pavement, Fugazi, Shellac… qui sont aussi des poilus dans leur genre, mais qui écrivaient de sacrées chansons. J’étais un grand fan de Sepultura et je me suis mis à plus écrire des trucs avec des riffs. Le seul qui garde encore une mémoire de cette période, c’est Eric Mahé qui, de temps en temps, nous titille.
Matthieu : Eric Mahé avait fait la pochette de notre première cassette en 1997. C’était fait avec des photos coupées et collées à la main. Un truc anti-flic, très beau.
Jérémie : Quand on a démarré Formica, le premier concert qu’on a assuré c’était la première partie de Troy Von Balthazar (Chokebore) au Sablier. Il jouait en acoustique et le bar était rempli de jeunes femmes. Ça nous changeait et ça nous a donné envie de continuer.
True/wrong, le titre que vous avez choisi sur la compil est plutôt pop. Le choix a été difficile ou c’était évident que ce serait celui-là ?
Jérémie : On écoute beaucoup de pop aussi.
Matthieu : On l’a choisi parce c’était le morceau du moment et au niveau des paroles, il était bien aussi. Il est un programmatique au niveau de la compilation. On y dit : «ça a déjà était fait. C’est vrai. / ça a déjà était fait. C’est faux. La preuve on le fait pour la première fois.» C’était rigolo de le mettre en premier sur ce disque. Et puis, il est très joli et il y a un super solo (Rires).
Vous êtes aussi les créateurs et les tenanciers du label In My Bed. Comment ça se gère entre le label et le groupe ?
Jérémie : On distingue bien les deux. Il n’y a pas de soucis. Le fonctionnement fait que les cachets de Formica partent tous dans In My Bed, mais c’est aussi vrai pour Prosperi Buri qui met tout son argent dans le label. Tout comme Sébastien Lumineau qui, quand il bosse pour In My Bed, ce n’est pas pour gagner sa croûte.
Quels sont votre meilleur et votre pire souvenirs de concert ?
Jérémie : Le meilleur, c’est un concert qu’on a donné au Yellowstone. C’est un festival dans le Trégor, en pleine campagne, un peu sur le principe de la BGP : un concert privé, organisé par des punks à chien et avec une grosse scène et une grosse sono. Ce sont les Subtle Turnips, qui viennent de sortir un disque chez Horizontal Records, qui nous avaient branchés là-bas. On faisait une petite tournée et on avait joué la veille dans un bar de punks à chien aussi qui s’appelle le Velvet Café. Le lendemain, on a joué à la bonne heure. Les gens devaient avoir pris ce qu’il fallait mais il y avait 800 personnes et on se serait cru à Woodstock.
Matthieu : Pour le pire… On a fait tellement de trucs abominables que c’est difficile de choisir ! Je me souviens d’un concert au Faouët aux confins du Finistère, du Morbihan et des Côtes d’Armor où il y avait un type hyper costaud, torse nu, qui avait le jack de ma guitare entre les dents. Ça c’était bien un bon mauvais souvenir. Il y avait 5 pelés dans le public, dont 2 psychopathes. (Rires)
Jérémie : Il y a aussi eu cette fois sur le route du Mont-Saint-Michel. On avait joué à une trentaine de bornes de Rennes dans un café de pays. En général, ce genre de lieu ne nous porte pas chance. Souvent il n’y a pas grand monde et là il n’y avait personne. Sauf à la balance où le voisin est venu se plaindre qu’on faisait trop de bruit. Les patrons qui nous payaient pourtant pour venir n’avaient assuré aucune promotion. On agaçait la patronne par notre musique bruyante et du coup elle était sortie dans l’arrière cour. Elle avait pris son accordéon et elle jouait pour les 5 habitués qui traînaient là.(Rires)
Matthieu : En résumé, les concerts pourris, on y est habitué. Ça fait partie du charme.
Vous travaillez sur un troisième disque. Il faut s’attendre à quoi pour cette nouvelle galette ?
Jérémie : C’est les 20 ans d’In Utero, donc on le refait entièrement. (Rires)
Matthieu : Comme on disait au début, on a changé de batteur et Bertrand a un jeu plus brutal et plus rock que le précédent. Ça se ressent sur la musique et il risque d’être un peu plus rock.
Jérémie : Plus rock, je ne sais pas mais un peu plus lourd sûrement. On aimerait bien que les morceaux bruyants soit vraiment bruyants, et que les morceaux jolis soit vraiment jolis. On va travailler sur les contrastes mais on va essayer que ça envoie un peu plus, qu’il y ait vraiment de l’électricité.
Matthieu : Et ce sera un 6 titres.
Pouvez-vous nous citer trois (chacun) des albums sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?
Matthieu : Brighten The Corners de Pavement.
Jérémie : Il y a des disques que j’ai beaucoup écouté et qui ont fini par me lasser mais le Marquee Moon de Television, je l’ai beaucoup écouté. Le premier Feelies. Ça fait partie des disques dont je n’arrive pas à me lasser.
En chœur : Et In Utero de Nirvana.
Jérémie : J’aime bien Sister des Sonic Youth. J’aimerais dire qu’il m’a influencé même si ce n’est pas vrai. J’aimerais enregistré un jour un album comme ça avec toutes ces guitares magnifiques.
Matthieu : God don’t make no junks des Halo Benders.
Et hors micro, jailliront encore Ziggy Stardust, le double blanc des Beatles et White Light/white Heat du Velvet Underground…
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Plus d’1fos sur Le site du label.
Événement de la soirée du 26/10 au Jardin
Retrouvez toutes les interviews dans notre dossier Embedded.