C’est un véritable homme-musiques, grand connaisseur des rythmes ancestraux mandingues tissés à la kora ou au ngoni, pionnier de leur modernisation, expérimentateur jazz-Rock aux côtés d’un Joe Zawinul…Auréolé de succès critiques et publics pour les magnifiques disques conçus avec le pianiste Hank Jones (Sarala) et la chanteuse Dee-dee Bridgewater (Red Earth), Cheick-Tidiane Seck a récemment sorti sous son nom le très beau Sabaly. Nous lui avons demandé de revenir sur certains aspects de sa création, dont il nous offrira un florilège sur la presqu’île cet été.

Entre Sabaly, MandinGroove ou vos collaborations Jazz, ce sont des
expériences très diverses auxquelles on associe votre nom. Quel aspect de votre musique nous montrerez-vous à Crozon dans le cadre d’un festival de « Musiques du Monde »?

le répertoire que je compte présenter à Crozon est un mélange de mon album Sarala (fait avec avec Hank Jones) et le dernier album Sabaly, avec des accents de MandinGroove (avant-dernier album). Un condensé de mes 3 albums mais en majorité les titres de Sabaly, enregistré à Bamako ; je me sens aussi bien à l’aise dans le patrimoine ancestral des musiques africaines que dans les musiques qui m’ont influencé, dont l’héritage Motown

 

 

Pouvez-vous nous présenter les musiciens qui vous accompagnent sur scène? Y’en-a-t’il parmi eux qui vous accompagnent aussi pendant les concerts avec Hank Jones ou Dee Dee Bridgewater?

Je serai accompagné par :
Guy Nsangué : c’est l’un des meilleurs bassistes de la planète, à l’aise dans tous les styles, capable de passer de Kassav à Jean-Luc Ponty, Salif Keïta. Un de mes plus anciens collaborateurs, depuis plus de 20 ans.
Marque Gilmore : le pionnier de la batterie live drum ‘n bass ; nous collaborons depuis une quinzaine d’années. Marque est tombé sous le charme de Sarala, il voulait en faire un remix et est devenu mon batteur. Il a joué avec Parliament, Neneh Cherry pour ne citer que ces deux noms ; avec lui la batterie est un instrument à part entière. Il m’a très souvent accompagné au Mali et joué avec les musiciens locaux. Frère de David Gilmore (guitariste), il vient d’une famille de musiciens.
Guimba Kouyaté : jeune guitariste malien né à Paris, je l’ai rencontré quand il avait 4 ans ainsi que sa sœur (choriste chez Amadou et Mariam). Il joue aussi bien du ngoni, du tamani que de la guitare. Un jeune talent montant.
Madou Koné : virtuose des percussions, jeune ivoirien que j’ai découvert récemment. Il joue des percussions avec une indépendance incroyable. A rejoint récemment le groupe Assassins.
Mamani Keïta, plus connue sous le nom de Assitan Keïta, j’ai eu à l’encadrer au Mali, elle était chanteuse de l’Orchestre du district de Bamako à ses débuts ; elle a participé à tous mes albums précédents sauf Sabaly ; c’est une des très grandes voix maliennes.
Kabiné Kouyaté : lead vocal et chœurs, le fils de la légende du chant mandingue Sory Kandia Kouyaté (de Guinée Conakry), un talent époustouflant et une voix extraordinaire ; il a collaboré avec Myriam Makeba notamment.

Fatou Diawara : comédienne, chanteuse que j’ai découvert au Mali, à l’occasion de l’ « Opéra du Sahel », c’est un talent dans la lignée de Oumou Sangaré, du chant wassoulou. A tenu le rôle de Karaba dans le spectacle Kirikou et participé aux choeurs de toutes mes productions dont celle avec Dee Dee Bridgewater justement.

Votre éclectisme laisse imaginer que vous avez écouté beaucoup de musiques variées, quelles sont les artistes qui vous ont le plus inspiré?

Banzoumana Sissokho, joueur de ngoni, le Louis Armstrong du Mali ; Décédé il y a longtemps de cela.
Tidiane Koné, ancien chef d’orchestre du Rail Band, l’organiste Jimmy Smith, Louis Armstrong, James Brown, Booker T and the MG’s, Marvin Gaye, Stevie Wonder, Jimi Hendrix, Carlos Santana, The Temptations, Aretha Franklin, Mahalia Jackson, Manu Dibango, Franco (orchestre OK JAZZ), Joe Zawinul, George Benson, Myriam Makeba, Ella Fitzgerald, Dianah Washington, Ravi Shankar, Whitney Houston, Oum Kalsoum, Deep Purple, Led Zeppelin, Dire Straits, Ornette Coleman, John Coltrane, Lisa Stanfield, Michael Bolton, Michel Polnareff, Esther Khalil, Lamissa Bangali (balafoniste malien), Tokoto Ashanti (chanteur camerounais), Fela Kuti, Gégé Vickey (auteur de ballades africaines) Amédée Pierre, Ala Thérèse, Fanta Demba, Siramory Diabaté (celle qui m’a le plus touché eu monde après ma mère, Aretha et Mahalia), Sidiki Diabaté (père de Toumani Diabaté) Djeli Baba Sissokho (grand-père de Guimba Kouyaté, mon guitariste), Sory Kandia Kouyaté, Abou Ndiaye (trompettiste, qui m’a appris et donné goût à la musique), l’Ensemble Instrumental traditionnel du Mali avec lequel j’ai eu le privilège de jouer dans les années 70, Aznavour, les chants hindous, chinois, etc

De plus en plus de disques de musique électronique nous parviennent d’Afrique. Vous-même, vous êtes l’un des introducteurs d’instruments comme le Moog au Mali. Selon vous, l’Afrique vit-elle une évolution musicale plus forte depuis quelques mois?

Selon moi, les grands décideurs ont commencé à accepter que les musiciens africains puissent jouer autre chose que là où on veut les confiner : le folklore.
J’ai été plébiscité par Joe Zawinul, Graham Haynes m’a invité à jouer sur ses albums à cause de l’utilisation que je fais du synthé.
L’utilisation de la musique électronique a toujours existé même si ça avait du mal à passer ; espérons que cet intérêt n’est pas dû à un simple phénomène de mode. Nous sommes des créateurs à part entière, ouverts au monde

Vos débuts ont été marqués avec le Rail Band de Bamako qui est passé à Rennes début Juillet au festival des tombées de la nuit. Quel regard portez vous sur cet orchestre ?
j’ai débuté au « Koulé Star de Koutiala », et le Rail Band reste ma première vraie école. Je porte sur eux un regard respectueux, ils ont gardé la flamme.

 

 

 

Site officiel : cheick-tidiane-seck.com

 

 

Il sera sur scène le Vendredi 31 Juillet

Notre dossier spécial Festival du Bout du Monde 2009