En mars dernier, et pour la neuvième fois, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour sa politique d’enfermement d’enfants dans les centres de rétention. Pour la CEDH, l’enfermement d’enfants dans les CRA est « un traitement inhumain et dégradant ». Malgré ces jugements successifs pourtant clairs et sans ambiguïté, le ministère de l’intérieur poursuit sa politique diabolique, et s’obstine à enfermer des familles en CRA. « En 2017, le nombre d’enfants enfermés avec leur famille dans un centre de rétention administrative a augmenté de 70 % ! », précise Nadia Sebtaoui, responsable du service Rétention à France Terre d’Asile. Pire, en 2018, 45 851 étrangers ont été privés de liberté en 2018, 1 429 étaient des enfants, selon la sénatrice Mme Marie-Noëlle Lienemann.
« La rétention administrative, c’est un univers carcéral, avec des barbelés, des verrous, une surveillance policière, expliquait Jean-Claude Mas, l’ancien secrétaire général de la CIMADE. C’est traumatisant pour toutes les personnes enfermées, au seul motif de papiers pas en règle, mais ça l’est encore plus pour des enfants. C’est de la maltraitance, même pour un jour ou deux. »
Près de chez nous, on ne se cache même plus derrière les grillages et les immenses bâches. En effet, on apprend en lisant le marché public lancé la semaine dernière que la (future) société en charge des prestations multi-techniques et multi-services pour le CRA de Rennes-Saint-Jacques de la Lande devra bien prendre soin à renouveler le stock de couches adaptées à chaque tranche d’âge, et à fournir du matériel de puériculture afin d’accueillir des bébés de moins de 36 mois et des enfants.
En 2018, l’assemblée nationale avait rejeté des amendements visant à interdire le placement de familles avec enfants en centre de rétention administrative. L’enfermement des mineur·e·s a donc encore de sombres jours devant lui. « On peut mettre tous les toboggans, toutes les fleurs, ça ne changera rien au principe. », répliquait Danièle Obono de la France Insoumise.
Une grève de la faim au centre de rétention administratif de Rennes