Première soirée Condominium ce mercredi 25 novembre à l’Antipode MJC avec une affiche qui mérite qu’on y prête attention : on y retrouvera en effet l’heavy pop bien dark des JC.Satàn, le post-punk éclaté de Total Control et la garage pop des locaux de Baston. Présentation.
Condominium
Nouveau venu sur les soirées rennaises, Condominium n’est pourtant pas vraiment inconnu. Il s’agit en effet de trois organisateurs de concerts et agences artistiques de nos contrées, bien identifiées par les amateurs de musiques indies (voire qui frottent parfois là où ça fait du bien) souvent à belle valeur humaine ajoutée : Kongfuzi, La Route du Rock Booking et My Favorite. Rassemblés sous l’entité Condominium ils se proposent d’offrir « une alternative complémentaire aux programmations foisonnantes de la scène DIY et associative locale » tout en « rend[ant] à la ville de Rennes un peu de cette Culture Rock qui [les] construit, en proposant une programmation musicale régulière aux saveurs indie, plus ou moins épicées et suffisamment aventureuses pour rassasier les appétits de musique de la capitale bretonne. » Voilà donc comment l’idée de cette réunion aboutit au lancement d’une première soirée Condominium #1 avec « avec la complicité active de l’Antipode MJC. »
Baston
Pour commencer, ce sont les locaux de l’étape « gaulés comme des câbles de frein » (dixit themselves) mais bâtis pour enquiller les bornes sur les routes californiennes escarpées, les ironiquement nommés Baston qui ouvriront la soirée. Trio d’ici aux amours anglo-saxonnes, les Baston se fendent avec talent d’un garage ligne pop claire, avec des guitares parfois surf, parfois twangy, au son mal léché, un poil crassou, le groupe privilégiant haut et fort l’énergie et la spontanéité garage.
Après déjà quelques essais transformés sur galette, les Baston ont livré un ep (sept titres chez Howlin’ Banana – Kaviar Special, Madcaps…) à l’étonnant artwork en septembre dernier, Gesture, plutôt pas mal troussé. On y aime particulièrement les voix vaporeuses et les guitares noyées d’un Decay par exemple, qui nous rappelle les brouillards pop et sixties d’un Bradford Cox (versant Deerhunter) ou la vitalité décomplexée d’un (It’s complicated with) Jacques Vache. Bref : amateurs de garage un peu plus pop que sévèrement burné, les Baston risquent bien de vous séduire ce mercredi soir à l’Antipode.
Total Control
Venus d’Australie, Total Control fleurent quant à eux davantage le post-punk que les caves sixties enfumées (quoique leurs membres viennent en grande partie de la crème du garage australien et qu’ils aient ouvert pour Thee Oh Sees aux États Unis et partagé un split avec John Dwyer).
Formé en 2008 à Melbourne par Dan Stewart et Mikey Young, Total Control se définit en effet avant tout par un son résolument marqué par les eighties plombées et teigneuses (voire seventies new yorkaises circa Television). Mais au lieu de reprendre les mêmes formules et de faire du vieux avec du vieux, Total Control propose une relecture du post punk personnelle et bien plus intrigante.
Plongeant son post-punk en même temps dans des bains synthétiques (Devo, New Order et toute la synthwave, mais avec aussi des sonorités plus actuelles), au milieu de déflagrations Verlainiennes (Tom, pas Paul), voire l’enfermant dans son garage (surtout sur son premier lp Henge Beat, 2011) Total Control s’émancipe des habituels suiveurs/copieurs. Ainsi, s’il est en partie synthétique (Glass, Liberal Party), le post punk des Australiens refoule aussi du goulot (Systematic Fuck, Expensive Dog) et donne tout autant envie de danser que de crier comme un beau diable. Les Australiens trouvent d’ailleurs le parfait équilibre entre machines et déflagrations (post-)punk avec la sortie de leur second long format, Typical System en 2014. Si vous ajoutez à cela que les cinq apaches sont précédés d’une réputation live particulièrement flatteuse, vous comprendrez qu’il serait ballot de manquer leur venue à l’Antipode MJC ce mercredi.
J.C. Satàn
On finit par le gang bordelais qui n’est pas le moins attendu de la soirée, J.C. Satàn. Depuis leur venue aux Transmusicales 2012 (à l’Aire libre dans le cadre de la résidence du label bordelais Iceberg) et leur précédent passage à l’Antipode MJC (en 2013) le quintette franco-italien a continué de tracer sa route et a énormément joué live. Commencée en 2010, l’avventura des cinq zigues s’est d’abord écrite sur les sillons de Sick of Love et Hell Death Samba (2010 et 2011 chez Slovenly), plutôt confidentiels, avant de se graver sur acétate avec le très plébisicté Faraway Land en 2012 (Teenage Menopause) les sombres drilles jetant dans ce grand raout divinement maléfique leurs attraits stoners, psyché, garage, rock nineties, punk et pop.
Mais c’est surtout en concert que le groupe joue les déménageurs et dégomme crânement les esgourdes d’une horde déjantée de fidèles totalement éperdus. L’entrée en matière de leur nouvelle galette sortie cette fois-ci chez les essentiellissimes Born Bad, sobrement intitulée JC.Satàn laisse d’ailleurs présager que le groupe n’a rien perdu de sa superbe furie : Satan II, qui commence par un drone bas et sourd vous fait naïvement monter le volume avant une explosion de guitares (puis de cris) qui vous éclate le tympan. Pourtant, le disque se révèle intensément bien plus varié et riche que ne le laissait croire cette monolithique (et formidable) entrée en matière. Les dix titres naviguent en effet toujours avec ce talent certain pour la mélodie (l’addictif I could have died) entre psyché (dans l’écriture, pas dans les effets, souligne le groupe), heavy pop, chœurs incantatoires (Don’t joke with the people you don’t know), riffs joués à toute bringue (Dialog with Mars), lentes étirées parlant de chat qui dort ou d’un gars creusant le trou d’une tombe pour vous y enterrer vivant, se permettant même des arrangements de cordes et de cuivres (Waiting for You), une touchante canzone d’amore in italiano, une prière au dieu romain de la guerre et on en passe. Bref, un disque bien plus foisonnant qu’il n’y paraît qui se révèle encore plus à chaque écoute, et on l’espère, davantage également en live.
Condominium présente JC. Satàn, Total Control et Baston en concert à l’Antipode MJC (2 rue André Trasbot – Rennes) le mercredi 25 novembre à partir de 20h.
Tarifs : Sortir ! : 5€ – Admit : 13€ – Prévente : 15€ – Sur Place : 17€
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