Cette semaine de concerts rennais assez folle s’achèvera en apothéose dimanche 28 novembre à l’Ubu avec rien de moins qu’une des formations anglaises les plus émoustillantes du moment. Le quatuor londonien Black Midi viendra en effet y faire une nouvelle démonstration de son savoir-faire en matière d’ébouriffant chaos musical. La soirée sera complétée par l’intrigant duo sax/batterie O.. Prêt.e.s pour un dimanche soir pas du tout déprimant.
On doit confesser un gros faible pour les musiques indociles plutôt math noise et les minots Londoniens de Black Midi pourraient bien nous filer leur came qu’on y trouverait certainement un peu notre compte. Si on n’est pas très fan du buzz et surtout de la manière dont ces vils et malins managers Anglais le font monter, on reconnaît sans peine au quatuor des qualités en béton armé pour nous fracasser l’oreille avec un talent ineffable. La faute d’abord à un premier album, Schlagenheim (de l’allemand frapper et maison en gros, bref la maison de la castagne, même si le groupe préfère parler d’un lieu imaginaire), qui bifurque toutes les vingt secondes là où on ne l’attend (souvent absolument) pas. Pour preuve ce morceau introductif 953 qui commence ébouriffé comme la tignasse de Buzz Osborne, ralentit au frein à main pour jouer d’arpèges post rock frisettes sur la six cordes (un peu de limpidité à la Gastr del Sol et de guitares anxiogènes à la Slint), se fait tapis pour les déclamations souvent théâtrales de son chanteur-guitariste épique et exalté Geordie Greep, avant d’asséner un condensé de riffs répétés à se frapper la tête contre les murs (la doublette Matt Kwasniewski-Kelvin/ Geordie Greep).
Noise, post-punk, math, pour l’essentiel, Black Midi passe néanmoins son temps à prendre les chemins de traverse les plus inattendus (la pop soul croonée bowiesque qui surgit sur Western), joue de rythmiques toutes en césures, de la basse post-punk butée de Cameron Picton (qui assure aussi parfois les voix, de cris rauques en murmures spoken word Slint related) aux roulements apocalyptiques de Morgan Simpson, batteur carré, solide, monstrueux. Et de stridences soniques en feulements barbelés, passe par autant de climats qu’on doit pouvoir imaginer en trouver en Russie. Alors, peut-être que ces gamins d’à peine vingt ans ont les défauts de leurs qualités, mais que de promesses imparables dans ce quatuor londonien.
Le quatuor a depuis passer l’épreuve du live avec brio lors d’un mémorable concert à la Route du Rock 2019 puis ensuite exploser toutes nos attentes avec un brillant second album Cavalcade sorti en mai 2021 chez Rough Trade. Encore plus fou, encore plus maitrisé, le disque,produit par John « Spud » Murphy (Percolator) est un merveilleux bordel sonore. Groove cataclysmique, ballade ScotWalkerienne, math rock tropical, ritournelle d’outre-tombe, cavalcade déglinguée… c’est peu dire que leur spectre (déjà large à la base) s’est encore diversifié. Leur second album est peut être moins spontané, clairement plus prémédité et moins improvisé que son prédécesseur, mais il y souffle toujours un vent de liberté et de créativité réjouissant à l’extrême. C’est donc peu dire que nous sommes impatients de découvrir comment le combo va retranscrire cette belle dinguerie en live. On ne peut que vous invitez chaleureusement à céder à cette si britannique folie.
En ouverture de la soirée, vous pourrez, comme nous, découvrir leurs compatriotes de O. Composé de Tash Keary à la batterie et de Joe Henwood au saxophone baryton, le duo annonce pratiquer du jazz punk et tribal. Au vu des courtes vidéos que l’on a pu voir sur les zéros sociaux, on peut s’attendre a du bien pêchu avec une belle énergie rock.
Dimanche 28 novembre – Ubu, 1 rue Saint-Hélier, Rennes – de 19h à 23h
Tarifs : 5€ Sortir! + 6–12ans / 12€ + 12–18ans membre ADMIT / 14€ réduit* / 16€ plein*
*majoration de 2€ sur place