« Nous ne sommes ni fragiles, ni victimes. Nous ne sommes pas des objets, ni des corps dénudés destinés à la vente. Nous, les femmes, ne sommes à la disposition de personne d’autre que nous même. » Voilà comment se présente la Brigade antisexiste (BAS) via leur page Facebook. Ce collectif, né à Paris et qui se décline nationalement grâce à ses antennes locales de plus en plus nombreuses, traque les pubs sexistes, dégradantes à l’encontre des femmes et celles qui perpétuent une image stéréotypée dans l’espace public. A rennes, en ce lundi pluvieux du mois de décembre, la BAS est partie pour la seconde fois explorer les rues du centre-ville afin d’y dénoncer ce sexisme ordinaire.
N., membre du collectif : « L’idée est de sensibiliser le grand public au fait que de nombreuses publicités soient sexistes. Nous voulons les dénoncer en les rendant visibles grâce à des autocollants apposés dessus. »
Au cours de leur périple, le petit groupe mixte, armé de stickers rouge vif sur lesquels est inscrit le mot « SEXISTE » va s’arrêter devant certaines publicités ou devantures de magasins. Période de fêtes oblige, le Père Noël n’amène pas que des cadeaux, bien au contraire. Sa hotte semble s’être remplie d’idées préconçues et autres clichés sexistes.
N., : « Les petites filles vont avoir leurs petits ustensiles de cuisines, habillées de rose et les petits gars, leur matériel de bricolage. Parfois, les fabricants de jouets font l’effort d’éviter ces clichés mais ce sont les supermarchés qui font défaut. Je me souviens d’une cuisinière où la photo de l’emballage montrait un garçon et une fille mais le jouet, lui, était uniquement placé dans le rayon féminin. Côté adulte, on remarque un surplus de publicités pour vendre des produits cosmétiques où il est quasiment obligatoire de montrer une femme nue… »
Ici, une pub pour un antalgique. Rien de plus banal et pourtant… En apposant l’autocollant, le collectif souhaite « dénoncer le stéréotype de la vie d’une femme : il y a le mariage et le prince charmant ». Là-bas, un buste de femme placé en plein milieu d’une cuisine. Le rapprochement est vite trouvé !
O., membre du collectif : « Je ne vois vraiment pas ce que fait un mannequin nu de femme dans cette vitrine, de surcroît dans une vitrine de cuisiniste. Pour moi cela reste la marque d’un trait sexiste qui évoque que la place de la femme serait forcément dans la cuisine. »
Entre les membres, des débats s’animent et se tiennent. Rien n’est tranché d’avance, la perception est parfois différente selon chacun-e. C’est aussi cela l’objet de la brigade : parler pour mieux comprendre et déjouer les mécanismes du sexisme. Malheureusement, on remarquera vite que de nombreuses affiches condamnables sont surtout positionnées à l’intérieur des magasins et donc impossible d’accès. Dernier exemple, cette dernière publicité presque anodine au premier abord (et c’est bien là le piège) ne passe pas inaperçue auprès du groupe. Comme un témoignage du phénomène d’hypersexualisation des enfants.
P., membre du collectif : « L’image représente une petit fille qui a à peine 10 ans et qui est très maquillée. Une vrai Lolita. Avec ce maquillage, on voit plus une petite femme plutôt qu’une petite fille. »
« Femme au foyer, femme objet, femme sexuée ou stupide », la BAS compte dénoncer toutes ces campagnes de communication. A cause de son réseau tentaculaire où personne ne lui échappe, la pub reste un des vecteurs permettant le maintien d’un système patriarcal déjà en place. La Brigade AntiSexiste souhaite donc impulser une réflexion auprès du grand public sur ce qui nous est montré au quotidien et sur la représentation des femmes à travers le papier glacé des publicités. Et qui sait ? Pourquoi ne pas réveiller les consciences et imaginer un mouvement plus global afin d’inciter les publicitaires à revoir définitivement leurs copies ?
Podcast Le Mouv sur une brigade Antisexiste
Merci et bravo. Comme d’hab avec toi !
Merci Fabien @très vite !
Garde rouge.