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A partir d’archives et de témoignages, le passionnant ouvrage publié aux Editions Goater « Les femmes s’en vont en lutte » le démontre clairement : l‘histoire de Rennes a toujours été liée de près ou de loin à celle des mouvements féministes. Combien de lieux, de rues ou de places nous rappellent sans cesse ces luttes menées pour le droit des femmes, et ce parfois dans la clandestinité. Contraception, avortement, égalité salariale, émancipation. « Les mobilisations à Rennes ont été nombreuses et n’ont pas eu lieu qu’à Paris. L’institutionnalisation du féminisme qui démarre nationalement à partir du début des années 1980 était déjà observée à Rennes dès 1977-1978 » nous rappelle d’ailleurs Lydie Porée, co-autrice du livre (interview à lire chez nos ami-e-s de l’Imprimerie Nocturne).

Il était donc presque étonnant de s’apercevoir qu’aucune section locale d’ Osez le Féminisme !, association nationale fondée en 2009, ne soit encore implantée à Rennes. C’est dorénavant  chose faite et leur soirée de lancement se déroulera le 28 septembre, journée mondiale  pour le droit à l’avortement, au CRIJ, 4bis cours des alliées, à Rennes.

INTERVIEW :

ALTER1FO : Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est « Osez le féminisme ! » ? Son origine ? son but ?

L’association Osez le féminisme est née en 2009 suite à la réforme proposée par la Ministre de la santé Roselyne Bachelot qui prévoyait des coupes budgétaires pour le Planning familial. Nous disposons aujourd’hui de plus de 20 antennes réparties sur tout le territoire français et à l’étranger, ce qui nous permet d’avoir une présence médiatique régulière et de faire passer nos idées et d’avoir un impact sur les institutions et l’opinion publique.

Nous avons pour but d’œuvrer pour l’égalité femmes-hommes dans tous les domaines. C’est la raison pour laquelle nous sommes :

• progressistes : Nos analyses féministes nous mènent à penser, construire, interroger non pas seulement les droits des femmes mais l’ensemble de la société;
• universalistes : L’égalité des droits, la liberté de disposer de son corps, le droit de choisir sa sexualité sans être victime de discriminations, l’accès à l’éducation, au travail, à un salaire et à une retraite égaux, à des services publics de qualité sont des droits universels;
• a-partisanes : nous ne soutenons aucun parti politique mais nous voulons peser sur les partis, leurs programmes, les politiques publiques qu’ils mettent en place;
• laïques : nous pensons la séparation entre le pouvoir politique et religieux comme une condition indispensable pour l’émancipation des femmes;
• abolitionnistes : nous sommes pour l’abolition du système prostituteur qui est contraire à la dignité humaine et au droit à disposer de son corps;
• anti-racistes;
• anti-lgbt phobies.

► Vous venez de créer une antenne locale à Rennes, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

OLF fait partie des principales associations féministes françaises et l’on s’est rendues compte qu’une ville de la taille de Rennes ne disposait pas encore d’une antenne locale. Tout en ayant déjà un écosystème féministe très riche et fertile, il nous semblait qu’il manquait une association généraliste ouverte à un public large. Dans cette optique, nous souhaiterons créer des ponts avec d’autres associations féministes présentes sur le territoire. Le lancement de notre antenne aura lieu le mercredi 28 septembre à 20h30 à la Ligue de l’enseignement, 45 Rue du Capitaine Maignan à Rennes. A cette occasion plusieurs interventions sont prévues, sur l’IVG et sur nos projets à venir.

► Effectivement, l’avortement sera au centre de votre première réunion. Pourquoi avoir choisi ce thème et pouvez-vous nous citer une autre priorité ou combat que vous souhaitez mener durant cette année  2016/2017, année riche puisqu’il y aura les élections présidentielles et législatives…

Le choix pour notre soirée de lancement n’est pas un hasard car le 28 septembre est la journée mondiale du droit à l’IVG. Il s’agit d’une thématique très importante car elle cristallise beaucoup de tabous et de mauvaises informations. Lutter pour le droit à l’IVG signifie lutter pour la liberté des femmes, pour la liberté à disposer de son corps et à choisir sa vie. C’est une lutte encore très actuelle comme le démontrent les groupes qui remettent en cause ce droit et le sentiment de culpabilité sociale que l’on fait porter aux femmes qui décident d’avorter. En collaboration avec le Planning familial, nous avons donc décidé d’aborder ce sujet dans le but de fournir à la fois des informations pratiques et d’avoir un débat avec les participants.

En ce qui concerne nos projets futurs, nous entendons mener localement les campagnes nationales mais nous prévoyons aussi d’aborder la question des violences ordinaires et, à l’occasion des élections présidentielles, de décrypter les programmes des différents candidats.

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► La ville de Rennes semble être vigilante dans les luttes féministes. De nombreuses associations ou structures existent et sont très actives comme « Le Planning Familial »,  « le comité féminismes » , « Stop harcèlement de rue – Rennes » etc… Rennes est aussi l’une des rares grandes villes ayant pour maire  une femme. Quel état des lieux faites-vous de la place des femmes à Rennes ?

Avant de répondre à votre question, une précision : pour nous il est important de parler de femmes et non de la Femme. Nous sommes contraires à une vision essentialiste et nous considérons important de revendiquer la pluralité et la différence entre les femmes. Rennes est une ville historiquement liée aux luttes sociales et c’est aussi le cas sur la question féministe. Cependant, comme partout en France, il y a encore d’importants problèmes (tels que le harcèlement de rue ou les violences sexistes) qui nécessitent de continuer à lutter.  C’est sur ce terrain de lutte et de défense des droits des femmes que l’on espère pouvoir entamer une collaboration avec d’autres associations féministes.

► En parlant de collaboration, la polémique récente sur le Burkini a créé de nombreuses tensions⁽¹⁾⁽²⁾ et des dissensions sont apparues entre certaines associations et au sein même d’OLF. Comment avez-vous vécu cette période ?

Cela a été une période difficile, qui a mis en péril les droits des femmes et a libéré une parole sexiste et raciste. Ceux qui avant n’hésitaient pas à remettre en question certains droits des femmes se sont découverts féministes : la lutte féministe a été instrumentalisée pour en faire un outil de stigmatisation contre les femmes musulmanes.

De manière générale, nous sommes à la fois contre ceux qui imposent le voile aux femmes tout comme nous sommes contre ceux qui leur imposent de se déshabiller. Nous continuerons de soutenir avec force le droit des femmes à disposer de leur corps : c’est à elles et à elles seules que revient le droit de décider de comment s’habiller.

► Merci.

⁽¹⁾ 22/09/2016 – Libération : Le féminisme est-il trop blanc ?

⁽²⁾ 25/08/2016 – Le Figaro : Les féministes françaises divisées sur la question du burkini

+D’1FOS :

Lien FaceBook : https://www.facebook.com/events/1804386216461919/

Quand ? mercredi 28 septembre à 20:30 – 23:00

MISE A JOUR Où ?  : au CRIJ, 4bis cours des alliées à Rennes

Au local de la Ligue de l’enseignement 35 (45 rue du Capitaine Maignan, à Rennes)